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Titre La chasse au chastre

Année de publication 1841

Genre Nouvelle

Collaborateur(s) -

Epoque du récit Début du XIXème siècle

Résumé Dans cette histoire, les Marseillais sont l'objet des railleries amusées de Dumas. Pour le plus grand plaisir de l'auteur, son ami Joseph Méri, également écrivain, prie un illustre chasseur marseillais de leur faire le récit de sa plus fantastique équipée.

Les Marseillais passent de longues heures, dissimulés dans une cache surmontée d'une cimaise, à attendre des oiseaux... qui ne séjournent que bien rarement dans cette région. Ainsi, bien installé, le héros de notre histoire, M. Louët, voit un jour arriver un chastre, l'oiseau de ses rêves, sur lequel il tire. L'oiseau s'envole, mais le chasseur est persuadé qu'il l'a touché. Il se met donc à sa poursuite... et le chastre l'entraîne bien loin. Pendant des jours, le chasseur ne cesse de pourchasser son oiseau, s'éloignant de plus en plus de Marseille, où il est basse dans l'orchestre municipal. L'oiseau, moqueur malgré lui, entraîne le héros dans toutes sortes d'aventures cocasses, où l'esprit provençal est présenté sous son meilleur jour!

Après quelques jours d'une poursuite aussi longue qu'inutile, M. Louët décide de prendre le bateau pour retourner plus vite à Marseille. Bien sûr, le bateau se trouve bientôt pris entre une bataille navale et une tempête! On débarque finalement M. Louët quelque part en Italie. Le voilà contraint d'utiliser les services d'un voiturier, avec quelques voyageurs, pour se rendre jusqu'à Florence.

En chemin, nouveau drame, la voiture est attaquée... et M. Louët apprend avec stupeur que c'est lui qui est visé! En effet, le chef d'une bande de voleurs a besoin d'une basse, pour permettre à sa nouvelle amie de danser pour lui. Le bon M. Louët, mort de peur, apprend de la danseuse française qu'elle est aussi prisonnière et que son fiancé, hussard, est à sa recherche. Les bandits découvrent qu'ils sont suivis et fuient, emportant le pauvre M. Louët sur un cheval. La danseuse laissant des traces de son passage, le hussard parviendra à retrouver les bandits dans leur repaire et à délivrer danseuse et musicien.

M. Louët suit son sauveur jusqu'à Rome. Tout heureux de découvrir cette ville, le brave chasseur y passera vingt ans, employé comme quatrième basse dans l'orchestre de la ville. Voilà jusqu'où peut mener une chasse marseillaise!

Analyse Plus qu'une nouvelle, moins qu'un roman, La chasse au chastre, parue dans La Presse, est en fait un très long récit dans lequel Dumas se moque des Marseillais et de leur prodigieux talent pour l'exagération, comme l'ont fait bien d'autres auteurs. Mais il le fait avec un talent égal à celui des Marseillais eux-mêmes! C'est une belle histoire de chasse, qui anticipe celles, tout aussi amusantes, que vivra un jour Tartarin de Tarascon.

L'histoire de M. Louët est tout à fait aberrante, absolument pas crédible et surtout, ne lui fait pas du tout honneur. On ne doute pas, pourtant, que ce ne soit ainsi qu'il l'ait racontée et qu'elle se soit déroulée... dans son imagination! Dumas parvient très bien à nous montrer à quel point M. Louët, imbu de lui-même, ne réalise pas combien il est ridicule! Il nous raconte les souvenirs du chasseur, par écrit, comme il le ferait à haute voix, ne ménageant pas ses effets et accentuant de son mieux les aspects les plus burlesques. En lisant La chasse au chastre, on a l'impression que Dumas est devant nous, à nous raconter son histoire; on doit parfois se retenir pour ne pas interrompre le narrateur...

Quand on mélange l'incroyable babil des Marseillais à la verve ironique de Dumas, on se retrouve avec un résultat très amusant. L'absurdité de la chasse atteint un tel comique qu'elle en devient réellement plaisante. A lire idéalement sous un magnifique soleil méridional!

Ce texte, enfin, a fait l'objet d'une version théâtrale.

Marie Douville

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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