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Titre Le chevalier d'Harmental

Année de publication 1849

Genre Théâtre

Collaborateur(s) Auguste Maquet 

Epoque du récit 1718

Résumé Le bibliothécaire Buvat recueille la jeune Bathilde à la mort de sa mère (Prologue). Douze ans après, ayant élevé Bathilde comme son enfant, Buvat espère toujours faire doter par le Régent Philippe d'Orléans la jeune fille, dont le père est mort à son service. Arrivé depuis peu dans la maison d'en face, et engagé dans une conspiration contre le Régent, le chevalier Raoul d'Harmental tombe sous le charme de Bathilde (Acte I).

Au bal du Régent, Raoul rencontre Madame du Maine qui le confirme dans sa mission: il devra enlever Philippe d'Orléans et le conduire en Espagne. Raoul s'assure les services du capitaine Roquefinette (Acte II). Pendant que Raoul et Bathilde s'avouent leur amour, Buvat se voit chargé de la transcription de courriers espagnols. Une première tentative d'enlèvement, de nuit, rue des Bons-Enfants, échoue (Acte III).

Buvat découvre une pièce compromettante dans le courrier qu'il copie pour l'Espagne et révèle tout à l'abbé Dubois, ministre du Régent; mis au courant par celui-ci, le Régent décrète d'arrestation les principaux responsables du complot (Acte IV). Raoul est incarcéré, et condamné. Bathilde et Buvat, chacun de son côté, implorent la clémence du Régent. Découvrant qui est la jeune fille, le Régent gracie les conjurés et marie Bathilde et Raoul (Acte V).

Analyse Un premier crayon de cette œuvre se trouve dans Un soir de carnaval, drame en trois actes et en prose qu'Auguste Maquet tira du Journal de la Régence et des Mémoires authentiques de Jean Buvat. Maquet soumit cette pièce d'abord à Nerval, qui le mit en contact avec Dumas. Celui-ci réécrivit la pièce, jouée au Théâtre de la Renaissance le 14 janvier 1839 sous le titre de Bathilde, Maquet étant seul crédité. Le texte n'eut qu'une seule édition, chez Marchant, la même année.

Mémorialiste français, né à Châlons-sur-Marne en 1660, mort à Paris en 1729, écrivain à la bibliothèque du roi, Jean Buvat fut bien employé comme copiste par les membres de la conspiration de Cellamare (partisans du fils non reconnu de Louis XIV et de Mme de Maintenon) en 1718. Il dénonça leur secret à l'abbé Dubois qui le connaissait déjà.

Dans ce copieux journal, Maquet trouva en outre la matière d'un petit roman, Le bonhomme Buvat, qu'il confia également à Dumas. Celui-ci en tira d'abord, en 1842, les quatre volumes du Chevalier d'Harmental, que l'on considère comme le premier de ses grands romans historiques et qui inaugura une autre longue collaboration, romanesque celle-ci, avec Maquet; puis, en 1843, Hélène de Saverny ou Une conspiration sous le Régent, «drame» qui deviendra ensuite la comédie Une fille du Régent.

Six ans plus tard, Dumas propose au Théâtre-Historique une adaptation assez fidèle du Chevalier d'Harmental qui sera représentée pour la première fois le 26 juillet 1849. Ce drame en cinq actes, en dix tableaux et un prologue est la septième pièce de ce «théâtre-roman» dont Fernande Bassan dit qu'il constitue une catégorie à part du théâtre de notre auteur, à côté des drames romantiques, des drames modernes et des comédies.

Tributaire du roman, le drame en pâtit quelque peu. Certaines scènes sont le décalque exact de chapitres entièrement dialogués de l'œuvre originale; d'autres transfèrent à leur manière l'espace du roman à la scène en utilisant la machinerie complexe du Théâtre-Historique, pans coupés, deux niveaux, voire trois (rez-de-chaussée, balcon, terrasse) pour l'épisode nocturne de la Rue des Bons Enfants.

Par moments, les exigences de la dramaturgie amènent Dumas à tailler dans la matière romanesque: ainsi Dubois remplace-t-il Saint-Simon dans la scène qui suit la découverte de la conjuration. Parfois aussi il ne résiste pas à mettre sous les yeux du spectateur un passage trop elliptique du roman: ainsi de la dernière scène qui met en présence de Buvat au comble du bonheur le Régent son bienfaiteur, qu'il prenait pour un comparse et appelait familièrement «M. Philippe».

Le personnage de Buvat et ses démêlés avec le Régent et surtout Dubois tirent le personnage, et la pièce d'ailleurs, vers la comédie historique. On peut voir dans la fiche consacrée à la pièce Une fille du Régent comment Dumas hésita aussi, à propos de ce deuxième sujet tiré des Mémoires de Buvat, entre le drame et la comédie.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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