Patrick Rambaud s'y connaît,
en matière de roman historique. La
Bataille, récit de la bataille d'Essling
où les troupes de Napoléon affrontèrent celles de l'Autriche,
lui valut en 1997 le grand prix du roman de l'Académie française
et le Goncourt. Cet ancien de la revue Actuel
s'est livré dans Le Monde
à un éloge de la littérature facile à lire,
sur le modèle de celle de Dumas. Pour Rambaud, il y a « deux
sortes de littérature, la littérature nombriliste et la littérature
de grand air ».
Le plus beau roman du temps
qui passe, c'est Le Vicomte
de Bragelonne. Les mousquetaires noirs de Monsieur de Tréville
ont habité mon enfance, avec Sherlock Holmes et Fantômas.
D'Artagnan, nous le connaissons, il est de la famille, un cousin efflanqué,
batailleur et fidèle à sa parole dans un siècle d'intrigues.
Il reste capitaine quand ses meilleurs amis ont réussi; il n'a
pas de titre, pas d'héritage, pas de fortune, rien que sa voix
forte et son inutile probité.
Trente ans ont passé sur l'amitié des mousquetaires, leurs
destins les éloignent, mais quand le hasard les rassemble ou qu'ils
s'affrontent, une ancienne affection resurgit. Dumas ne démontre
jamais, il montre. Il a raison. Cela suffit. A une réplique, à
un geste, à un mouvement de cape on a compris, et l'émotion
vient de l'action, sans discours, sans que la nostalgie engourdisse.
Patrick Rambaud
Extrait d'un article paru dans Le Monde
20 mai 1999
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