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Chapitre LV
La victoire

Championnet, se tournant vers l'aide de camp Villeneuve :

– Vous voyez d'ici Macdonald ? lui dit-il.

– Non-seulement je le vois, général, répondit l'aide de camp, mais je l'admire !

– Et vous faites bien. C'est une belle étude pour vous, jeunes gens. Voilà comme il faut être au feu.

– Vous vous y connaissez, général, dit Villeneuve.

– Eh bien, allez à lui, dites-lui de tenir ferme une demi-heure encore, et que la journée est à nous.

– Pas d'autre explication ?

– Non, si ce n'est que, aussitôt qu'il verra se manifester parmi les Napolitains un certain trouble dont il ne pourra comprendre la cause ; je l'invite à se reformer en colonne d'attaque, à faire battre la charge et à marcher en avant. Deux de ces messieurs vous suivront, continua Championnet en indiquant deux jeunes officiers qui attendaient impatiemment ses ordres, et, dans le cas où il vous arriverait malheur, vous suppléeront ; dans le cas contraire, ce que j'espère, mon cher Villeneuve, l'un d'eux ira à Duhesme, l'autre aux carrés de gauche ; la même chose à dire à chacun, ajouter seulement : « Le général répond de tout. »

Les trois officiers, fiers d'être choisis par Championnet, partirent au galop pour s'acquitter de leur mission.

Championnet les suivit des yeux ; il vit les braves jeunes gens s'engager dans la fournaise ardente et se rendre chacun au poste qui lui était assigné.

– Brave jeunesse !... murmura-t-il ; avec des hommes comme ceux-là, bien maladroit serait celui qui se laisserait battre.

Cependant les deux corps républicains avançaient rapidement, cavalerie en tête, l'infanterie marchant au pas de course, sans que rien annonçât leur approche aux Napolitains, sur lesquels il était évident qu'ils allaient tomber à l'improviste.

Tout à coup, sur les deux flancs de l'armée royale, les trompettes républicaines sonnèrent la charge, et, pareils à deux avalanches renversant tout ce qui se trouve sur leur passage, les deux corps de cavalerie se ruèrent sur cette masse compacte, dans laquelle ils entrèrent en frayant un chemin à l'infanterie, tandis qu'autour d'elle, trois pièces d'artillerie légère manœuvraient comme des tonnerres volants.

Ce qu'avait prévu Championnet arriva : les Napolitains, ne sachant d'où venaient ces nouveaux adversaires qui semblaient tomber du ciel, commencèrent à se débander ; Macdonald et Duhesme reconnurent, à l'oscillation de l'ennemi et à l'amollissement de ses coups, qu'il se passait dans l'armée du général Mack quelque chose d'extraordinaire et d'imprévu ; que ce quelque chose était probablement ce qu'avait indiqué Championnet, et que le moment était venu d'exécuter ses instructions ; en conséquence, Macdonald rompit ses carrés, Duhesme en fit autant, les autres chefs les imitèrent, les carrés s'allongèrent en colonnes et se soudèrent les uns aux autres comme les tronçons de trois immenses serpents, le terrible pas de charge retentit, les baïonnettes menaçantes s'abaissèrent, les cris de « Vive la République ! » se firent entendre, et, devant l'élan irrésistible de la furia francese, les Napolitains s'écartèrent.

– Allons, amis, cria Championnet aux cinq on six cents hommes gardés par lui comme réserve, qu'il ne soit pas dit que nos frères aient vaincu sous nos yeux et que nous n'avons pas pris part à la victoire. En avant !

Et, entraînant ses hommes dans l'horrible mêlée, lui aussi vint faire sa brèche dans la muraille vivante.

Au milieu de cet immense désordre, où Dieu, qui semblait avoir conduit les différents corps français par la main, eût pu seul se reconnaître, un grand malheur faillit arriver. Après avoir culbuté chacun de son côté les Napolitains, après les avoir écartés comme le coin écarte le chêne, le corps de Kellermann et celui qui venait de Riéti, c'est-à-dire les dragons de Kellermann et les Polonais de Kniasewitch, se rencontrèrent et se prirent pour deux corps ennemis : les dragons pointèrent leurs sabres, les Polonais abaissèrent leurs lances, quand tout à coup deux jeunes gens se précipitèrent dans l'espace libre en criant de chaque côté : « Vive la République ! » et en se précipitant dans les bras l'un de l'autre. Ces deux jeunes gens, c'était, du côté de Kellermann, Hector Caraffa, qui, on se le rappelle, était allé demander ce renfort à Joubert ; c'était, du côté de Kniasewitch et de Pignatelli, Salvato Palmieri, qui, en venant de Naples pour rejoindre son général, était tombé au milieu des Polonais et de la légion romaine ; tous deux, las d'un long repos, guidés par leur courage et par leur haine, avaient pris la tête de colonne, et, les premiers à la charge, frappant d'une égale ardeur, pareils à des faucheurs qui, partis chacun de l'extrémité opposée d'un champ de blé, se rencontrent au milieu de ce champ, ils s'étaient rencontrés au centre de l'armée napolitaine et s'étaient reconnus assez à temps pour que Français et Polonais ne tirassent point les uns sur les autres.

Si l'on a pris, par l'exposition que nous en avons faite, une idée exacte du caractère des deux jeunes gens, on doit comprendre quelle joie pure et profonde ils éprouvèrent, après deux mois de séparation, à se presser dans les bras l'un de l'autre, au milieu de ce cri magique poussé par dix mille voix : « Victoire ! victoire ! »

Et, en effet, la victoire était complète, les trois colonnes de Duhesme et de Macdonald avaient, comme celles de Kellermann et de Kniasewitch, pénétré jusqu'au cœur de l'armée napolitaine en marchant sur le corps de tout ce qui avait voulu lui résister.

Championnet arriva pour achever la déroute ; elle fut terrible, insensée, inouïe. Trente mille Napolitains, vaincus, dispersés, fuyant dans toutes les directions, se débattaient au milieu de douze mille Français vainqueurs, combinant tous leurs mouvements avec un implacable sang-froid pour anéantir d'un seul coup un ennemi trois fois plus nombreux qu'eux.

Au milieu de cette effroyable débâcle, au milieu des morts, des mourants, des blessés, des canons abandonnés, des fourgons entr'ouverts, des armes jonchant le sol, des prisonniers se rendant par mille, les chefs se rejoignirent ; Championnet pressa dans ses bras Salvato Palmieri et Hector Caraffa, et les fit tous deux chefs de brigade sur le champ de bataille, leur laissant, ainsi qu'à Macdonald et à Duhesme, tous les honneurs d'une victoire qu'il avait dirigée, serra les mains de Kellermann, de Kniasewitch, de Pignatelli, leur dit que par eux Rome était sauvée, mais que ce n'était point assez de sauver Rome, qu'il fallait conquérir Naples ; qu'en conséquence, on ne devrait donner aucun relâche aux Napolitains, mais au contraire les poursuivre à outrance et couper, s'il était possible, les défilés des Abruzzes au roi de Naples et à son armée.

En conséquence du plan qu'il venait d'exposer à ses lieutenants, Championnet ordonna aux corps les moins fatigués de se remettre en marche et de poursuivre ou même de devancer l'ennemi ; Salvato Palmieri et Ettore Caraffa s'offrirent pour servir de guides aux corps qui, par Civita-Ducale, Tagliacozzo et Sora, devaient faire invasion dans le royaume des Deux-Siciles, Championnet accepta. Maurice Mathieu et Duhesme furent chargés de commander les deux avant-gardes, qui devaient s'avancer, l'une par Albano et Terracine, l'autre par Tagliacozzo et Sora ; ils auraient sous leurs ordres Kniasewitch et Pignatelli, Lemaire, Rusca et Casabianca, que l'on avertirait de quitter leurs positions, tandis que Championnet et Kellermann rallieraient les différents corps épars, prendraient en passant Lahure à Regnano, rentreraient à Rome, y rétabliraient le gouvernement républicain ; après quoi, l'armée française, marchant le plus rapidement possible sur les pas de son avant-garde, se dirigerait immédiatement sur Naples.

Ce conseil tenu à cheval, en plein air, les pieds dans le sang, on s'occupa de recueillir les trophées de la victoire.

Trois mille morts étaient couchés sur le champ de bataille ; autant de blessés, cinq mille prisonniers étaient désarmés et conduits à Civita-Castellana ; huit mille fusils étaient jetés sur le sol ; trente canons et soixante caissons, abandonnés de leurs artilleurs et de leurs chevaux, justifiaient la prédiction de Championnet, qui avait dit qu'avec deux millions de cartouches, dix mille Français ne manquaient jamais de canons. Enfin, au milieu de tous les bagages, de tous les effets de campement tombés au pouvoir de l'armée républicaine, on amenait au général Championnet deux fourgons pleins d'or.

C'était le trésor de l'armée royale, montant à sept millions.

Une partie de la traite tirée par sir William sur la banque d'Angleterre, endossée par Nelson, escomptée par les Backer, allait servir à remettre au courant la solde de l'armée française.

Chaque soldat reçut cent francs. Un million deux cent mille francs y passèrent. La part des morts fut faite et distribuée aux survivants. Chaque caporal eut cent vingt francs ; chaque sergent, cent cinquante ; chaque sous-lieutenant, quatre cents ; chaque lieutenant, six cents ; chaque capitaine, mille ; chaque colonel, quinze cents ; chaque chef de brigade, deux mille cinq cents ; chaque général, quatre mille.

La distribution fut faite le même soir, aux flambeaux, par le payeur de l'armée, qui, depuis l'entrée en campagne de 1792, ne s'était jamais trouvé si riche. Elle eut lieu sur le champ de bataille même.

On résolut de réserver quinze cent mille francs pour acheter aux soldats des habits et des souliers, et l'on envoya le reste, c'est-à-dire près de quatre millions, en France.

Dans sa lettre au Directoire, lettre dans laquelle il lui annonçait sa victoire et le nom de tous ceux qui s'étaient distingués, Championnet rendait compte des trois millions cinq ou six cent mille francs qu'il avait distribués ou dont il avait décidé l'emploi ; puis il demandait que MM. les directeurs voulussent bien l'autoriser à prendre pour lui cette même somme de quatre mille francs qu'il avait fait distribuer aux autres généraux, mais dont il n'avait pas pris la liberté de faire l'application à lui-même.

La nuit fut une nuit de fête ; les blessés étouffaient leurs gémissements pour ne pas attrister leurs compagnons d'armes ; les morts furent oubliés. N'était-ce point assez pour eux d'être morts en un jour de victoire !

Cependant, le roi, resté à Rome, y avait bientôt repris ses habitudes de Naples ; le jour même de la bataille, il était allé, avec une escorte de trois cents hommes, chasser le sanglier à Corneto, et, comme il lui avait été impossible de réunir une meute de bons chiens à Rome, il avait, dans des fourgons, fait venir en poste ses chiens de Naples.

La veille au soir, il avait reçu de Mack une dépêche de Baccano en date de deux heures de l'après-midi ; elle était conçue en ces termes :

« Sire, j'ai l'honneur d'annoncer à Votre Majesté qu'aujourd'hui j'ai attaqué l'avant-garde française, qui, après une vigoureuse défense, a été détruite. L'ennemi a perdu cinquante hommes, tandis que la bienheureuse Providence a permis que nous n'ayons qu'un mort et deux blessés.

» On m'assure que Championnet a l'audace de m'attendre à Civita-Castellana ; demain, je marche sur lui au point du jour, et, s'il ne se met pas en retraite, je l'écrase. à huit heures du matin, Votre Majesté entendra mon canon ou plutôt son canon, et elle pourra dire : « La danse a commencé ! »

» Ce soir, part un corps de quatre mille hommes pour forcer les défilés d'Ascoli, et, au point du jour, un second corps de même nombre pour forcer celui de Terni et prendre l'ennemi à revers, tandis que je l'attaquerai de face.

» Demain, s'il plaît à Dieu, Votre Majesté aura de bonnes nouvelles de Civita-Castellana, et, si elle va au spectacle, pourra, entre deux actes, apprendre que les Français ont évacué les états romains.

» J'ai l'honneur d'être avec respect,

» De Votre Majesté, etc.,

» Baron MACK. »

Cette lettre avait été très-agréable au roi ; il l'avait reçue au dessert, l'avait lue tout haut, avait fait son whist, avait gagné cent ducats au marquis Malaspina, ce qui avait beaucoup réjoui Sa Majesté, attendu que le marquis Malaspina était pauvre, s'était couché par là-dessus, n'avait fait qu'un somme jusqu'à six heures, où on l'avait éveillé, était parti à six heures et demie pour Corneto, y était arrivé à dix, avait écouté, avait entendu le canon, et avait dit :

– Voilà Mack qui écrase Championnet. La danse a commencé.

Et il s'était mis en chasse, avait tué de sa main royale trois sangliers, était revenu fort content, avait jeté un regard de travers sur le château Saint-Ange, dont le drapeau tricolore lui tirait désagréablement l'œil, avait récompensé et régalé son escorte, avait fait dire qu'il honorerait de sa présence le théâtre Argentina, où l'on jouait le Matrimonio segreto, de Cimarosa, et un ballet de circonstance intitulé l'Entrée d'Alexandre à Babylone.

Il va sans dire que c'était le roi Ferdinand qui était Alexandre.

Le roi dîna confortablement avec ses familiers, le duc d'Ascoli, le marquis Malaspina, le duc de la Salhandra, son grand veneur, qu'il avait fait venir de Naples avec ses chiens, son premier écuyer, le prince de Migliano, ses deux gentilshommes en exercice, le duc de Sora et le prince Borghèse, et enfin son confesseur, monseigneur Rossi, archevêque de Nicosia, qui, tous les matins, lui disait une messe basse, et, tous les huit jours, lui donnait l'absolution.

à huit heures, Sa Majesté monta en voiture et se rendit au théâtre Argentina, éclairé à giorno ; une loge magnifique lui avait été préparée, avec une table toute servie dans le salon qui la précédait, afin que, dans l'entr'acte de l'opéra au ballet, elle pût manger son macaroni comme elle le faisait à Naples ; or, le bruit avait couru que ce spectacle était ajouté à celui qui était promis par l'affiche, et la salle regorgeait de monde.

L'entrée de Sa Majesté fut accueillie par les plus vifs applaudissements.

Sa Majesté avait eu le soin de prévenir au palais Farnèse qu'on lui envoyât, au théâtre Argentina, les courriers qui pourraient lui arriver de la part du général Mack, et le régisseur du théâtre, prévenu de son côté, se tenait prêt, en grand costume, à faire lever la toile et à annoncer que les Français avaient évacué les états romains.

Le roi écouta le chef-d'œuvre de Cimarosa avec une distraction dont il n'était pas le maître. Peu accessible en tout temps aux charmes de la musique, il y était encore plus indifférent ce soir-là que les autres soirs ; il lui semblait toujours entendre le canon du matin, et il prêtait bien plus l'oreille aux bruits qui venaient du corridor qu'à ceux de l'orchestre et du théâtre.

La toile tomba sur le dénoûment du Matrimonio segreto, au milieu des hourras de la salle tout entière ; on rappela le castrat Veluti, qui, quoique âgé de plus de quarante ans et fort ridé hors de la scène, jouait encore l'amoureuse avec le plus grand succès, et qui vint modestement, l'éventail à la main, les yeux baissés et faisant semblant de rougir, tirer ses trois révérences au public, et deux laquais en grande livrée apportèrent dans la loge royale la table du souper, chargée de deux candélabres supportant chacun vingt bougies, et entre lesquels s'élevait un plat de macaroni gigantesque, surmonté d'une appétissante couche de tomates.

C'était au tour du roi à donner sa représentation.

Sa Majesté s'avança sur le devant de la loge, et, avec sa pantomime accoutumée, annonça au public romain qu'il allait avoir l'honneur de lui voir manger son macaroni à la manière de Polichinelle.

Le public romain, moins démonstratif que le public napolitain, accueillit cette annonce mimique avec assez de froideur ; mais le roi fit au parterre un signe qui voulait dire : « Vous ne savez pas ce que vous allez voir ; quand vous l'aurez vu, vous m'en donnerez des nouvelles. »

Puis, se retournant vers le duc d'Ascoli :

– Il me semble, dit-il, qu'il y a cabale ce soir.

– Ce n'est qu'un ennemi de plus dont Votre Majesté aura à triompher, lui répondit le courtisan, et cela ne l'inquiète point.

Le roi remercia son ami par un sourire, prit le plat de macaroni d'une main, s'avança sur le devant de la loge, opéra, avec l'autre main, le mélange de la pomme d'or avec la pâte, et, ce mélange achevé, ouvrit une bouche démesurée dans laquelle, avec cette même main dédaigneuse de la fourchette, il fit tomber une cascade de macaroni qui ne pouvait se comparer qu'à cette fameuse cascade de Terni dont le général Lemoine avait été chargé par Championnet de défendre l'approche aux Napolitains.

à cette vue, les Romains, si graves et ayant conservé de la dignité suprême une si haute idée, éclatèrent de rire. Ce n'était plus un roi qu'ils avaient devant les yeux, c'était Pasquin, c'était Marforio, c'était encore moins que cela, c'était le bouffon Osque Pulcinella.

Le roi, encouragé par ces rires, qu'il prit pour des applaudissements, avait déjà vidé la moitié de son saladier, et, s'apprêtant à engloutir le reste, en était à sa troisième cascade, lorsque, tout à coup, la porte de sa loge s'ouvrit avec un fracas tellement en dehors de toutes les règles de l'étiquette, qu'il pivota sur lui-même la bouche ouverte et la main en l'air, pour voir quel était le malotru qui se permettait de le troubler au beau milieu de cette importante occupation.

Ce malotru, c'était le général Mack en personne, mais si pâle, si effaré, si couvert de poussière, qu'à son seul aspect et sans lui demander quelles nouvelles il apportait, le roi laissa tomber son saladier et essuya ses doigts avec son mouchoir de batiste.

– Est-ce que... ? demanda-t-il.

– Hélas, sire !... répondit Mack.

Tous deux s'étaient compris.

Le roi s'élança dans le salon de la loge en refermant la porte derrière lui.

– Sire, lui dit le général, j'ai abandonné le champ de bataille, j'ai laissé l'armée pour venir dire moi-même à Votre Majesté qu'elle n'a pas un instant à perdre.

– Pour quoi faire ? demanda le roi.

– Pour quitter Rome.

– Quitter Rome ?

– Ou bien elle risquera que les Français soient avant elle aux défilés des Abruzzes.

– Les Français avant moi aux défilés des Abruzzes ! Mannaggio san Gennaro ! Ascoli, Ascoli !

Le duc entra dans le salon.

– Dis aux autres de rester jusqu'à la fin du spectacle, tu entends ? Il est important qu'on les voie dans la loge, pour que l'on ne se doute de rien, et viens avec moi.

Le duc d'Ascoli transmit l'ordre du roi aux courtisans, fort préoccupés de ce qui se passait, mais qui cependant étaient loin de soupçonner l'entière vérité, et rejoignit le roi, qui avait déjà gagné le corridor en criant :

– Ascoli ! Ascoli ! mais viens donc, imbécile ! N'as-tu pas entendu que l'illustre général Mack a dit qu'il n'y avait pas un instant à perdre, ou que ces fils de... Français seraient avant nous à Sora ?

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