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Titre Parisiens et provinciaux

Année de publication 1864 dans La Presse et 1867 en volume

Genre Roman

Collaborateur(s) Gaspard de Cherville

Epoque du récit 1846

Résumé M. Peluche et M. Madeleine sont deux commerçants de Paris se connaissant depuis l'école mais de caractères complètement différents. Autant Peluche est obnubilé par la prospérité de son commerce de fleurs artificielles, autant Madeleine prend du bon temps et dépense le peu d'argent qu'il a.

Aussi, quand il hérite d'une coquette somme, il décide de partir vivre à la campagne dans les environs de Villers-Cotterêts. Peluche ne doute pas que tôt ou tard son ami va revenir avec des regrets de ne pas avoir placé son argent. Mais au lieu de cela il reçoit régulièrement de beaux légumes, de belles pièces de gibier et le doute s'immisce en lui. Et si Madeleine avait eu raison?

Le gain à la loterie d'un magnifique fusil lui donne le prétexte de se rendre chez son ami pour chasser. Il part donc avec sa fille Camille et voyage avec un beau jeune homme, Monsieur Henri, qui ne laisse pas insensible la belle jeune fille... Or, il se trouve que Monsieur Henri est comte de Noroy et filleul de Madeleine. Celui-ci verrait d'un bon œil un mariage, mais Peluche ne veut pas en entendre parler. Cependant, sa maladresse à la chasse manque lui coûter la vie et il devient redevable à Madeleine, qui grâce à cela obtient de lui la promesse d'un mariage entre Camille et Henri, les rendant ainsi fous de joie. Mais c'est sans compter le fiel de Madame Peluche, qui, outragée que son mari ait pu prendre une telle décision sans son assentiment, lui fait valoir qu'Henri est en fait un bâtard et que l'on ne sait trop d'où vient sa fortune...

Les circonstances vont malheureusement lui donner raison puisque, au moment de la signature du contrat de mariage, arrive de Montevideo le légitime comte de Noroy, frère reconnu d'Henri, qui vient prendre possession du bien légué par son père. Il a en effet grand besoin d'argent pour financer la guerre que son pays mène contre un dictateur argentin. Voilà Henri ruiné. Il ne saurait donc plus être question du mariage, d'autant que Henri, n'écoutant que son cœur, cède à son frère la totalité de son héritage bien que celui-ci n'en réclame que la moitié.

Le domaine est donc mis en vente par lots et Madeleine rachète en souvenir un terrain giboyeux. Un jour, à l'occasion d'une chasse, il découvre grâce au chien Figaro une excavation qui n'est autre qu'une magnifique carrière de belles pierres. Dès lors, il met tout en oeuvre pour que l'exploitation de cette carrière soit la plus fructueuse possible afin de doter son filleul. C'est chose faite six mois plus tard. Il invite alors Peluche et sa fille à l'ouverture de la chasse et en profite pour marier Camille et Henri, dans la joie et la bonne humeur.

Analyse Avec ce roman, nous avons une charmante illustration de la «la supériorité des parisiens, voire leur mépris à l'encontre des provinciaux», que certains trouveront toujours d'actualité d'ailleurs. Pour résumer, les parisiens auraient «le monopole des joies de l'intelligence» alors que les provinciaux bénéficieraient des «matérielles jouissances de la bonne chère»...

Avec beaucoup d'humour et d'épisodes assez cocasses, Dumas nous propose donc la découverte des joies de la campagne et de la chasse par un petit commerçant bourgeois orgueilleux et vaniteux, qui se sent véritablement humilié par le bonheur de la vie provinciale que mène son ami M. Madeleine... Mais quand il se retrouve sur le terrain des provinciaux, c'est lui qui est tourné en ridicule, sans même qu'il s'en rende compte d'ailleurs, toujours persuadé de sa supériorité. L'auteur règlerait-il un petit compte personnel, lui le provincial qui a eu du mal à se faire une place dans le milieu parisien (avant d'en devenir le roi!)?

Parallèlement à cette opposition entre la vie parisienne et provinciale, nous assistons à une histoire d'amour semée d'embûches entre deux jeunes gens:

- le père ne veut pas entendre parler d'un mari aristocrate pour sa fille.

- la femme de Peluche est en fait la belle-mère de Camille et voit d'un mauvais œil ce mariage. Jalouse de beauté de sa belle-fille, elle se rend compte en plus que son mari préfère le bonheur de sa fille à elle. De plus, Madeleine lui fait perdre l'emprise qu'elle a sur son mari, ce qui la remplit de haine.

- la perte de fortune liée au retour du comte de Noroy légitime condamne le mariage du point de vue de Peluche (Camille quant à elle est indifférente à la position sociale et ne rêve que d'amour). Même si cette découverte d'un frère pour Henri cause la ruine de ses finances et de sa vie sentimentale, les relations entre les deux frères sont tout à fait cordiales. Le lien du sang parle, la même délicatesse de sentiments existe chez les deux jeunes gens et ils se découvrent de nombreuses affinités, notamment un père que l'un a connu et l'autre non.

Mais heureusement, le miracle tant attendu a lieu (la découverte d'une magnifique carrière) et grâce au sens du commerce de Madeleine (finalement être commerçant a aussi son intérêt) tout est bien qui finit bien! Le bon sens paysan l'emporte sur les préjugés bourgeois.

Comme on peut le voir, tous les éléments sont réunis pour que ce roman soit divertissant et intéressant à de nombreux points de vue.

Même si cela ne transparaît pas vraiment dans le résumé ci-dessus, le chien Figaro a une certaine importance dans cette histoire. Il est à noter que ses caractéristiques ont été empruntées au chien Pritchard de Histoire de mes bêtes.

Enfin, pour information, concernant la guerre entre Montevideo et Buenos Aires, il existe un texte de Dumas appelé Montevideo ou une nouvelle Troie paru en 1850 dans lequel sont développés les événements abordés dans Parisiens et Provinciaux.

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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