Le pasteur d'Ashbourn Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
Page précédente | Imprimer

Titre Le pasteur d'Ashbourn

Année de publication 1853

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1754-1850

Résumé Dès son plus jeune age, William Bemrode, fils de pasteur, rêve de produire un écrit qui le rendra célèbre. Mais la mort de son père le laisse dans le dénuement avec en plus une dette à rembourser envers un marchand de Nottingham. Il lui faut donc gagner sa vie et il choisit l'état de pasteur.

La cure d'Ashbourn étant devenue vacante, le recteur la met en jeu entre son neveu et William Bemrode. L'auteur du sermon le plus apprécié des villageois sera nommé pasteur. Comptant sur  la maladresse et la vanité de Bemrode, le recteur est contrarié de voir que celui-ci, oubliant pour une fois sa «supériorité» et influencé par le bon sens du chaudronnier qui l'héberge, improvise un sermon qui émeut aux larmes la population du village. Le recteur ne peut faire autrement que tenir sa promesse, bien que cela lui coûte.

Après quelques difficultés d'installation, le nouveau pasteur d'Ahsbourn fait connaissance avec son homologue du village voisin qui a une bien jolie fille, Jeannie, qu'il épouse rapidement.

Tout va bien jusqu'à ce que le recteur, toujours fâché, diminue ses émoluments puis transforme la cure en vicariat. De plus, M. Stiff, l'intendant du comte d'Alton, fait des avances à Jeannie qui les repousse avec dédain. Furieux, ce personnage parvenu et fat se venge en rachetant la dette du pasteur et en exigeant son paiement immédiat. Ne pouvant payer, Bemrode se retrouve en prison, dont il sort grâce au chaudronnier qui acquitte la dette. 

A l'aide de l'intervention du frère de son ami le docteur Pétrus Barlow, il obtient la cure de Watson, un petit village du pays de Galles, à laquelle se rattache une malédiction de jumeaux fratricides annoncée par une dame grise...

Bouleversé par cette malédiction, il n'a de cesse d'essayer de conjurer l'apparition de ce fantôme. Son tourment augmente encore lorsque sa femme lui annonce qu'elle est enceinte et qu'elle accouche de... jumeaux! Peu après, il découvre un manuscrit écrit par cette dame grise dans lequel sont racontées les souffrances qu'elle a vécues par la faute de jumeaux. La terreur du pauvre pasteur arrive à son paroxysme lorsqu'il voit à son tour la dame grise...

Analyse Et alors, qu'arrive-t-il aux enfants, me direz vous? Eh bien je n'en sais rien, pas plus que l'auteur d'ailleurs d'après ce qu'il dit dans la dernière phrase du livre: «...que l'on me permette de ne reprendre le récit qu'au moment où je pourrai faire connaître l'histoire des enfants comme j'ai fait connaître celle de leurs parents...».

Le roman que nous propose Dumas est un peu décousu dans sa construction. En effet, la première partie est formée de lettres envoyées par la pasteur à son ami Pétrus Barlow (dont on apprend d'ailleurs par la suite qu'il ne les a jamais lues faute de temps). Ensuite c'est sous forme de journal que le pasteur nous fait partager sa terreur envers cette malédiction. Et enfin, dans l'épilogue, Dumas prend la parole pour nous raconter comment il est tombé sur ce manuscrit, en Angleterre, et comment il était très dépité de ne pas connaître la fin de l'histoire. Est-ce par taquinerie qu'il nous fait subir la même chose?

D'après Franck Wild Reed, il semblerait en fait que cette histoire soit inspirée pour une grande part d'un conte allemand d'Auguste Lafontaine, Nouveaux tableaux de famille ou la vie d'un pauvre ministre de village et de ses enfants.

Au contraire de Jeannie qui est très attachante par sa simplicité et son bon sens, le personnage du pasteur d'Ashbourn ne nous apparaît finalement pas très sympathique: gonflé d'orgueil, de condescendance envers ses inférieurs, il perd tous ses moyens quand il est face à des supérieurs. Il ne sait pas reconnaître dans le chaudronnier un ami alors qu'il se targue de bien connaître le docteur Barlow, qui n'a jamais trouvé le temps de lire une de ses lettres... Il faut dire que l'un était «estimable» alors que l'autre beaucoup moins. Bien plus peureux qu'une servante, il explique cela par sa supériorité intellectuelle.

Le fil conducteur de sa vie, c'est l'écriture d'une grande oeuvre qui ferait reconnaître son talent au monde entier. Mais chaque fois, il n'écrit que le titre, qui va de la tragédie antique à l'essai pour finir au mythe du juif errant.

A ce propos, on note dans le roman des références, des réflexions, des explications sur les différents types d'écrits qu'il veut aborder, qui alourdissent le récit. Si bien que ce roman est souvent lent, même s'il est parfois prenant. Ce qui n'empêche pas qu'on aimerait bien connaître la fin, histoire de n'avoir pas tout perdu...

Pour conclure, on peut dire que cet écrit ne fait pas partie des meilleures productions de Dumas.

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente