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Titre Les louves de Machecoul

Année de publication 1858

Genre Roman

Collaborateur(s) Gaspard-Georges de Pecou, marquis de Cherville

Epoque du récit après une rapide évocation des guerres civiles de Vendée de 1793-94, l'intrigue se déroule entre 1831 et 1832

Résumé Filles jumelles et bâtardes d'un ancien combattant royaliste de 1793, le marquis de Souday, Mary et Bertha, auxquelles on prête, bien à tort, une sulfureuse réputation, sont cruellement surnommées «les louves de Machecoul». Loin de ces médisances, elles vivent sereinement leur solitude jusqu'au jour où le sort place sur le chemin deux nouveaux personnages : le baron Michel de la Logerie, fils d'un bourgeois enrichi par l'Empire, et Marie-Caroline  de Bourbon, duchesse de Berry, qui veut offrir le trône de France à son fils en réveillant l'esprit royaliste vendéen.

Dès leur première rencontre, les jeunes filles s'éprennent de Michel qui, pour sa part, tombe sous le charme de la douce Mary et s'engage, par amour pour elle, aux côtés de la duchesse. Suite à un malentendu, Marie-Caroline croit Michel amoureux de Bertha et obtient du marquis son accord au mariage des jeunes gens, contre l'avis de Jean Oullier, lequel est lié par un lourd secret au père de Michel (on découvrira peu à peu que Jean, ayant découvert que le père du jeune homme avait dénoncé Charette, a rendu justice et assassiné lui-même le traître), et au grand désespoir de Mary qui choisit de s'effacer.

Tandis que d'ordres en en contre-ordres, l'insurrection vendéenne échoue, les deux amants se retrouvent, s'avouent leur amour et obtiennent l'aide de la duchesse qui, consciente de son erreur, veut la réparer en parlant à Bertha.

Mais le temps lui manque pour mette son projet à exécution : Bertha, qui doit pourtant rejoindre la duchesse pour l'informer qu'elle doit fuir, découvre que Michel a été trahi par le sournois Courtin. Elle court avertir le jeune homme, le surprend avec sa sœur, ne peut empêcher qu'il soit arrêté et cherche vainement à prévenir Marie-Caroline, arrêtée à Nantes.

Dix ans plus tard, mariée à Michel, Mary recueillera le dernier souffle de sa sœur, cloîtrée dans un couvent et qui n'a jamais cessé d'aimer le jeune homme.

Analyse Roman méconnu de Dumas, Les louves de Machecoul s'avère pourtant une œuvre riche, dense et palpitante, empreint d'une vie étourdissante et d'un puissant souffle romanesque. S'il peut être lu, à un premier niveau, comme une simple histoire d'amour contrarié, le livre pose en fait le problème des ravages engendrés par les guerres civiles au sein d'une population divisée (population symbolisée par la famille Picaut, dont les deux frères sont dans des camps adverses). Il est intéressant à ce titre de constater que les principaux partisans de la duchesse sont ceux qui combattaient déjà en 93, prisonniers d'un idéal révolu et inaccessible, alors que les jeunes gens – à l'exception de Mary, Bertha et Michel – semblent particulièrement absents.

Enrichie d'une formidable galerie de personnages secondaires, attachants et touchants, empreinte d'une certaine forme de nostalgie dans l'attitude de certains personnages (le marquis de Souday), l'intrigue rebondit sans cesse de coups de théâtre en coups de feu et se construit autour d'un thème récurrent chez Dumas : la gémellité, représentée par Mary et Bertha qui ne se ressemblent et ne se rejoignent que dans leur amour pour Michel.

On peut cependant regretter la fin un peu brutale de l'œuvre qui s'achève, dans le dernier chapitre, sur l'arrestation de Michel et le sauvetage par celui-ci de Jean Oullier et reprend dix ans plus tard, lors de l'épilogue, sans que l'on sache comment le jeune homme, pourtant condamné à mort, a pu échapper à son exécution. Il est dommage également que Dumas n'ajoute pas un mot sur la duchesse de Berry après son arrestation. Le destin pourtant peu commun de la princesse et la naissance surprenante d'un enfant illégitime pendant sa captivité étaient dignes de figurer dans le récit de Dumas.

Enfin, on notera que le roman fourmille de détails chers à l'auteur et qui semblent les étapes obligées de son univers romanesque : personnage à la force herculéenne, scènes d'auberges, passages secrets, résurrection de celui que l'on croyait mort...

Gaële Vaillard

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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