Titre
Le vicomte de Bragelonne. Dernier volume
de la trilogie comprenant également Les
trois mousquetaires et Vingt
ans après.
Année de publication
1847-1850
Genre
Roman
Collaborateur(s)
Auguste Maquet
Epoque du récit
1660-1673
Résumé
En 1660, d'Artagnan et Athos participent, chacun à sa façon,
à la restauration de Charles II sur le trône d'Angleterre.
L'année suivante commence en France le règne personnel de
Louis XIV, qui engage d'Artagnan dans sa lutte contre le surintendant
Fouquet.
Ce
dernier est manipulé par Aramis, devenu évêque de
Vannes et général des Jésuites, qui a entraîné
Porthos dans ses aventures. Aramis ne vise à rien de moins qu'à
devenir le maître de la France et de l'Eglise. Lui et Porthos enlèvent
Louis XIV et le remplacent par son frère jumeau, Philippe, qui
jusque-là était détenu secrètement à
la Bastille. La magnanimité de Fouquet fait échouer le complot.
D'Artagnan conduit Philippe à sa nouvelle prison (où le
frère du roi deviendra l'homme au masque de fer) puis arrête
Fouquet. L'armée royale prend d'assaut Belle-Ile, la forteresse
du surintendant, où se sont retranchés Aramis et Porthos.
Le second est tué, le premier parvient à s'enfuir et s'exile
en Espagne.
Entre-temps, Monsieur, frère cadet et «officiel» de
Louis XIV, a épousé Henriette d'Angleterre, sur de
Charles II. Autour de la jeune princesse, fraîchement arrivée
en France, s'est développée une cour bruissante d'intrigues
amoureuses. Louis XIV lui-même courtise quelque peu sa belle-sur
avant de séduire une des filles d'honneur d'Henriette: Mademoiselle
de La Vallière, la fiancée de Raoul de Bragelonne. Désespéré,
le jeune homme se fait tuer dans une expédition contre les Barbaresques,
et Athos ne lui survit pas. D'Artagnan, comme nul ne l'ignore, sera à
son tour tué lors de siège de Maastricht.
Analyse
A lui seul, Le vicomte de Bragelonne
est plus long que Les
trois mousquetaires et Vingt
ans après réunis. C'est qu'au milieu du «roman
historique» proprement dit se multiplient les chapitres d'«histoire
romancée». J'entends par là ceux où nous voyons
(soit directement, soit par les yeux de d'Artagnan ou de Raoul) des figurants
de prestige (ici, la famille royale, les courtisans, Fouquet, Colbert...)
dialoguer dans des scènes plus ou moins historiquement avérées.
Il est vrai que dans ce domaine, Dumas compte vraisemblablement beaucoup
sur Maquet! Et, le prologue britannique mis à part, l'action ne
décolle réellement qu'à moitié chemin, comme
si c'était seulement alors que Dumas retrouvait le temps de s'occuper
pleinement du Vicomte.
On
s'en plaindrait, si cette façon de raconter n'était parfaitement
adaptée à ce qu'elle raconte: la destruction de l'univers
des mousquetaires, rattrapé par l'Histoire avec une grande hache.
Au soleil de Louis XIV, l'époque dont rêvaient les romantiques
est bien finie, et le cadre qui avait permis les aventures des deux premiers
épisodes a disparu. Avec cette période s'est aussi envolée
la jeunesse des quatre héros, et le lecteur en ressentira parfois
la nostalgie aussi cruellement qu'eux-mêmes. Il n'y a plus de super-vilain,
de Milady ou de Mordaunt à affronter, mais des intrigants de cour.
Plus généralement, il n'y a plus de grande cause qui permettrait
au quatuor de se rassembler. La preuve: bien que le souvenir des «quatre
fameux», comme dit Louis XIV, soit partout présent, ils se
rencontrent et s'entraident par deux ou par trois, mais il n'y a pas une
seule scène où on les voie tous les quatre ensemble! Notons
que dans cette situation, il entre pour beaucoup de la faute d'Aramis,
devenu un Jésuite mégalomane qui par moments ne déparerait
pas dans Le Juif errant (publié
en 1844-1845) d'Eugène Sue.
Et la relève des générations ne sera pas assurée,
puisque Raoul, personnage du reste un peu pénible à force
d'être parfait, est mort lui aussi (dans un roman historique écrit
aujourd'hui, ils partiraient en Amérique pour vivre de nouvelles
aventures...).
Il a dû falloir un certain courage à Dumas pour enterrer
ainsi, non seulement les héros où il avait tant mis de lui-même,
mais tout leur univers. Au moins leur offre-t-il des funérailles
gigantesques (les morts de Porthos, Athos, d'Artagnan, atteignent une
grandeur mythologique), où apparaissent une bonne partie des personnalités
qui feront le Grand Siècle. Mention spéciale à Molière
et à La Fontaine!
Le vicomte de Bragelonne a été
porté au théâtre par Dumas sous le titre Le
prisonnier de la Bastille, fin des mousquetaires.
Vincent Mollet
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