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Brûlure


La brûlure est un des accidents les plus fréquents qui puissent arriver à un cuisinier consciencieux et exerçant de sa personne ; nous extrayons du Traité des préparations de M. Lorrain l'indication des remèdes reconnus comme les plus propres à en prévenir les suites. Nous remercions d'abord pour notre compte M. Lorrain en lui laissant à recueillir les remerciements de ceux qu'il aura soulagés. « Les plus fortes brûlures auraient presque toujours des suites très légères si on y appliquait aussitôt les remèdes convenables ; pour peu qu'on attende, l'action du feu qui, d'abord n'a attaqué que la superficie de la peau, pénètre dans l'intérieur et occasionne de grands désordres qu'il aurait été facile de prévenir.
« Les premiers soins à prendre doivent avoir pour but de diminuer l'inflammation qui est toujours la suite des brûlures, ou même de l'empêcher de naître.
« On arrosera donc la partie brûlée avec de l'eau la plus froide possible, sans le moindre délai ; si la partie est couverte d'un vêtement, on commencera par l'imbiber d'eau froide jusqu'à ce qu'elle pénètre la brûlure, ou, ce qui est préférable, on plongera tout le membre dans l'eau froide ; si on n'a pas d'eau froide sous la main, on enlèvera de suite le vêtement et on appliquera sur la brûlure un corps froid et, s'il est possible, de nature métallique. Par ces moyens, on empêchera la continuité d'action du calorique.
« Lorsque la brûlure sera à nu, on la couvrira avec des compresses trempées dans l'eau la plus froide, même à la glace, et qu'on renouvellera de minute en minute, ou qu'on arrosera par-dessus. Si on peut se procurer de l'alun, on en fera dissoudre dans l'eau froide et on en imbibera des compresses qu'on posera sur la brûlure. On arrosera fréquemment les compresses pendant la première heure sans les lever, et pendant les cinq ou six heures suivantes, on aura soin de ne pas les laisser s'échauffer et se dessécher. Ces moyens et surtout l'emploi de l'eau d'alun suffisent souvent pour prévenir les suites de brûlures très fortes.
« Après cinq ou six heures d'arrosage, on fixe les compresses avec des bandelettes, et on ne fait plus rien. Il se forme ordinairement, sous les compresses, une croûte qui prend de l'épaisseur et de la dureté et qui se sépare d'elle-même dans un moment plus ou moins loin. L'alun agit dans ce cas par sa propriété astringente, aussi peut-on le remplacer par d'autres substances qui jouissent de la même propriété, quoiqu'à un degré moindre. Telle est, par exemple, la pulpe crue de pommes de terre, on en recouvre la brûlure et on la renouvelle à mesure qu'elle s'échauffe. Cette pulpe agit par le froid qu'elle apporte et par le principe astringent qu'elle contient. Pour obtenir la pulpe de pommes de terre, on les frotte sur une râpe ordinaire, ou, à défaut de râpe, on les écrase avec un marteau jusqu'à ce qu'elles soient réduites en bouillie.
« En général, la première chose à faire pour une brûlure, c'est de refroidir le plus qu'on peut la partie affectée ; on emploie à ce refroidissement l'eau la plus froide et même la glace ; ce refroidissement doit être continué sans interruption pendant une heure ; ensuite, et même plus tôt si on le peut, tout en continuant a refroidir la partie brûlée et celles qui sont avoisinantes, on passe à l'emploi des astringents, l'eau d'alun, l'eau de goulard, la pulpe de pommes de terre, la boue ferrugineuse qu'on trouve dans l'auget des meules à émoudre, etc. ; ou les toniques tels que l'éther, l'alcool, l'eau-de-vie ; ces dernières substances doivent être employées sans compresse, on en mouille de temps en temps la partie brûlée.
« Si, malgré l'emploi des moyens ci-dessus, la plaie vient à suppuration, on la panse alors avec le cérat siccatif ou avec le baume de Geneviève. »

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