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Titre Louis XIV et son siècle

Année de publication 1844-1845

Genre Histoire

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1613-1715

Résumé Fin de l'hiver 1638, Anne d'Autriche est enfin enceinte. Après 23 années stériles, le royaume espère ardemment un dauphin. Les relations du couple royal ont jusqu'alors été des plus tendues, voire haineuses. La reine n'a pas su s'allier son époux qui n'a pas du tout apprécié son idylle avec Buckingham; mais surtout, et ceci est plus grave, elle s'est fait un mortel ennemi en la personne de Richelieu qu'elle a outrageusement ridiculisé alors qu'il espérait recueillir ses bonnes grâces. S'en suit une série d'événements plus ou moins tragiques qui sont autant d'attaques entre le roi, la reine et le ministre: affaire des ferrets, exécution de Chalais, siège de la Rochelle, assassinat de Buckingham... jusqu'au 5 décembre 1637.

Ce jour-là, le roi se rend auprès de Mlle de La Fayette, une de ses rares maîtresses platoniques, qui s'est réfugiée dans un couvent. Nul ne sait ce qu'ils se disent. Alors qu'il quitte la jeune femme, le roi et son escorte sont surpris par une violente tempête. Le Louvre est assez proche, Louis XIII, qui n'a plus couché dans le lit conjugal depuis des années, décide d'aller demander le gîte et le couvert à sa femme.

Heureuse idée, puisque neuf mois après cette nuit mémorable, la reine accouche du futur Louis XIV. L'immense liesse populaire est à peine troublée par certaines rumeurs: on raconte que la reine aurait mis au monde un fils en 1636 alors que le roi ne l'honorait plus (serait-ce le masque de fer?); on dit aussi que le dauphin serait le fils du cardinal Mazarin et que Mlle de La Fayette, mise dans la confidence, aurait enjoint son royal amant de se rendre auprès de la reine pour y accomplir son devoir. En 1640 naît le duc d'Anjou, futur duc d'Orléans; la prospérité du royaume de France est assurée.

1642, le cardinal de Richelieu, ministre détesté des souverains qui ne savent s'en passer, meurt; Louis XIII le suit dans la tombe l'année suivante. Le dauphin âgé de 5 ans devient roi de France et la régence est confiée à la reine et à son ministre Mazarin.

Très rapidement, ce dernier demande à son surintendant des Finances de trouver un moyen pour faire face aux dépenses engendrées par la guerre dite de Trente ans. Aussitôt, les parlementaires, qui se trouvent soumis à un nouvel impôt, entrent en révolte. Le peuple et certains membres éminents de la noblesse soutiennent le Parlement. La Fronde vient de commencer.

Le trône vacille, la reine et les enfants royaux doivent quitter Paris en pleine nuit pour se réfugier à Saint-Germain, Mazarin est condamné au bannissement. Afin d'apaiser les esprits, Anne d'Autriche et son ministre se rapprochent des frondeurs et promettent des récompenses. Le jeu des alliances se renverse: les anciens frondeurs se rallient au pouvoir royal tandis que Condé et sa famille, jusque là restés fidèles, entrent en rébellion. Parallèlement, Mazarin nomme Fouquet au poste de Surintendant des Finances, il a pour mission de remplir les coffres du roi. Il en profite pour remplir également les siens. Alors que les troubles se multiplient dans le royaume, le jeune Louis XIV, majeur depuis 3 ans, est sacré à Reims. La fine fleur de la noblesse n'assiste pas à la cérémonie: le duc d'Orléans (frère de Louis XIII) et sa fille la Grande Mademoiselle, Condé, Conti, le coadjuteur de Paris, etc.

Puis les troubles s'apaisent, les révoltés, à qui l'on promet l'impunité, rentrent dans le rang. Lors de la signature du traité des Pyrénées qui met fin à la guerre de Trente ans, le 7 novembre 1659, Condé obtient le pardon royal. Un an plus tard, Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche. La Fronde est terminée. La Monarchie a eu raison de la Féodalité, Louis XIV n'oubliera jamais cette période trouble. Mazarin a su tenir tête, mais la lutte a eu raison de ses forces, il meurt en 1661, laissant le jeune roi, heureux de se voir débarrassé de l'autorité du ministre, libre de régner seul.

Le roi est jeune, beau, admiré de tous et particulièrement galant. Il aime la compagnie des femmes et multiplie assez rapidement les maîtresses. La première d'entre elles est la nièce de Mazarin que Louis XIV envisage d'épouser; mais un roi de France ne peut se mésallier. Il fait ensuite la cour à Henriette d'Angleterre qui vient d'épouser Monsieur, frère du roi. Cette idylle n'est pas acceptable: le duc d'Orléans, pourtant peu séduit par les charmes de sa femme, tempête; la reine demande à son fils aîné de se reprendre.

Louis XIV feint alors une amourette avec Louise de La Vallière, jeune femme effacée et boiteuse, pas vraiment jolie mais douée d'un bel esprit. Le roi se prend au jeu et tombe amoureux de la jeune fille qui devient la première maîtresse en titre.

C'est aussi l'époque des fêtes somptueuses. L'une d'elles, donnée dans le château de Vaux-le-Vicomte en août 1661, fait office de catalyseur: Fouquet est condamné à la prison perpétuelle. Colbert entre en puissance, le roi décide la construction d'un château extraordinaire dans les marais insalubres de Versailles.

Le 7 mai 1664, le roi offre à sa maîtresse Les plaisirs de l'île enchantée, trois jours de fêtes sans pareilles dans les tout nouveaux jardins de Versailles. Le roi s'amuse et danse, mais il fait aussi la guerre et Mars lui est propice.

Puis les premiers deuils touchent Louis XIV. Anne d'Autriche meurt d'un cancer du sein en janvier 1666. Quatre ans plus tard, Madame, belle sœur du roi, meurt brutalement après avoir bu de l'eau de chicorée, on parle de poison. La même année, la marquise de Brinvilliers assure sa prospérité en empoisonnant les membres de sa famille. Commence alors l'affaire des poisons dans laquelle sont impliqués les plus grands noms de France: Monsieur, frère du roi, Marie-Thérèse d'Autriche, Olympe Mancini, Fouquet avant son arrestation, et surtout la marquise de Montespan, nouvelle maîtresse royale.

Le règne de la nouvelle favorite a commencé dès avant 1670. En 1674, Louise de La Vallière quitte la cour, où elle laisse ses deux enfants, et s'enferme dans un couvent. Athénaïs de Montespan devient maîtresse en titre. Particulièrement fertile, elle donne au roi sept enfants entre 1669 et 1678, six d'entre eux sont légitimés et quatre parviennent à l'âge adulte. Leur éducation est confiée à une jeune veuve à l'esprit vif: Mme Scarron.

Louis XIV est comblé: il est le plus grand roi d'Europe, ses armées sont victorieuses; grâce au travail acharné de Colbert, le pays est prospère et produit quantité d'articles de luxe jusqu'à présent importés (miroirs, tapis, marbre, soieries, etc.); l'esprit français rayonne; la famille royale s'est agrandie et trois générations assurent la pérennité du pouvoir.

Madame de Montespan perd peu à peu de son attrait, le roi s'éloigne d'elle et se tourne vers la gouvernante des enfants illégitimes de France qui prend le nom de marquise de Maintenon dès 1675. La faveur de la nouvelle marquise va croissant jusqu'au décès de Marie-Thérèse (1683). Veuf, sûr de sa descendance, Louis XIV est libre d'épouser la veuve Scarron qui s'installe au premier étage du corps central du château de Versailles.

Malheureusement, l'heureuse prospérité du royaume de France cesse et laisse place à une période particulièrement sombre et pesante. En novembre 1700, le duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, succède à Charles II d'Espagne. Les cours d'Europe s'inquiètent, le royaume de France ne doit pas annexer la puissante Espagne: la guerre de succession d'Espagne éclate, violente et meurtrière. Le 14 avril 1711, le Dauphin, qui a contracté la petite vérole, meurt subitement. Le 12 février 1712, la petite duchesse de Bourgogne, nouvelle dauphine de France, est emportée par la rougeole; son mari la suit dans la tombe 6 jours plus tard. Trois semaines après, leur fils aîné le duc de Bretagne, nouveau dauphin, meurt également. La funeste série prend fin le 4 mai 1714, le second petit-fils de Louis XIV fait une chute de cheval mortelle. De la formidable famille royale, il ne reste qu'un petit garçon de 5 ans.

Le vieux roi est épuisé et aspire au repos. Sa santé est mauvaise, il ne se déplace presque plus et sa jambe le fait souffrir, la gangrène s'installe. Il meurt le 1er septembre 1715 après deux semaines d'agonie.

Analyse Dès l'introduction, Dumas fixe ses objectifs: donner un portrait exhaustif et fidèle du grand roi, bien entendu, mais aussi de l'homme et de son époque. Selon lui, le lecteur, à la fin de l'ouvrage, n'aura plus d'interrogation et saura tout du siècle de Louis XIV.

Le défi n'est pas véritablement relevé, certains éléments sont très développés telle la Fronde qui occupe un bon quart du récit, d'autres sont simplement survolés. Le plan, chronologique, est un peu disproportionné; certaines parties sont très amplement commentées, d'autres non. Les informations plus générales et difficiles à insérer dans une chronologie surgissent sans trop d'à-propos: ainsi en est-il des grands noms de la littérature, du théâtre ou de la musique, de la vie de cour avec son étiquette extrêmement rigide, ou encore de la richesse artistique de cette époque qui a vu naître les grandes manufactures royales dont le prestige a rayonné sur le monde entier.

Le premier quart du livre traite de la fin du règne de Louis XIII, le deuxième quart parle de la Fronde. La première moitié traite, en conséquence, assez peu du règne de Louis XIV qui est encore sous la régence de sa mère et de son ministre Mazarin et ne gouverne véritablement qu'en 1661, après la mort de ce dernier.

Comme il est fréquent au XIXème siècle, les personnages sont plutôt caricaturés et Dumas ne fait pas vraiment d'effort pour fouiller les psychologies de chacun. Louis XIV est décrit comme un roi insensible, altier et prétentieux; Louis XIII est cruel et incapable de se défaire de l'emprise de Richelieu; Mazarin est fourbe et avare; Anne d'Autriche est belle mais sous influence; Madame de Maintenon est un bigote calculatrice et sans cœur; Louise de La Vallière est une oiselle effarouchée tandis que la Montespan, belle, charmante, envoûtante, est injustement évincée par la vieille dévote.

Cependant, Dumas a à cœur de faire un travail d'historien dans la mouvance de Michelet. Il recueille les divers documents d'archives qu'il mentionne, tente de vérifier ses dires et cherche à faire œuvre de vérité historique.

Quoi qu'il en soit, l'ensemble est assez plaisant et, bien que très dense, se lit agréablement. Bien entendu, les fantômes des grands romans dumasiens errent entre les lignes sans jamais vraiment apparaître, c'est un peu troublant pour qui a lu Vingt ans après ou Le vicomte de Bragelonne avec autant d'ardeur que de plaisir, mais, en historien, Dumas renonce à ses chers personnages plus fictifs que réels.

La lecture de ce pavé apprend donc pas mal de choses sur le siècle de Louis XIV. Mais elle donne surtout envie d'aller complémenter l'information dans d'autres ouvrages. Ce qui aurait sans aucun doute particulièrement plu à Dumas.

Delphine Dubois

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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