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Titre Le laird de Dumbiky

Année de publication 1844

Genre Théâtre

Collaborateur(s) de Leuven et Léon Lhérie (non crédités)

Epoque du récit 1665

Résumé A Londres, pendant la Grande Peste, le jeune Mac Allan, laird de Dumbiky, dont l'oncle a sauvé le roi Charles II dans son exil, vient au palais du duc de Buckingham demander la levée du séquestre sous lequel ont été mis ses biens depuis Cromwell. Il est aidé par Nelly, une jeune comédienne naguère recueillie par sa famille, devenue favorite du roi et convoitée par Buckingham. Pressé par ses créanciers, le duc leur présente Mac Allan comme un riche écossais venu s'établir à Londres (Acte I).

A l'auberge du Chardon d'Écosse, Buckingham manigance une nouvelle intrigue amoureuse. Mais la présence dans les lieux de Chiffinch, valet de chambre du roi, l'amène à penser que Charles II et lui sont sur la même piste. Le pauvre Mac Allan, fuyant les créanciers du duc qui sont devenus les siens, tombe dans un nouveau piège: il accepte d'épouser une inconnue qui lui apporterait 25.000 livres de dot (Acte II).

L'inconnue, Sarah, une jeune compatriote que Mac Allan a entrevue un instant et dont il est tout de suite tombé amoureux, échappe au piège tendu par le duc pour se prendre dans celui qu'ourdissent le roi et son valet. Mais Nelly veille, et quand elle découvre que les deux jeunes gens promis à leur insu se connaissent et s'aiment, elle décide qu'ils échapperont l'un et l'autre et au duc et au roi (Acte III).

A peine marié, Mac Allan découvre que le duc et le roi vont tout faire pour l'éloigner de sa femme, au service de la reine dès le lendemain, et pour trois mois! De plus, on l'envoie en mission en Irlande. Nelly, une fois de plus, intervient, décidée à berner ses deux illustres amants (Acte IV).

Enlevée par Buckingham, Sarah est sauvée par son mari. Tombée aux mains du roi, elle lui échappe en revêtant une écharpe prétendument pestiférée donnée par Nelly. La favorite reprend la main, le roi pardonne à tous, mais elle ne consent qu'à un demi-pardon pour son royal amant (Acte V).

Analyse Cette pièce en cinq actes et en prose créée à l'Odéon le 30 décembre 1843, renoue avec l'histoire du retour du roi Charles II déjà évoquée dans Halifax l'année précédente. Elle met en scène aussi le fils du Buckingham des Trois mousquetaires jouant ici le rôle d'un libertin couvert de dettes, rival de son roi, et entremetteur à l'occasion.

Le roi et le duc ressortent peu grandis de ces intrigues déjouées par Nell Gwyn, une jeune actrice de Drury-Lane qui fut la plus célèbre maîtresse du roi; Nell, qui porte ici le nom de Quinn, bien que son caractère soit à peine esquissé, noue et dénoue les fils dans l'ombre et se révèle un personnage de premier plan.

Mac Allan, le laird qui donne son titre à la pièce, provincial un peu fruste mais moins niais qu'il n'y paraît, a des allures de jeune premier romantique, prompt à dégainer, la tête un peu près du bonnet cependant.

Comme on le voit, la comédie porte davantage sur l'intrigue que sur les mœurs ou la psychologie, et même l'histoire n'y intervient que pour l'anecdote. Inspirée de Peveril of the Peak, un des plus longs romans de Walter Scott dont Dumas ne retient que cet épisode un peu superficiel (ce que la presse anglaise de l'époque ne manquera pas d'épingler, soulignant qu'il n'y a d'écossais ici que les noms – et encore!),  l'œuvre n'eut guère de succès.

Selon Reed, cela viendrait de cet emprunt peu opportun à une œuvre qui n'est pas la meilleure de l'écrivain écossais. Bien enlevés cependant, ces cinq actes constituèrent sans doute une pause – ou un divertissement – pour Dumas, alors dans l'ébullition de ses premières créations romanesques, et qui devait revivre en les écrivant les tragédies de Buckingham le père (Les trois mousquetaires, 1844) ou de Charles 1er Stuart (Vingt ans après, 1845). Il reviendra à Charles II bien plus tard, en 1860, avec L'envers d'une conspiration, ultime comédie historique.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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