Le lièvre de mon grand-père Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
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Titre Le lièvre de mon grand-père. In Les mille et un fantômes.

Année de publication 1857

Genre Nouvelle

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1788

Résumé Alors que des amis de Dumas logent dans une auberge, leur hôte leur raconte cette histoire, qui est celle de son grand-père.

Ce dernier, qui se nomme Jérôme Palan, est apothicaire à Theux. Bon vivant, il est aimé de tous et n'a qu'un seul ennemi, Thomas Pichet, garde-chasse, qui lui reproche d'avoir épousé la femme qu'il convoitait.

Palan a deux passions: la science qui l'a rendu impie, et la chasse qui prend le pas sur son travail et l'enhardit au point d'aller taquiner le gibier sur les terres privées.

Un jour, il est surpris à chasser un dix-cors sur les terres du prince évêque de Liège qui le fait jeter en prison et ordonne à Pichet de tuer ses chiens. Palan doit payer une forte amende qui anéantit ses économies.

A sa sortie de prison, il devient morose. Sa femme l'encourage à retourner chasser pour retrouver sa bonne humeur. Palan se laisse convaincre et part à l'affût le soir de la Saint-Hubert; il a promit à ses enfants de leur rapporter un lièvre énorme.

Il rencontre Pichet à un carrefour. Une dispute éclate et Palan le tue. Il s'apprête à cacher le corps lorsqu'il aperçoit un immense lièvre aux yeux de braise assis sur le cadavre. Palan rentre chez lui; le lièvre le hante toute la nuit. Palan est pris de fièvre et garde le lit jusqu'au jour où le corps de Pichet est retrouvé dévoré par les loups.

Palan pense que son crime restera impuni mais le lièvre le harcèle. Il décide de le tuer et s'épuise en chasses incessantes et stériles. Sa situation financière devient désastreuse et sa pauvre femme se désespère.

Une année s'écoule. Le jour de la Saint-Hubert, on lui propose d'organiser une chasse pour des étrangers. Un an après son méfait, Palan parvient enfin à tuer le lièvre. Soulagé, il vient annoncer la bonne nouvelle à sa femme qui lui avoue qu'elle a fait bénir son fusil et ses chiens. Elle lui demande d'aller à l'église pour remercier Dieu, mais Palan refuse car il est attendu à l'auberge pour fêter la chasse.

A minuit, Palan voit le lièvre se lever. Horrifié, il fuit l'hideuse apparition. Le lièvre le poursuit. On retrouve Jérôme Palan mort dans la neige, serrant l'énorme lièvre entre ses mains, à l'endroit même où l'on avait retrouvé Thomas Pichet.

Analyse Voici une histoire extraordinaire comme les aime Dumas. Le fantastique et le burlesque s'y mêlent allègrement pour le plus grand plaisir du lecteur. Dumas assouvit son amour pour la chasse dans ce conte où Saint Hubert, la forêt et ses habitants (hommes et animaux) occupent une place importante.

Le pauvre Jérôme Palan est bien puni de son impiété. En effet, ce n'est pas son crime contre un homme méchant et stupide, crime qu'il a d'ailleurs commis presque malgré lui et qui provoque instantanément le remord, qui est puni mais plutôt son irrévérence envers Dieu et les saints (et en premier lieu Saint Hubert qui, en tant que saint patron des chasseurs, devait s'attendre à plus de respect de sa part). Jérôme Palan est un homme profondément humain, plutôt bon et sympathique, il a les défauts de ses qualités: il aime la bonne vie et assouvir ses passions cynégétiques, il ne consent pas à soulager sa pieuse épouse parce qu'il est persuadé de l'inexistence de Dieu.

Son égoïsme exacerbé allié au remord qui le ronge et détruit sa santé sous la forme d'un lièvre monstrueux, le conduit à sa perte; il gâche son ultime chance de se racheter et de rendre le bonheur à sa famille par pur orgueil.

Delphine Dubois
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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