1870, l'entrée dans l'éternité, ultimes récits, dernières photographies (n°27) Vous êtes ici : Accueil > La Société > Les Cahiers Dumas
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Cinq décembre 1870 : Paris est assiégé depuis près de trois mois. Les Prussiens entrent à Rouen. La France accablée ignorera pendant plusieurs semaines la mort d'Alexandre Dumas, survenue non loin de là, à Puys, chez son fils. La première moitié de l'année 1870, marquée par un projet historique sur la révolution espagnole de 1868 et par un voyage de recherches à Madrid, avait gardé les apparences d'une période normale.

En route vers la capitale espagnole, début mars, Alexandre Dumas s'attarde quelques semaines à Bayonne et Saint-Jean-de-Luz. Il y est reçu avec curiosité et sympathie, une ode en basque lui est dédiée. Fin avril, il arrive à Madrid où les milieux littéraires et la presse lui réservent un accueil chaleureux. Le souvenir d'une ancienne lecture tempère toutefois les élans madrilènes : De Paris à Cadix, dont certaines descriptions de l'Espagne de 1846 ont durablement offensé ses hôtes.

Les derniers portraits connus de Dumas, des clichés réalisés par Jean Laurent, talentueux photographe français installé à Madrid, laissent présager que bientôt il ne sera plus réconforté par des fêtes en son honneur, que le temps des voyages est achevé.

Retour en France en juillet. Biarritz, Bagnères-de-Luchon, puis Paris où il parvient fin août. La France va de mal en pis. Le pays vient de subir une sévère défaite à Reichshoffen malgré la charge héroïque des cuirassiers et Napoléon III a dû abandonner le commandement des armées à Bazaine.

A peine cinq mois en Normandie, tous feux éteints, ou presque, puis c'est la fin. Tandis que sa sœur Marie s'abîme dans la dévotion, Alexandre Dumas fils révèle une surprenante élévation de sentiments, qui transparaît dans ses échanges épistolaires avec George Sand et Mélanie Waldor, l'amante des années de jeunesse du père.

Avant l'entrée dans l'éternité, prévoir encore quelques délais pour les formalités ! Même disparu, Alexandre Dumas n'échappera pas de sitôt au monde des créanciers auxquels il avait été si souvent confronté de son vivant. Un personnage tortueux entre alors en scène : l'ancien juge de paix Louis Charpillon, légataire universel. Il est chargé de mettre en musique ces partitions austères appelées testaments, inventaires après décès, traités. Depuis longtemps désactivés, ces documents restent une inappréciable source d'informations sur Dumas. Sur ses relations avec les éditeurs et avec ses collaborateurs, sur les œuvres d'art, le mobilier, les objets familiers dont il ne s'est jamais séparés. Sur Mme Abel, actrice au théâtre du Panthéon, à laquelle Dumas avait curieusement légué le 16 octobre 1834, la veille d'un duel qui devait l'opposer à Frédéric Gaillardet, « mille francs et mes cheveux ».

« Et le projet pour lequel mon père se rendit en Espagne », interroge Marie aux termes de l'un des actes ? Nul ne sait: le livre ne sera pas publié et le manuscrit semble à jamais perdu.

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