Le grand dictionnaire de cuisine Vous êtes ici : Accueil > Accueil > Bibliothèque
Page précédente | Imprimer

Bétel


Plante grimpante des Indes, qui fait le principe du masticatoire de ce nom. Des masticatoires en usage dans les pays chauds, le bétel est le plus énergique. Quatre substances le composent ordinairement : premièrement, la feuille brûlante du poivrier-bétel, qui donne son nom à cette composition. Quelquefois aussi on se sert du fruit jaune de la plante, ou d'une assez forte quantité de feuilles de tabac, ou de chaux vive, beaucoup plus caustique que la nôtre, ainsi que Vauclin s'en est assuré.
Le père Papin indique qu'il y a des individus qui prennent de cette chaux gros comme un oeuf par jour.
La noix Dariquier, qui forme à elle seule plus de la moitié du poids du bétel, est encore plus active parce qu'elle contient une très forte proportion d'acide gallique, ce que l'on reconnaît à la grande astriction qu'elle produit dans tout l'intérieur de la bouche et de la gorge ; l'action en est d'autant plus forte qu'elle est mêlée à des substances également irritantes. En effet, toutes les dents en sont corrodées, dissoutes même, au point qu'il est rare de voir chez les peuples mâcheurs de bétel des jeunes gens en avoir encore. Elles ne tombent point, elles sont usées jusqu'au bord des gencives. Et celles-ci sont bientôt horriblement tuméfiées.
De tous les astringents connus, le bétel paraît être le plus énergique, le plus fort, le plus propre à soutenir l'estomac dans un degré de force et de ton nécessaire dans un pays où les sueurs excessives occasionnent des maladies redoutables ; il stimule fortement les glandes salivaires et les organes digestifs ; il diminue la sueur et prévient la faiblesse qui en résulte ; enfin, il doit produire au dedans l'effet salutaire que les bains froids, les frictions huileuses déterminent au dehors.
L'instinct et l'expérience ont pu seuls suggérer à ces nations brûlantes le courage de mâcher le bétel ; aussi malgré la destruction totale de leurs dents, est-il d'usage général dans tous les climats chauds depuis les Moluques jusqu'au rivage du fleuve Jaune, et depuis ceux de l'Indus et du Gange jusqu'au bord de la mer Noire.
Une autre preuve de l'utilité de cet usage, c'est la nécessité où se trouvent les Européens fixés dans ces climats d'avoir recours à ce moyen, ou à d'autres approchant de celui-ci, pour se préserver de l'influence délétère du climat et de sa température.
Dans l'Inde, on offre le bétel à tous ceux qui font visite ; ce serait faire un affront si on n'offrait pas aux visiteurs la boîte même qui le contient. Dans le royaume de Siam, l'accordé le présente à son accordée, ainsi qu'à tous les assistants, comme symbole de la fidélité que les nouveaux époux se promettent l'un à l'autre, et de la bonne intelligence qui doit toujours exister entre les deux familles.
Le bétel de Tonquin est, dit-on, celui que l'on préfère à tous les autres ; c'est lorsqu'il est jeune, vert et tendre, qu'on en fait le plus de cas, parce qu'il est alors juteux. Dans les autres pays on l'emploie sec.

Recette précédente | Recette suivante

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente