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Titre Les frères corses

Année de publication 1844, par la Société belge de librairie (Bruxelles), sous le titre Une famille corse

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1841

Résumé Dumas raconte avoir débarqué sur l’île de beauté en mars 1841. Il y fait du tourisme et trouve à loger un beau soir à Sullacaro, chez la veuve de Franchi qui a deux jumeaux. Louis est avocat à Paris tandis que Lucien «sera corse» selon le mot d’un voisin.

L’écrivain touriste est fort impressionné par son hôte (Lucien) qui l’installe dans la chambre libre de son frère (Louis). Au cours du dîner, Dumas apprend que Louis et Lucien étaient attachés par le côté à la naissance et qu’il a fallu les séparer au scalpel. Louis en aurait gardé une sensibilité physique à ce que son frère siamois ressent, même à distance. En outre, Lucien raconte que les défunts de la lignée apparaissent à leurs survivants mâles quand l’heure est grave.

Lucien fait ensuite participer Dumas à la résolution d’une vieille vendetta dont il signera l’acte notarié en tant que témoin. Puis, Dumas rentre à Paris, pressé par ses affaires, mais porteur d’un message qu’il s’engage à remettre à Louis en mains propres.

Celui-ci lui confirme que quand il sent une douleur, elle est ressentie par son frère, ce qui le chagrine d’autant plus. Les deux hommes se donnent rendez-vous dans un bal où Louis veut aller souffrir, en se voyant ignoré par celle qu’il aime.

Au bal, Dumas rencontre un de ses amis qui l'invite à dîner chez lui, où seront aussi présents d'autres participants. Dumas convainc Louis de l'y accompagner. Il accepte, d'autant qu'il sait que l'être aimé doit y venir. Elle y arrive en effet, très tard, accompagnée d'un jeune homme qui, apprend-elle sur place, avait fait le pari avec son hôte qu'il l'y amènerait. Outrée, la dame se rebiffe, son cavalier s'indigne, Louis le provoque en duel, Dumas sera son témoin. Le matin fatidique, Louis est pâle car son père lui est apparu dans la nuit pour lui annoncer sa mort. Louis est tué par balle.

Cinq jours après, Lucien arrive chez Dumas et lui montre des ecchymoses sur son corps à l’endroit même où le projectile fatal avait traversé Louis. Il vient le venger en provoquant son meurtrier qui accepte le duel. Vendetta, quand tu nous tiens!

Analyse Il s’agit d’un roman d’une rare sobriété dans l’oeuvre de Dumas, qui utilise ici avec brio son talent hors du commun de metteur en scène et son don rare pour les dialogues vifs. Si on l’a accusé de tirer trop souvent à la ligne, ce n’est sûrement pas le cas dans ce court roman, mené à un rythme presque cinématographique. Le découpage est saisissant d’efficacité et, sans doute, Dumas est encore mû par ses réflexes de dramaturge quand il le rédige.

Le romancier se fait peintre quand il nous décrit le paysage corse, conteur social quand il campe les moeurs étranges de l’île, reporter clinique quand il décrit les circonstances qui l’ont amené à connaître Louis. Qui plus est, Dumas se met en scène dans le roman et s'attribue même un rôle de premier plan, ce qui est tout à fait inhabituel.

Dumas abordera souvent le genre fantastique par la suite, y compris dans ses très grands romans : Joseph Basalmo, voire même Le comte de Monte-Cristo. Rarement cependant est-il parvenu à rendre avec une telle tension l’étrange, le surnaturel.

Il est fort dommage que ce sommet dans l’oeuvre romanesque de Dumas ne soit pas mentionné en haute place parmi ses grandes réussites du registre fantastique. Ce livre est pourtant plus achevé que Les mille et un fantômes ou surtout que la charmante comédie Le meneur de loups.

Enfin, signalons que ce pur joyau, pour lequel on ne connaît à Dumas aucun collaborateur, a été l’objet, selon Claude Aziza, de dix-sept adaptations au cinéma dont huit de l’époque du muet!

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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