La signature du décret Vous êtes ici : Accueil > Accueil > Panthéon
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Le Président de la République a signé le mardi 26 mars 2002 le décret de transfert au Panthéon des cendres d'Alexandre Dumas. La cérémonie s'est déroulée à l'Elysée, en présence d'une vingtaine d'invités dont Helène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie française. La Société des amis d'Alexandre Dumas était représentée par Alain Decaux, président d'honneur, et Didier Decoin, président, ainsi que par les membres du conseil d'administration. A cette occasion, Jacques Chirac a prononcé l'allocution suivante :

« Madame le Secrétaire Perpétuel, Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs,

L'année 2002 rapproche, une fois encore, deux géants de notre histoire littéraire, deux figures de l'histoire de France : Victor Hugo et Alexandre Dumas.

Nul rapprochement ne pouvait être plus heureux tant l'un et l'autre étaient liés par une forte et belle amitié, parfois houleuse…, forgée dans les batailles du romantisme. Tant l'un et l'autre se vouaient une admiration indéfectible pour leurs écrits. Tant l'un et l'autre se sont engagés avec courage, avec détermination et panache dans les combats pour l'idéal républicain.

Pourtant, le destin des deux amis a suivi avec le temps des routes bien différentes.

D'emblée, la France a reconnu Victor Hugo comme un génie, lui accordant des funérailles nationales et l'entrée au Panthéon.

A l'inverse, au coeur de l'hiver 1870, année de la terrible guerre franco-prussienne et du siège de Paris, Alexandre Dumas s'en est allé doucement, dans l'indigence et la quasi indifférence. « C'est à peine si l'on s'est aperçu de son départ » écrivait alors L'Illustration.

Victor Hugo lui-même, Victor Hugo qui gardera toujours l'émotion de ce visage ami, baigné de larmes, resté sur le quai au moment de son départ pour Londres, raconte avec consternation qu'il apprit la mort de son cher Dumas par des journaux… allemands.

Comme vous l'avez si bien écrit, cher Didier Decoin : « Hugo fut sacré alors que Dumas ne fut que consacré ».

Et pourtant, l'un et l'autre ont enflammé l'âme et l'imagination par la puissance de l'inspiration et par la magie du verbe. L'un et l'autre ont marqué de l'empreinte puissante de leur œuvre et de leurs personnages toute notre littérature. L'un et l'autre ont porté au plus loin et au plus haut notre langue, cette langue française dont ils furent deux des plus illustres serviteurs. Tous deux ont fait de la République un engagement et de leur œuvre un projet politique : éducation pour tous et liberté pour chacun.

Aussi, quand Didier Decoin, en sa qualité de Président de la Société des Amis d'Alexandre Dumas, est venu me faire part, avec espoir mais plus encore avec ferveur et passion, de son idée de faire entrer Alexandre Dumas au Panthéon l'année du bicentenaire de sa naissance, ai-je tout de suite adhéré à cette belle et généreuse idée. Et je me réjouis du mouvement général d'approbation qui l'a accompagnée, bien au-delà de la seule « République des Lettres ». Car outre l'Académie française elle-même, Chère Hélène Carrère d'Encausse, qui a tout de suite manifesté son accord et sa pleine adhésion à cette idée, je me suis beaucoup réjouis de constater ces derniers mois que, en France comme à l'étranger, cette initiative suscitait un enthousiasme à la hauteur de la place que Dumas occupe dans nos coeurs.

Assurément, Alexandre Dumas était le plus populaire des romantiques. Il reste à ce jour le plus lu des écrivains français dans le monde. L'auteur de Monte-Cristo, des Trois Mousquetaires et de la Reine Margot a inspiré bien des cinéastes, et ses personnages bien des acteurs.

Il était donc juste que notre pays lui manifeste sa reconnaissance et je dirai aussi tout simplement son affection. Voilà pourquoi j'ai décidé le transfert de ses cendres au Panthéon, où il retrouvera son ami, son presque frère, Victor Hugo, qui écrivit à son sujet : « Le nom d'Alexandre Dumas est plus que français, il est européen ; il est plus qu'européen, il est universel. Alexandre Dumas est un de ces hommes qu'on pourrait appeler les semeurs de civilisations… Ce qu'il sème, c'est l'idée française - cette idée française qui contient une quantité d'humanité telle que, partout où elle pénètre, elle produit le progrès ». Cela c'est Victor Hugo.

Au moment où je vais signer le décret décidant le transfert des cendres de ce génie des Lettres et de cet amoureux de la vie, j'ai souhaité naturellement associer la Société des Amis d'Alexandre Dumas et son Président d'honneur, Alain Decaux, dont on connaît la passion qui l'anime pour cet immense auteur et que je remercie.

Nous nous retrouverons à l'automne dans un grand élan national, j'en suis convaincu, pour la cérémonie d'entrée d'Alexandre Dumas au Panthéon.

Par ce geste, la République donnera toute sa place à l'un de ses enfants les plus turbulents et les plus talentueux, à l'un de ses génies les plus féconds dont toute la vie fut au service de notre idéal républicain. »
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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