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Titre Les Deux Diane

Année de publication 1865

Genre Théâtre (drame en 5 actes et 8 tableaux, Ambigu, 8 mars 1865)

Collaborateur(s) Paul Meurice

Epoque du récit 1557-1559

Résumé C'est fête à Paris : le Dauphin épouse Marie-Stuart. Récemment rentré d'une campagne, le jeune Gabriel d'Exmès y retrouve son amie d'enfance, Diane de France, bâtarde du roi, devenue comtesse d'Angoulême, et malheureusement promise au puissant François de Montmorency, le fils du connétable. L'énigmatique Martin-Guerre, mentor et frère naturel de Gabriel, suggère au jeune homme qui vient d'être nommé Capitaine des gardes de prendre ses fonctions en visitant le Châtelet. Ils y découvrent un mystérieux prisonnier, tenu au secret le plus absolu : le comte de Montgomery, leur propre père ! (Acte I). Amoureux ou amant de Diane de Poitiers déjà maîtresse du dauphin Henri, Montgomery avait été 18 ans auparavant emprisonné sur ordre du connétable. Nous sommes à l'époque des guerres d'Italie, et les périls menacent : en échange de la grâce de son père, Gabriel promet de tenir la place-forte de Saint-Quentin au moins huit jours. La ville tombe, mais le pari est tenu. Martin-Guerre se rend auprès du roi pour lui rappeler sa promesse (Acte II). Diane de Poitiers et le connétable font pression sur le roi, et intriguent contre Gabriel par l'entremise de leur âme damnée, Arnaud du Thil, le sosie de Martin. Le roi hésite à tenir son engagement. Il faudra encore que Gabriel reprenne Calais aux anglais pour qu'on libère son père ; mais, en revanche, il épousera Diane de France (Acte III). Grâce à la bravoure de Gabriel et de Martin-Guerre, la ville est prise ; et le faux Martin meurt dans l'embuscade qu'il avait préparée pour le vrai (Acte IV). Dans la liesse de la victoire, le roi propose à Gabriel de le rencontrer sur la lice. Blessé mortellement, il reçoit le pardon du vieux Montgomery qu'on vient de libérer, et unit Gabriel et Diane (Acte V).

Analyse Alors qu'il s'était opposé, en vain, une douzaine d'années auparavant, à ce que Meurice fasse jouer son Benvenuto Cellini (tiré d'Ascanio) à la Porte-Saint-Martin, Dumas ici adoube son jeune confrère. Dédiée à Alexandre Dumas, l'adaptation des Deux Diane est jouée à l'Ambigu le 8 mars 1865 ; quelques jours auparavant, dans une lettre publiée le 12 février dans L'entracte, Dumas avouait que le roman, qu'il n'avait même jamais lu, était tout entier de Meurice, et que, du drame, celui-ci ferait ce qu'il voudrait : "Je renonce à tout droit sur lui, n'y ayant aucun droit". Cette lettre, qui se termine par "Âme poétique et cœur loyal, je t'aime", Meurice la reprend comme en préface dans son édition de la pièce qui paraît à la Librairie internationale A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie la même année. Au sujet de cette "collaboration", comme de tant d'autres, le débat est ouvert. Dumas a-t-il prêté son nom, simplement, ou s'agit-il d'autre chose, une cession de droits par exemple ? On peut se le demander. La pièce, tournant autour de l'emprisonnement du vieux Montgomery, ne reprend que quelques épisodes du roman, les actes II à V par exemple évoquant la bataille de Saint-Quentin, puis la reprise de Calais par les français, où s'illustrent au premier chef le jeune Gabriel et le célèbre Martin-Guerre. Si la rivalité des deux Diane est esquissée, rien n'est dit des soupçons qui assaillent dans le roman Gabriel sur le fait que Diane de France pourrait être sa sœur, ou la fille du connétable ce qui n'arrangerait rien non plus. Conçue comme un drame à grand spectacle, avec cachots, champs de bataille et tournoi final, empruntant aux dispositifs scéniques du Théâtre impérial du Cirque déjà utilisés pour La Tour Saint-Jacques, une scène qui s'abaisse pour permettre aux spectateurs de suivre les évolutions du commando prenant d'assaut la Tour Risbank et de découvrir ensuite une vue panoramique de Calais assiégée, l'œuvre risquait de décourager les "théâtres de province" et des "départements". À leur intention, une note à la fin du livre explique qu'on peut simplifier le décor des deux derniers tableaux, et que, ceux qui " n'auront pas deux acteurs assez ressemblants pour tenir les deux rôles de Martin-Guerre et d'Arnauld du Thil "se verront proposer "une mise en scène spéciale qui permet à un seul artiste de jouer les deux rôles", mise en scène rédigée, "sur les données fournies par l'auteur", par Michel Masson. À la création, Mélingue jouait Martin-Guerre, et Faille, Arnaud du Thil.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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