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Titre Gabriel Lambert

Année de publication 1866

Genre Théâtre

Collaborateur(s) - Amédée de Jallais

Epoque du récit époque de Charles X

Résumé Grandi à la ferme paternelle, en Bretagne, mais monté à Paris où il est devenu graveur, Gabriel Lambert a été rappelé par son père devenu âgé. Malgré l'amour que lui porte sa cousine Louise, il vit mal sa condition de paysan et ne rêve que de la capitale (Prologue). Quelques années plus tard, sous l'identité usurpée du vicomte de Faverne, il retrouve une amie d'enfance, Diane, fille d'un meunier enrichi et devenu baron. Dénoncé comme faussaire, il se bat en duel et tombe, blessé grièvement (Acte I). Il est soigné chez le docteur Fabien. Louise, venue à Paris avec l'enfant qu'elle a eu de Gabriel, retrouve sa trace (Acte II). Sur les instances de son père et de Louise, Gabriel est prêt à renoncer à sa vie de faussaire. Mais une lettre de Diane qui l'aime également remet tout en question. Au moment de s'enfuir avec elle, il est arrêté (Acte III). Condamné à mort comme faux monnayeur, Gabriel voit sa peine commuée en prison à vie. Le docteur fait croire à Diane qu'il est mort (Acte IV). Après cinq ans de bagne, dans un sursaut de dignité, il se suicide (Acte V).

Analyse D'un court roman à quatre voix (le narrateur, Fabien, Marie devenue Louise dans la pièce, et un compagnon de bagne de Gabriel) Dumas tire avec la collaboration d'Amédée de Jallais un long drame en cinq actes et un prologue plus ou moins bien agencés. Cela n'a pas été sans mal, le personnage principal, veule et pusillanime, ne pouvant réellement porter la pièce. Cependant, à la lecture du scénario que lui amène Jallais, Dumas accepte et se met à l'œuvre. Un moyen pour l'abolitionniste qui ne sommeille pas de revenir sur la question de la peine de mort - nous sommes au moment dans la pièce où Charles X pense à la supprimer en ce qui concerne les faux-monnayeurs - et celle de l'expiation, comme dans Le Vingt-quatre février, La Conscience ou Le Comte Hermann, des drames qui s'essayaient en même temps à une esthétique post-romantique, renouvelée du théâtre "bourgeois" ou "moral" du XVIIIème siècle de Diderot ou d'Iffland. On retrouve ici par exemple l'une de ces scènes de malédiction paternelle que Diderot affectionnait, au théâtre ou dans les tableaux de Greuze. Mais la "morale" qui se dégage de l'ensemble est moins bourgeoise que paysanne, un tantinet réactionnaire même : la vie parisienne est clouée au pilori, les mœurs de la campagne sont célébrées au contraire de manière bucolique, Paris, c'est l'enfer, et la Bretagne, côté landes ou côté mer, une sorte d'Eden. Desservie par l'absence de véritable grand rôle dramatique, et par une structure qui finit par s'étioler (un prologue interminable, et cinq actes de plus en plus courts), la pièce, créée à l'Ambigu-Comique le16 mars 1866, boudée par le public, n'eut que 23 représentations. Elle fut reprise deux ans plus tard avec un succès d'estime au Théâtre Beaumarchais, sous le titre Gabriel le Faussaire. C'est sous son titre d'origine, cependant, qu'elle fut publiée, l'année même de sa création, chez Michel Lévy, puis dans le Théâtre Complet en 25 volumes. Un troisième titre, Le bagnard de l'Opéra, est parfois donné au roman, comme ce fut le cas récemment pour une réédition scolaire chez Magnard. Amédée Fontréaux de Jallais était un vaudevilliste connu à l'époque, c'est sa seule collaboration avec Dumas.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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