Titre Le Midi de la France ou Nouvelles impressions de voyage: le Midi de la France

Année de publication 1841

Genre Récit de voyage

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1834

Résumé Le 15 octobre 1834, Alexandre Dumas quitte Paris en compagnie de Godefroy Jadin, paysagiste de talent, et de Mylord, bull-terrier britannique, farouche ennemi de la gente féline et adversaire intrépide des bêtes féroces de tous poils. Leur route doit les conduire dans le Midi de la France puis en Italie. L'itinéraire est assez simple: droit vers le sud, en direction de Marseille. Les étapes sont autant de prétextes à des discours sur l'histoire, l'art et l'architecture, l'ethnologie, les curiosités locales, agrémentés de récits plus ou moins folkloriques.

Les principales escales sont les suivantes: Fontainebleau, théâtre d'événements historiques variés et royaux; Cosne; La Charité; le château de Bourbon-l'Archambault où mourut Mme de Montespan; Moulins; Lyon qui vit l'exécution de Cinq-Mars et de Thou; Vienne; Saint-Péray; Valence où Napoléon passa une partie de sa jeunesse; Montélimar; Orange et ses vestiges romains; le méandre du Rhône où Hannibal fit traverser ses éléphants; Avignon où fut assassiné le maréchal Brune, parrain et presque second père de Dumas; la fontaine du Vaucluse à Ile; Villeneuve-lez-Avignon et le Pont du Gard; Nîmes et son boulanger poète; Aigues-Mortes et le souvenir de Saint-Louis; Nîmes à nouveau où Dumas et Jadin assistent à la Ferrade au cours de laquelle Mylord affronte un taureau au cœur des arènes antiques; Beaucaire; Tarascon et la légende de sainte Marthe libérant la ville de la Tarasque; Arles, ville antique moribonde; les Baux, encore plus morte, où Dumas connaît un regain de sentiment mystique; Sainte-Marie en Camargue; la ville fantôme de Bouc dans la Crau; enfin Marseille et le récit burlesque de la chasse au chastre qui clôture la première partie du voyage.

Analyse La passion de Dumas pour les voyages n'est plus à démontrer. Il en a fait de nombreux et de forts lointains tout au long de sa vie, et les passionnantes Impressions de voyage qu'il en a tirées font partie de ses œuvres les plus intéressantes et les plus vivantes. Le Midi de la France est la première partie du périple vers l'Italie qui sera plus particulièrement décrit dans Une année à Florence, Le Speronare et Le capitaine Aréna.

Ces carnets de voyage, écrits au fil des étapes puis remaniés pour être édités, nous plongent dans l'esprit et l'âme de l'auteur. Dumas y insère tout un flot d'éléments divers, tant historiques qu'ethnologiques, sociologiques, artistiques ou géographiques. Si parfois les longs exposés historiques, très documentés, peuvent paraître ennuyeux ou du moins trop développés, les descriptions des pays et des gens qui y vivent sont à la fois très vivantes et instructives.

La visite de la ville des Baux-de-Provence est particulièrement touchante et même étonnante pour un lecteur du XXIe siècle pour qui la Provence est une destination de rêve: Dumas assiste à l'enterrement d'une fillette dans une église délabrée et visite une ville à demi morte, habitée par des êtres fantomatiques, mais où la présence de Dieu se fait sentir avec une acuité singulière.

Ces villes au passé prestigieux apparaissent comme endormies, ensevelies sous la poussière des siècles. Reste l'engouement des gens et la belle nature des hommes et des femmes qui vivent sous le chaud soleil. Derrière le rideau un peu fané, se cachent des natures truculentes et des esprits pittoresques. Les rodomontades fusent; les Nîmois s'exaltent pour les combats de taureaux; un aubergiste de la Crau fait visiter la ville de Bouc qui n'a pourtant jamais été construite; et un chasseur marseillais aussi têtu que saugrenu poursuit un malheureux chastre jusqu'aux confins de l'Italie.

Delphine Dubois