Correspondances - Deux cents lettres pour un bicentenaire (n°29) Vous êtes ici : Accueil > La Société > Les Cahiers Dumas
Page précédente | Imprimer
Avant-propos

Afin de célébrer le bicentenaire de la naissance de l’écrivain, les Cahiers Dumas ont choisi de faire entendre ses multiples paroles, paroles intimes et paroles publiques, en imprimant symboliquement deux cents de ses lettres, sélectionnées par le Comité de rédaction.

Cette publication doit être aussi considérée comme un regret ou une protestation : de même que Diogène s’efforçait de découvrir un homme avec sa lanterne, les Amis d’Alexandre Dumas recherchent l’éditeur assez courageux pour entreprendre l’édition de la Correspondance générale de l’écrivain, qui seule permettait de balayer les mille et une idées reçues qui, à son propos, se sont constituées en légendes tenaces, réductrices, voire absurdes, car le Dumas généralement autorisé relève plus des billevesées colportées par les petits journaux, des attaques fielleuses de pamphlétaires envieux ou de jugements définitifs d’ignorantins qui jouent les doctes.

Certes, un certain nombre de ses lettres, relatives à la composition et à la réception de ses œuvres, à des tranches de sa vie, quelques-unes de ses correspondances avec ses maîtresses ou son fils, avec des amis illustres, ont été publiées, ainsi que les lettres conservées dans certains fonds, ces publications utiles et dispersées ne représentent qu’une infime partie de ce qui a été rassemblé, ou pourrait l’être.

Ces Cahiers se voudraient le premier chantier d’une grande entreprise.

Ils recueillent des lettres, éditées ou inédites, issues des collections publiques : Bibliothèque Nationale de France (n.a.fr. 14 669, 24 641, 11917), Bibliothèque de l’Arsenal ; Société des amis d’Alexandre Dumas et Bibliothèque de l’Institut (fonds Spoelberch de Lovenjoul) et des collections privées.

Cependant l’un des traits les plus originaux d’A. Dumas, c’est que, jouissant d’une immense popularité, il a presque constamment utilisé la presse, et ses propres journaux, comme support de ses correspondances privée et publique ; aussi la collecte de ses lettres passe obligatoirement par un dépouillement minutieux des périodiques de son temps, sans oublier les quotidiens judiciaires (Le Droit, Gazette des tribunaux) dont le compte rendu des nombreux procès, intentés par lui ou contre lui, cite ou reproduit, à charge ou décharge, de nombreuses lettres de l’écrivain.

Telle quelle, cette anthologie — subjective, puisqu’elle dépend des intérêts et des goûts de ceux qui l’ont composée — s’est proposée de restituer la dimension multiple d’Alexandre Dumas, à travers l’hétérogénéité des destinataires : lettres intimes à sa mère, à ses enfants, Alexandre et Marie, et à quelques maîtresses, lettres à ses amis Victor Hugo, Gérard de Nerval, Jules Michelet, Franz Liszt, George Sand, lettres de travail à Auguste Maquet, lettres d’affaires aux directeurs de théâtres ou aux gérants des journaux, lettres politiques à Louis-Philippe, Garibaldi ou Napoléon III, etc...

Toute anthologie, certes, porte dans son principe une tare congénitale : elle souffre de discontinuité, et tout effort pour réduire la solution de continuité, par des textes de liaison, se ferait aux dépens de l’écrit de Dumas lui-même ou aurait doublé le volume, déjà considérable, de cette livraison.

À l’heure où le créateur des mythes littéraires que sont Les Trois Mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo entre au Panthéon, nous souhaitons que ces deux cents lettres permettent de jeter sur lui, et à travers lui sur tout le mouvement artistique de son temps, un regard neuf et éclairant.

Claude Schopp

Commander ce cahier
© Société des Amis d'Alexandre Dumas - 1998-2008 Haut de page
Page précédente