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Titre La princesse Flora ou La frégate L'Espérance

Année de publication 1859

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1829-1831

Résumé La jeune et jolie Flora, épouse du prince Pierre, vit à Saint-Pétersbourg. Un jour, à bord de la frégate L'Espérance, elle rencontre le capitaine du vaisseau, Pravdine, et tombe sous son charme. Le capitaine, alors, devient fou, selon les commentaires de son second et ami Nil-Pavlovitch: il est amoureux et néglige sa frégate. Il préfère assiéger la princesse. Celle-ci repousse de son mieux, bien que fort coquettement, les avances du capitaine.

Enfin, un jour, Flora avoue sa passion au fougueux Pravdine, mais continue de résister à ses avances. Il use donc d'un subterfuge pour la forcer: il lui annonce son départ pour une mission de trois ans. La princesse abdique, puis convainc son mari de s'embarquer avec elle sur la frégate afin de se rendre en Angleterre. Le voyage dure quelques semaines, que les amants passent, le plus souvent, enfermés chez le capitaine, tandis que l'innocent Prince Pierre demeure avec les officiers...

Hélas, il faut un jour se séparer. La princesse débarque d'abord, pour prendre quelques jours de repos, puis la frégate conduit le mari un peu plus loin, où il est attendu. Le navire revient ensuite sur sa route et, au soir, voyant poindre au loin le village où est descendue la princesse, le capitaine décide de la rejoindre une dernière fois. Une terrible tempête s'annonce et le second implore son capitaine de ne pas quitter le navire. Mais Pravdine est ensorcelé: il rejoint la princesse et passe la nuit avec elle.

Au matin, la voix du prince Pierre éveille les amants! Froidement, refusant le duel indigne proposé par le capitaine, Pierre renie son épouse. Pravdine regarde alors par la fenêtre et voit sa frégate en perdition. Le devoir triomphe: il rejoint son bateau, promettant à Flora de la retrouver en Italie. Mais la tempête n'a pas fini de faire souffrir... Des matelots meurent, le capitaine est grièvement blessé. Alors qu'il est soigné par le médecin, son ami Nil-Pavlovitch lui pardonne. Pravdine écrit alors une dernière lettre à Flora et meurt, de suicide, de souffrances ou de chagrin, on ne sait. Flora meurt peu après, de peine vraisemblablement.

Analyse Ce roman, comme c'est le cas pour Jane, Sultanetta ou La boule de neige, est adapté, tout en demeurant très fidèle, d'un texte écrit par l'auteur russe Alexandre Bestoujev, dit Marlinsky, en 1832. L'histoire se déroule donc en Russie et toutes les pages dégagent cette odeur particulière que l'on retrouve dans nombre d'écrits de ce pays, tous empreints d'un patriotisme à nul autre pareil. Ainsi peut-on lire cette déclaration enthousiaste:

«Ces brouillards ont été mes langes, ces pluies, mon lait nourricier; ces âpres sapins ont été les joujoux de mon enfance. Je suis devenu homme en respirant l'air où flottaient les atomes de mes aïeux, et je les ai respirés dans les plantes:mon cœur et mes os sont pétris avec la terre russe. [...] La patrie, c'est la vivante portion de nous-mêmes; nous sommes son inaliénable propriété, nous lui appartenons moralement et matériellement!» (Chapitre III)

Le roman est construit principalement autour de lettres échangées, d'abord entre Flora et sa cousine, Sophie, qui habite à Moscou. Elle lui confie, dès le début, les mouvements de son cœur qui, s'ennuyant à Saint-Pétersbourg, se tourne vers Pravdine et s'ouvre à lui. On trouve ensuite des lettres adressées par Pravdine à son second, Nil, lorsque, abandonnant sa frégate, il s'attarde auprès de sa belle; il communique à son ami, sans pudeur, tous les soubresauts de sa passion.

Ces correspondances nous permettent donc de mieux saisir, de l'intérieur, l'évolution des sentiments des deux protagonistes, jusqu'au moment où ils deviennent amants; mais tous deux, bien sûr, écrivent... à la manière de Dumas, et on reconnaît aisément des thèmes dont il a déjà abondamment traité.

Le narrateur, avec sa familiarité habituelle, prend ailleurs le relais pour nous raconter l'histoire, saupoudrant le récit de tous ses commentaires philosophiques et, parfois, moralisateurs.

Une particularité de cette histoire: c'est la femme qui trompe allègrement son mari, alors qu'on rencontre plus souvent le contraire. Et non seulement elle le trompe, mais elle le fait sous son nez, à bord du bateau où ils se trouvent tous deux. L'aveuglement peut difficilement être plus complet, et la colère du mari, à la fin du roman, y perd en crédibilité.

Comme il s'agit là d'une de ces belles histoires d'amour au romantisme exacerbé, les grandes envolées lyriques sont légion. Si l'on apprécie de se plonger dans le contexte de l'époque et du lieu en lisant un roman, c'est avec le sourire qu'on parcourt ces lignes, comme on le fait d'un conte de fées. Si, par contre, on se veut farouchement de son temps et l'on préfère les situations concrètes aux longs états d'âme mélancoliques, il vaut mieux laisser de côté ce roman d'amour emberlificoté.

Marie Douville
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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