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Chapitre XLVIII
Comment en partant pour Venise on arrive à Florence.

Rien ne me retenait plus à Rome, que j'avais, ainsi que ses environs, visité pendant mon premier passage. Tous mes préparatifs étaient faits : je pris donc congé de mon bon et brave Jadin, qui comptait y rester un an avec Milord ; et, le coeur tout serré de cette double séparation, je quittai la ville éternelle le jour même, avec l'intention de me rendre à Venise. Mais c'est pour l'Italie surtout qu'a été fait le proverbe : « L'homme propose et Dieu dispose. »
Le lendemain, comme la voiture s'était arrêtée un instant à Civita-Castellana pour faire reposer notre attelage, et que je profitais de ce moment pour courir la ville, deux carabiniers m'accostèrent dans la rue pendant que j'essayais de déchiffrer une mauvaise inscription, écrite en mauvais latin, au pied d'une mauvaise statue. Ces messieurs m'invitèrent à me rendre au bureau de la police, où notre hôte, esclave des formalités, avait déjà envoyé mon passeport ; je m'y rendis assez tranquillement, malgré ce qui venait de m'arriver à Naples, et quoique en Italie de pareilles invitations renferment toujours quelque chose de ténébreux et de sinistre. Mais il n'y avait que deux jours que j'avais eu l'honneur d'être reçu, comme je l'ai dit, par Sa Sainteté : j'avais passé une heure avec elle : elle avait eu la bonté de m'inviter à revenir ; je l'avais quittée avec sa bénédiction, je me croyais donc en état de grâce.
Je trouvai, dans le bureau où l'on me conduisit, un monsieur qui me reçut assis, le chapeau sur la tête et les sourcils froncés ; avant qu'il m'eût adressé une seule parole, j'avais pris un siège, enfoncé ma casquette sur mes oreilles et réglé mon visage à l'unisson du sien. C'est en Italie surtout qu'il faut n'avoir pour les autres que les égards qu'ils ont pour vous : il resta un instant sans parler, je gardai le silence ; enfin il prit, dans une liasse de papiers, un dossier à mon nom, et se tournant de mon côté :
- Vous êtes monsieur Alexandre Dumas ? me dit-il.
- Oui.
- Auteur dramatique ?
- Oui.
- Et vous vous rendez à Venise ?
- Oui.
- Eh bien ! monsieur, j'ai l'ordre de vous faire conduire hors des Etats pontificaux dans le plus bref délai possible.
- Si vous voulez vous donner la peine de regarder le visa de mon passeport, vous verrez que votre ordre s'accorde merveilleusement avec mon désir.
- Mais votre passeport est visé pour Ancône, et, comme la frontière la plus rapprochée est celle de Pérouse, vous ne vous étonnerez pas que je vous fasse prendre le chemin de cette ville.
- Comme vous voudrez, monsieur, j'irai à Venise par Bologne.
- Oui ; mais j'ai encore à vous signifier qu'en remettant les pieds dans les Etats de Sa Sainteté, vous encourez cinq ans de galères.
- Très bien. Alors j'irai par le Tyrol ; j'ai le temps.
- Vous êtes de bonne composition, monsieur.
- J'ai l'habitude de ne discuter les lois qu'avec ceux qui les font, de ne résister aux ordres qu'en face de ceux qui les donnent, de ne me regarder comme insulté que par mon égal, et de ne demander satisfaction qu'à ceux qui se battent.
- En ce cas, monsieur, vous ne me refuserez sans doute pas de signer ce papier ?
- Voyons, d'abord.
Il me le présenta.
C'était la reconnaissance que l'ordre m'avait été signifié, l'aveu que je faisais d'avoir mérité cette décision, et l'engagement que je prenais de ne jamais remettre le pied dans les Etats romains, sous peine de cinq ans de galères. Je haussai les épaules et lui rendis ce papier.
- Vous refusez, monsieur ?
- Je refuse.
- Trouvez bon que j'envoie chercher deux témoins pour constater votre refus.
- Envoyez.
Les deux témoins arrivèrent et servirent à un double emploi ; non seulement ils constatèrent mon refus, mais encore ils me donnèrent une attestation que j'avais refusée : je mis cette attestation dans une lettre à monsieur le marquis de Tallenay, je la pliai, et la remettant à l'employé de la police de Civita Castellana :
- Maintenant, monsieur, lui dis-je, chargez-vous sur votre responsabilité de faire parvenir cette lettre ; elle est tout ouverte ; la police romaine n'aura pas besoin d'en briser le cachet.
L'employé lut la lettre. Je priais monsieur le marquis de Tallenay d'aller trouver Sa Sainteté, de lui exposer ce qui venait de m'arriver dans ses Etats, et de lui rappeler l'invitation qu'elle m'avait faite elle-même d'y revenir pour la semaine sainte. L'employé me regarda d'un air de doute.
- Vous avez été reçu hier par Sa Sainteté ? me dit-il.
- Voici la lettre de monseigneur Fieschi, qui m'accorde cette grâce.
- Cependant, vous êtes bien monsieur Alexandre Dumas ?
- Je suis bien monsieur Alexandre Dumas.
- Alors, je n'y comprends rien.
- Comme ce n'est pas votre état de comprendre, ayez la bonté, monsieur, de vous borner à faire votre état.
- Eh bien ! mon état, monsieur, est, pour le moment, de vous faire reconduire hors de la frontière.
- Ordonnez que mes effets soient déchargés de la voiture de Venise et faites venir un vetturino.
- Mais je ne dois pas vous cacher que deux carabiniers vous reconduiront jusqu'à Pérouse, et qu'il ne vous sera permis de vous arrêter ni le jour ni la nuit.
- Je connais déjà la route, par conséquent je ne tiens pas à m'arrêter le jour. Quant aux nuits, j'aime autant les passer dans une voiture propre que dans vos auberges sales. Restent donc les voleurs. Vous me donnez une escorte. On n'est pas plus aimable. Je suis prêt à partir, monsieur.
On fit venir mon conducteur, qui me fit payer ma place et mon excédant de bagages jusqu'à Venise, et un vetturino qui, voyant que je n'avais pas le temps de discuter le prix de sa calèche, me demanda deux cents francs pour me conduire jusqu'à Pérouse. C'était cent francs par jour. Je lui comptai les deux cents francs et lui fis signer son reçu. Lorsque je le tins, je lui fis observer qu'il était encore plus bête que voleur, puisqu'il pouvait m'en demander quatre cents, et que j'aurais été obligé de les lui donner de même. Le vetturino comprit parfaitement la chose, et s'arracha les cheveux de désespoir ; mais il n'y avait pas moyen de revenir sur le traité, il était signé.
Un quart d'heure après je roulais sur la route de Pérouse, établi carrément dans mon voiturin, et ayant mes deux carabiniers dans le cabriolet.
Le lendemain j'avais établi, à l'aide d'un vasistas qui communiquait de l'intérieur à l'extérieur, et de quelques bouteilles d'orvietto qui étaient sorties pleines et rentrées vides, de si bonnes relations entre le cabriolet et l'intérieur, que mes carabiniers me proposèrent les premiers de faire une station dans la patrie du Pérugin. J'acceptai, sûr que j'étais par l'expérience que j'en avais faite à mon premier passage de retrouver là une des premières auberges d'Italie. Je donnai en conséquence l'ordre au vetturino de nous conduire à l'hôtel de la Poste.
Je m'attendais à ce que la vue de ma suite changerait quelque peu les dispositions de mon hôte ; mais au contraire, il vint à moi d'un pas plus leste et avec un visage plus gracieux encore que la première fois : c'est qu'en Italie ce sont surtout les idées qu'on reconduit aux frontières, et la considération d'un étranger s'accroît en raison du nombre de gendarmes dont il est escorté. J'eus donc le pas sur un Anglais qui avait eu l'imprudence d'arriver tout seul, et la meilleure chambre et le meilleur dîner de l'hôtel furent pour moi. Quant aux carabiniers qui étaient vraiment d'excellents garçons, je les recommandai à la cuisine.
L'hôte me servit lui-même à table, chose fort rare en Italie, où l'on n'aperçoit jamais le maître de l'auberge qu'au moment où il vous montre la carte ; encore quelquefois s'épargne-t-il cette peine, et se contente-t-il de vous attendre, le chapeau à la main, près du marchepied de la voiture. Cette formalité a pour but de demander si sa seigneurie est contente, et sur sa réponse affirmative, de se recommander aux amis de Son Exellence.
Cependant que les voyageurs qui se trouveraient dans la position où je me trouvais fassent attention aux aubergistes qui les serviront eux-mêmes : tous, peut-être, ne rempliraient pas l'office d'écuyers tranchants avec des intentions aussi désintéressées que l'étaient celles de mon ami l'hôtelier de Pérouse, et quelques paroles imprudentes tombées entre le potage et le macaroni pourraient bien amener pour le dessert un surcroît de gendarmerie locale, avec invitation à l'illustre voyageur de se rendre à la prison de la ville ou de continuer sa route, ce qui n'empêcherait pas Son Excellence de payer le lit, comme je payai l'excédant de bagages.
Mais pour cette fois rien de pareil n'était à craindre : nous causâmes bien pendant le dîner, mais de toutes choses étrangères à la politique, et ce furent le Pérugin et Raphal qui firent tous les frais de la conversation. Au dessert, mon hôte m'apporta l'affiche du théâtre.
- Qu'est cela ? lui dis-je en souriant.
- La liste des pièces que représentent aujourd'hui les comédiens de l'archiduchesse Marie-Louise.
- Que voulez-vous que je fasse de ce papier si vous ne m'apportez pas des cigares avec ?
- Je pensais que Son Exellence irait peut-être au spectacle.
- Certes, Mon Exellence irait très volontiers ; mais je la crois tant soit peu empêchée de faire pour le moment ce que bon lui semble.
- Et par qui ?
- Mais par les honorables carabiniers qu'elle mène à sa suite.
- Point du tout, ils sont aux ordres qu'elle voudra leur donner, et ils l'accompagneront où il lui plaira d'aller.
- Bah ! vraiment ?
- C'est donc la première fois que Son Exellence est arrêtée depuis qu'elle voyage en Italie ? ajouta avec étonnement mon hôte.
- Je vous demande pardon, c'est la troisième mon hôte s'inclina ; mais, les deux premières, je n'ai pas eu le temps de faire d'études, vu que j'ai été relâché au bout d'une heure.
- Je présume que Votre Exellence est dans la disposition de donner à son escorte une bonne main convenable ?
- Deux ou trois écus romains, pas davantage.
- Eh bien ! mais alors Votre Exellence peut aller où elle voudra, elle paie comme un cardinal.
- Ah ! ah ! ah ! fis-je, exprimant ma satisfaction sur trois tons différents.
- Et je vais prévenir les carabiniers.
L'hôte sortit.
Je jetai les yeux sur l'affiche, et je vis qu'on donnait l'Assassin par amour pour sa mère. Diable ! dis-je, c'eût été fâcheux de ne pas voir un pareil ouvrage. L'assassin par amour pour sa mère, ça doit être traduit du théâtre de Berquin ou de madame de Genlis. Quand cela devrait me coûter un écu de plus de bonne main, il faut que je voie la chose. En ce moment mes deux carabiniers entrèrent ; mon hôte les suivait par derrière, il s'arrêta sur la porte de ma chambre de manière à ce que sa figure moitié bonasse, moitié goguenarde, fût seule éclairée par la lumière de ma lampe, et annonça les carabiniers de Son Exellence. Quant à mes deux hommes, ils firent trois pas vers la table, s'arrêtant comme devant un de leurs officiers, tenant le chapeau de la main gauche, se frisant la moustache de la main droite, l'oeil tendre comme des mousquetaires armés, le jarret tendu comme des gardes françaises à la parade.
- Ah ça ! mes enfants, dis-je, prenant le premier la parole, j'ai pensé qu'il vous serait agréable, à vous qui n'allez pas souvent au spectacle, d'y aller ce soir.
Ils se regardèrent du coin de l'oeil.
- En conséquence, je vais faire prendre une loge pour moi, deux parterres pour vous. Nous irons ensemble au théâtre ; j'entrerai dans la loge, vous vous mettrez au-dessous d'elle ; cela vous convient-il ?
- Oui, Exellence, dirent mes deux hommes.
- Que l'un de vous aille donc me chercher une loge, tandis que l'autre me fera monter une fiasque de vin. Mes carabiniers s'inclinèrent et sortirent.
- Eh bien ! mon cher ami, je dis que vous connaissez mieux le pays que moi ; vous en êtes ?
- Oui, dit-il avec un air de satisfaction assaisonné d'un grain de suffisance ; j'ai rendu, Dieu merci ! quelques petits secours de ce genre, depuis quinze ans que je tiens l'hôtel de la Poste. Cela ne fait de tort à personne ; tout le monde, au contraire, s'en trouve bien, voyageurs et carabiniers.
- Et maître d'hôtel, hein ?
- Son Exellence oublie que c'est le vetturino qui paie son dîner et son coucher, et que par conséquent je n'ai aucun intérêt...
- Oui, mais la bonne main ?...
- C'est l'affaire de mes domestiques.
Je me levai et m'inclinai à mon tour devant mon hôte. Ce qu'il venait de me dire était littéralement vrai. Le brave homme m'avait rendu service pour le plaisir de me le rendre.
Un quart d'heure après, mon messager rentra avec la clef de ma loge ; je pris mon chapeau, mes gants, et je descendis l'escalier suivi par l'un de mes gardes ; je trouvai l'autre à dix pas de la porte : dès qu'il m'aperçut, il se mit en route, de sorte que nous nous avancions dans la rue du Cours échelonnés sur trois de hauteur. Au bout de dix minutes, j'étais installé dans ma loge, et mes deux carabiniers dans le parterre.
D'après le titre de l'ouvrage, j'étais venu dans l'intention de rire de la pièce et des acteurs : je fus donc assez étonné de me sentir pris, dès les premières scènes, par une exposition attachante. Je reconnus alors à travers la traduction italienne le faire allemand ; je ne m'étais pas trompé : j'assistais à une pièce d'Iffland.
Au second acte, le rôle principal se développa ; celui qui le remplissait était un beau jeune homme de vingt-huit à trente ans, ayant dans son jeu beaucoup de la mélancolie et de la grâce de celui de Lockroy. Depuis que j'étais en Italie, je n'avais rien vu qui se rapprochât autant de notre théâtre que la composition et l'exécution scénique de cet homme, je cherchai son nom sur l'affiche. Il s'appelait Colomberti.
Lorsque le spectacle fut terminé, je lui écrivis trois lignes au crayon. Je lui disais que, s'il n'avait rien de mieux à faire, je le priais de venir recevoir, dans la loge n° 20, les compliments d'un Français qui ne pouvait les lui porter au théâtre, et je signai.
Cela était d'autant plus facile qu'en Italie la toile se baisse sans que pour cela les spectateurs évacuent la salle, les conversations commencées continuent, les visites en train s'achèvent ; et, une heure après le spectacle, il y a encore quelquefois quinze ou vingt loges habitées.
Colomberti vint donc au bout d'un quart d'heure ; il avait à peine pris le temps de changer de costume ; il connaissait mon nom et avait même traduit Charles Vll ; il accourut donc, selon la coutume italienne, les bras et le visage ouverts. Il était venu à Paris en 1830, y avait étudié notre théâtre, le connaissait parfaitement, et venait d'avoir un succès immense dans Elle est folle.
Nous causâmes longtemps de Scribe, qui est l'homme à la mode en Italie comme en France ; quant à moi, j'aurais cru que son talent, plein d'esprit de finesse locale, perdrait beaucoup au milieu d'un pays et d'une société étrangère. Mais point ; Colomberti me raconta quelques-uns de ses petits chefs-d'oeuvre, et je vis qu'il y restait encore, en dépouillant le style et les mots, une habileté de construction qui leur conservait dans une autre langue, sinon leur couleur, du moins leur intérêt. Les directeurs de théâtre ont si bien compris cela qu'ils mettent, comme nous l'avons dit, toutes les pièces sous le nom de notre illustre confrère, ce qui a bien aussi quelquefois son inconvénient.
Après avoir passé en revue à peu près toute notre littérature moderne, Colomberti revint à moi. Il me dit que mes ouvrages étaient défendus depuis Pérouse jusqu'à Terracine, et depuis Piombino jusqu'à Ancône. Puis il s'étonna que, dans un pays où ne pouvaient entrer mes oeuvres, je voyageasse aussi librement. Je lui montrai alors de ma loge mes deux carabiniers debout au parterre. Colomberti eut un mouvement de physionomie d'un comique admirable.
Je pris congé de lui en lui souhaitant toutes sortes de succès, qu'il est homme à obtenir, et dix minutes après nous rentrâmes à l'hôtel, moi et mes carabiniers, dans le même ordre que nous étions sortis.
Le lendemain, nous nous mîmes en route au point du jour. Vers les onze heures, nous aperçûmes le lac de Trasimeno. A midi, nous atteignîmes la frontière.
Il n'y a si bonne compagnie qu'il ne faille quitter, disait le roi Dagobert à ses chiens. Quant à moi, le moment était venu de me séparer de la meute pontificale. La voiture s'arrêta juste au milieu de la ligne qui sépare la Toscane des Etats Romains. Mes deux carabiniers descendirent tous deux, mirent le chapeau à la main, et tandis que l'un me montrait la limite des deux territoires, l'autre me lisait l'avis ministériel qui me condamnait à cinq ans de galères si jamais il me reprenait la fantaisie de mettre le pied sur les terres de Sa Sainteté. Je lui donnai quatre écus pour sa peine, à la charge cependant d'en remettre deux à son camarade ; et chacun de nous reprit sa route, eux enchantés de moi, moi débarrassé d'eux.
Le lendemain soir j'arrivai dans la ville de Florence.
Quatre jours après, je reçus une réponse du marquis de Tallenay. Le pape avait été extrêmement peiné de ce qui venait de m'arriver, et avait eu la bonté de se faire rendre compte à l'instant même des causes de mon arrestation.
Voici ce qui était arrivé :
Au moment de mon départ de Paris, quelque Soval romain avait écrit que M. Alexandre Dumas, ex-vice président du comité des récompenses nationales, membre du comité polonais, et de plus auteur d'Antony, d'Angèle, de Teresa et d'une foule d'autres pièces non moins incendiaires, était sur le point de partir, avec une mission de la vente parisienne, pour révolutionner Rome. En conséquence, ordre avait été donné à l'instant même de ne pas laisser passer la frontière romaine à monsieur Alexandre Dumas, et, s'il passait par hasard, de le reconduire en toute hâte de l'autre côté.
Malheureusement, comme on m'attendait par la route de Sienne, l'ordre fut échelonné sur la susdite route.
Mais, comme on l'a vu, j'arrivai par la route de Pérouse, ce qui fît qu'on me laissa tranquillement passer.
A mon arrivée à Rome, on rendit compte à la police de mon arrivée : la police donna ordre de me surveiller ; mais comme je ne commis pendant le séjour que je fis dans la capitale des Etats pontificaux aucun attentat, ni contre la morale, ni contre la religion, ni contre la politique, on pensa que je valais probablement mieux que la réputation que l'on m'avait faite, et l'on me laissa tranquille ; mais sans cependant avoir la précaution de révoquer l'ordre donné.
C'était cette négligence dont je devais être victime au départ, et dont j'étais seulement victime au retour.
Cette explication était accompagnée d'une nouvelle invitation de Sa Sainteté de revenir à Rome, et de l'assurance que l'ordre avait été donné de m'en ouvrir les portes à deux battants.
Et voilà comment, en partant pour Venise, j'étais arrivé à Florence.

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© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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