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Chapitre XCVII
L'exécution

Jeanne attendait toujours que ce greffier promis par le concierge vînt lui lire l'arrêt rendu contre elle.

En effet, n'ayant plus les angoisses du doute, conservant à peine celles de la comparaison, c'est-à-dire de l'orgueil, elle se disait :

« Que m'importe à moi, esprit solide je le suppose, que monsieur de Rohan ait été regardé comme moins coupable que moi ?

« Est-ce à moi qu'on inflige la peine d'une faute ? Non. Si j'eusse été bien et dûment reconnue Valois par tout le monde, si j'eusse pu avoir, comme l'a eue monsieur le cardinal, toute une haie de princes et de ducs échelonnés sur le passage des juges, suppliant par leur attitude, par leurs crêpes à l'épée, par leurs pleureuses, je ne crois pas qu'on eût rien refusé à la pauvre comtesse de La Motte, et certainement, en prévision de cette illustre supplique, on eût épargné à la descendante des Valois l'affront de la sellette.

« Mais pourquoi s'occuper de tout ce passé qui est mort ? La voilà donc terminée cette grande affaire de ma vie. Placée d'une façon équivoque dans le monde, d'une façon équivoque à la cour, exposée à être renversée par le premier souffle venu d'en haut, je végétais, je retournais peut-être à cette misère primordiale qui a été l'apprentissage douloureux de ma vie. Maintenant, rien de pareil. Bannie ! je suis bannie ! c'est-à-dire que j'ai le droit d'emporter mon million dans ma caisse, de vivre sous les orangers de Séville ou d'Agrigente pendant l'hiver, en Allemagne ou en Angleterre pendant l'été ; c'est-à-dire que rien ne m'empêchera, jeune, belle, célèbre, et pouvant expliquer mon procès moi-même, de vivre comme je l'entendrai, soit avec mon mari, s'il est banni comme moi, et je le sais libre, soit avec les amis que donnent toujours le bonheur et la jeunesse !

« Et, ajoutait Jeanne, perdue dans ses pensées ardentes, qu'on vienne me dire ensuite à moi la condamnée, à moi la bannie, à moi la pauvre humiliée, que je ne suis pas plus riche que la reine, plus honorée que la reine, plus absoute que la reine ; car il ne s'agissait pas pour elle de ma condamnation. Le ver de terre n'importe en rien au lion. Il s'agissait de faire condamner monsieur de Rohan, et monsieur de Rohan a été mis hors de cause !

« Maintenant, comment vont-ils s'y prendre pour me signifier l'arrêt, comme aussi pour me faire conduire hors du royaume ? Se vengeront-ils sur une femme en l'assujettissant aux pratiques les plus strictes de la pénalité ? Me confiera-t-on aux archers pour me mener à la frontière ? Me dira-t-on solennellement : Indigne ! le roi vous bannit de son royaume. Non, mes maîtres sont débonnaires, fit-elle en souriant ; ils ne m'en veulent plus à moi. Ils n'en veulent qu'à ce bon peuple parisien qui hurle sous leurs balcons : Vive monsieur le cardinal ! vive Cagliostro ! vive le parlement ! Voilà leur véritable ennemi : le peuple. Oh ! oui, c'est leur ennemi direct, puisque j'avais compté, moi, sur l'appui moral de l'opinion publique – et que j'ai réussi ! »

Jeanne en était là et faisait ses petits préparatifs en réglant ses comptes avec elle-même. Elle s'occupait déjà du placement de ses diamants, de son établissement à Londres (on était en été), lorsque le souvenir de Réteau de Villette lui traversa, non pas le cœur, mais l'esprit.

« Pauvre garçon ! dit-elle avec un sourire méchant, c'est lui qui a payé pour tous. Il faut donc toujours aux expiations une âme vile dans le sens philosophique, et chaque fois que ces sortes de nécessités surgissent, le bouc émissaire surgit avec le coup qui le dévorera.

« Pauvre Réteau ! chétif, misérable, il paie aujourd'hui ses pamphlets contre la reine, ses conspirations de plume, et Dieu, qui fait à chacun sa part en ce monde, aura voulu faire à celui-là une existence de coups de bâton, de louis d'or intermittents, de guets-apens, de cachettes, avec un dénouement de galères. Voilà ce que c'est que la ruse au lieu de l'intelligence, que la malice au lieu de la méchanceté, que l'esprit d'agression sans la persévérance et la force. Combien d'êtres malfaisants dans la création, depuis le ciron venimeux jusqu'au scorpion, le premier des petits qui se fasse redouter de l'homme ! Toutes ces infirmités veulent nuire, mais elles n'ont pas l'honneur de la lutte : on les écrase. »

Et Jeanne enterrait avec cette pompe commode son complice Réteau, bien décidée qu'elle était à s'informer du bagne dans lequel on renfermerait le misérable pour ne pas s'y aventurer en voyage, pour ne pas aller faire cette humiliation à un malheureux, de lui montrer le bonheur d'une ancienne connaissance. Jeanne avait bon cœur.

Elle prit gaiement son repas avec les concierges ; ceux-ci avaient totalement perdu leur gaieté ; ils ne prenaient plus la peine de dissimuler leur gêne. Jeanne attribua ce refroidissement à la condamnation dont elle venait d'être l'objet. Elle leur en fit l'observation. Ils répondirent que rien n'était aussi douloureux pour eux que l'aspect des personnes, après un arrêt prononcé.

Jeanne était si heureuse au fond du cœur, elle avait tant de mal à dissimuler sa joie, que l'occasion de rester seule, libre avec ses pensées, ne pouvait lui être que très agréable. Elle se promit de demander après le dîner à retourner dans sa chambre.

Elle fut bien surprise quand le concierge Hubert, prenant la parole au dessert, avec une solennité contrainte qu'il n'avait pas l'habitude de mettre dans ses relations :

– Madame, dit-il, nous avons l'ordre de ne plus garder à la geôle les personnes sur le sort desquelles a statué le parlement.

« Bien, se dit Jeanne, il va au-devant de mes désirs. »

Elle se leva.

– Je ne voudrais pas, répondit-elle, vous mettre en contravention ; ce serait mal reconnaître les bontés que vous avez eues pour moi... Je vais donc retourner dans ma chambre.

Elle regarda pour voir l'effet de ses paroles. Hubert roulait une clef dans ses doigts. La concierge détournait sa tête, comme pour cacher une émotion nouvelle.

– Mais, ajouta la comtesse, où viendra-t-on me lire l'arrêt, et quand viendra-t-on ?

– On attend peut-être que madame soit chez elle, se hâta de dire Hubert.

« Décidément, il m'éloigne », pensa Jeanne.

Et un vague sentiment d'inquiétude la fit tressaillir, aussitôt évaporé qu'il avait apparu dans son cœur.

Jeanne monta les trois marches qui conduisaient de cette chambre du concierge au couloir du greffe.

La voyant partir, madame Hubert vint à elle précipitamment et lui prit les mains, non pas avec respect, non pas avec amitié vraie, non pas avec cette susceptibilité qui honore celui qui la témoigne et celui qui en est l'objet, mais avec une compassion profonde, avec un élan de pitié qui n'échappa point à l'intelligente comtesse, à elle qui remarquait tout.

Cette fois, l'impression fut si nette, que Jeanne s'avoua qu'elle ressentait de l'effroi ; mais l'effroi fut rejeté comme l'avait été l'inquiétude, au-dehors de cette âme emplie jusqu'aux bords parla joie et l'espérance.

Toutefois, Jeanne voulait demander compte à madame Hubert de sa pitié ; elle ouvrait la bouche et redescendait deux degrés pour formuler une de ces questions précises et vigoureuses comme son esprit, mais elle n'en eut pas le temps. Hubert lui prit la main, moins poliment que vivement, et ouvrit la porte.

La comtesse se vit dans le couloir. Huit archers de la prévôté attendaient là. Qu'attendaient-ils ? Voilà ce que se demanda Jeanne en les apercevant. Mais la porte du concierge était déjà refermée. En avant des archers se trouvait un des porte-clefs ordinaires de la prison, celui qui, chaque soir, reconduisait la comtesse à sa chambre.

Cet homme se mit à précéder Jeanne, comme pour lui montrer le chemin.

– Je rentre chez moi ? dit la comtesse avec le ton d'une femme qui voudrait paraître sûre de ce qu'elle dit, mais qui doute.

– Oui, madame, répliqua le guichetier.

Jeanne saisit la rampe de fer et monta derrière cet homme. Elle entendit les archers qui chuchotaient à quelques pas plus loin, mais qui ne bougèrent pas de place.

Rassurée, elle se laissa enfermer dans sa chambre, et remercia même affectueusement le guichetier. Celui-ci se retira.

Jeanne ne se vit pas plus tôt libre et seule chez elle, que sa joie éclata extravagante, joie bâillonnée trop longtemps par ce masque dont elle avait caché hypocritement son visage chez le concierge. Cette chambre de la Conciergerie, c'était sa loge, à elle, bête fauve un moment enchaînée par les hommes, et qu'un caprice de Dieu allait de nouveau lancer dans le libre espace du monde.

Et, dans sa tanière ou dans sa loge, quand il fait bien nuit, quand aucun bruit n'annonce à la captive la vigilance de ses gardiens ; quand son flair subtil ne démêle aux alentours aucune trace, alors commencent les bondissements de cette nature sauvage. Alors, elle étire ses membres pour les assouplir aux élans de l'indépendance attendue ; alors, elle a des cris, des bonds ou des extases, que ne surprend jamais l'œil de l'homme.

Pour Jeanne, ce fut ainsi. Tout à coup elle entendit marcher dans son corridor ; elle entendit les clefs tinter dans le trousseau du guichetier ; elle entendit solliciter la serrure massive.

« Que me veut-on ? » pensa-t-elle en se redressant attentive et muette.

Le guichetier entra.

– Qu'y a-t-il, Jean ? demanda Jeanne de sa voix douce et indifférente.

– Madame veut-elle me suivre ? dit-il.

– Où cela ?

– En bas, madame.

– Comment, en bas ?...

– Au greffe.

– Pour quoi faire, je vous prie ?

– Madame...

Jeanne s'avança vers cet homme qui hésitait, et elle aperçut, à l'extrémité du corridor, les archers de la prévôté, que d'abord elle avait rencontrés en bas.

– Enfin, s'écria-t-elle avec émotion, dites-moi ce que l'on veut de moi au greffe ?

– Madame, c'est monsieur Doillot, votre défenseur, qui voudrait vous entretenir.

– Au greffe ? Pourquoi pas ici, puisque plusieurs fois il a eu la permission d'y venir ?

– Madame, c'est que monsieur Doillot a reçu des lettres de Versailles, et qu'il veut vous en donner connaissance.

Jeanne ne remarqua point combien était illogique cette réponse. Un seul mot la frappa : des lettres de Versailles, des lettres de la cour, sans doute, apportées par le défenseur lui-même.

– Est-ce que la reine aura intercédé auprès du roi après la publication de l'arrêt ? Est-ce que ?...

Mais à quoi bon faire des conjectures ; avait-on le temps, cela était-il nécessaire quand, après deux minutes, on pouvait trouver la solution du problème.

D'ailleurs, le porte-clefs insistait ; il agitait ses clefs comme un homme qui, à défaut de bonnes raisons, objecte une consigne.

– Attendez-moi un peu, dit Jeanne, vous voyez que je m'étais déjà déshabillée pour prendre un peu de repos, j'ai tant fatigué ces jours derniers.

– J'attendrai, madame ; mais, je vous en prie, songez que monsieur Doillot est pressé.

Jeanne ferma sa porte, passa une robe un peu plus fraîche, prit un mantelet, et vivement arrangea ses cheveux. Elle mit à peine cinq minutes à ces préparatifs. Son cœur lui disait que monsieur Doillot apportait l'ordre de partir sur-le-champ, et le moyen de traverser la France d'une façon à la fois discrète et commode ! Oui, la reine avait dû penser à ce que son ennemie fût enlevée le plus tôt possible. La reine, à présent que l'arrêt était rendu, devait s'efforcer d'irriter cette ennemie le moins possible, car si la panthère est dangereuse enchaînée, que ne doit-on pas craindre d'elle quand elle est libre ? Bercée par ces heureuses pensées, Jeanne vola plutôt qu'elle ne courut derrière le porte-clefs, qui lui fit descendre le petit escalier par où déjà on l'avait menée à la salle d'audience. Mais au lieu d'aller jusqu'à cette salle, au lieu de tourner à gauche pour entrer au greffe, le geôlier se tourna vers une petite porte située à droite.

– Où allez-vous donc ? demanda Jeanne, le greffe est ici.

– Venez, venez, madame, dit mielleusement le guichetier ; c'est par ici que monsieur Doillot vous attend.

Il passa d'abord et attira vers lui la prisonnière, qui entendit fermer avec fracas sur elle les verrous extérieurs de cette porte massive.

Jeanne, surprise, mais ne voyant encore personne dans l'obscurité, n'osa rien demander de plus à son gardien.

Elle fit deux ou trois pas et s'arrêta. Un jour bleuâtre donnait à la chambre où elle se trouvait comme l'aspect d'un intérieur de tombeau.

La lumière filtrait du haut d'un grillage antique par lequel, à travers les toiles d'araignées et la centuple couche d'une poussière séculaire, quelques rayons blafards parvenaient seuls à donner un peu de leur reflet aux murailles.

Jeanne sentit tout à coup le froid ; elle sentit l'humidité de ce cachot, elle devina quelque chose de terrible dans les yeux flamboyants du porte-clefs.

Cependant, elle ne voyait encore que cet homme ; lui seul avec la prisonnière occupait en ce moment l'intérieur de ces quatre murs, tout verdis par l'eau échappée des châssis, tout moisis par le passage d'un air que n'avait jamais tiédi le soleil.

– Monsieur, dit-elle alors, en dominant l'impression de terreur qui la faisait frissonner, que faisons-nous ici tous deux ? Où est monsieur Doillot, que vous m'avez promis de me faire voir ?

Le porte-clefs ne répondit rien ; il se retourna comme pour voir si la porte par laquelle ils étaient entrés s'était bien solidement refermée.

Jeanne suivit ce mouvement avec épouvante. L'idée lui vint, comme dans ces romans noirâtres de l'époque, qu'elle avait affaire à l'un de ces geôliers, fauves amoureux de leurs prisonnières, qui, le jour où la proie va leur échapper par la porte ouverte de la cage, se font les tyrans de la belle captive et proposent leur amour en échange de la liberté.

Jeanne était forte, elle ne redoutait pas les surprises, elle n'avait point la pudeur de l'âme. Son imagination luttait avantageusement contre les caprices sophistiques de messieurs Crébillon fils et Louvet. Elle alla droit au geôlier avec un sourire de prunelle :

– Mon ami, dit-elle, que demandez-vous ? Avez-vous à me dire quelque chose ? Le temps d'une prisonnière, quand elle touche à la liberté, est un temps précieux. Vous semblez avoir choisi pour me parler un rendez-vous bien sinistre ?

L'homme aux clefs ne lui répondit rien, parce qu'il ne comprenait pas. Il s'assit au coin de la cheminée basse, et attendit.

– Mais, dit Jeanne, que faisons-nous, je vous le répète ?

Et elle craignit d'avoir affaire à un fou.

– Nous attendons maître Doillot, répliqua le guichetier.

Jeanne secoua la tête :

– Vous m'avouerez, dit-elle, que maître Doillot, s'il a des lettres de Versailles à me communiquer, prend mal son temps et sa salle d'audience... Ce n'est pas possible que maître Doillot me fasse attendre ici. Il y a autre chose.

Elle achevait à peine ces mots, quand une porte qu'elle n'avait pas remarquée s'ouvrit en face d'elle.

C'était une de ces trappes arrondies, véritables monuments de bois et de fer, qui découpent en s'ouvrant dans le fond qu'elles masquaient une sorte de rond cabalistique, au centre duquel personnage ou paysage paraissent être vivants par magie.

En effet, derrière cette porte, il y avait des degrés qui plongeaient dans quelque corridor mal éclairé, mais plein de vent et de fraîcheur, et au-delà de ce corridor, un moment, un seul, aussi rapide que l'éclair, Jeanne aperçut, en se haussant sur ses pieds, un espace pareil à celui que mesure une place, et dans cet espace, une cohue d'hommes et de femmes aux yeux étincelants.

Mais, nous le répétons, ce fut pour Jeanne une vision bien plutôt qu'un coup d'œil ; elle n'eut pas même le temps de s'en rendre raison. Devant elle, à un plan bien plus rapproché que n'était cette place, trois personnes apparurent, montant le dernier degré.

Derrière ces personnes, aux degrés inférieurs sans doute, quatre baïonnettes surgirent, blanches et acérées, pareilles à des cierges sinistres qui eussent voulu éclairer cette scène.

Mais la porte ronde se referma. Les trois hommes seuls entrèrent dans le cachot où se trouvait Jeanne.

Celle-ci marchait de surprise en surprise, ou mieux d'inquiétudes en terreurs.

Ce guichetier, qu'elle redoutait l'instant d'avant, elle le vint chercher comme pour avoir sa protection contre les inconnus.

Le guichetier se colla sur la muraille même du cachot, montrant par ce mouvement qu'il voulait, qu'il devait rester spectateur passif de ce qui allait avoir lieu.

Jeanne fut interpellée avant même que l'idée ne lui fût venue de prendre la parole.

Ce fut un des trois hommes, le plus jeune, qui commença. Il était vêtu de noir. Il avait son chapeau sur la tête, et roulait dans sa main des papiers fermés comme la scytale antique.

Les deux autres, imitant l'attitude du guichetier, se dérobaient aux regards dans la partie la plus sombre de la salle.

– Vous êtes, madame, dit cet inconnu, Jeanne de Saint-Rémy de Valois, épouse de Marc-Antoine-Nicolas comte de La Motte ?

– Oui, monsieur, répliqua Jeanne.

– Vous êtes bien née à Fontette, le 22 juillet 1756 ?

– Oui, monsieur.

– Vous demeurez bien à Paris, rue Saint-Claude ?

– Oui, monsieur... Mais pourquoi m'adressez-vous toutes ces questions ?

– Madame, je suis fâché que vous ne me reconnaissiez pas ; j'ai l'honneur d'être le greffier de la cour.

– Je vous reconnais.

– Alors, madame, je puis remplir mes fonctions en ma qualité que vous venez de reconnaître ?

– Un moment, monsieur. à quoi, s'il vous plaît, vos fonctions vous obligent-elles ?

– à vous lire, madame, l'arrêt qui a été prononcé contre vous en séance du 31 mai 1786.

Jeanne frémit. Elle promena autour d'elle un regard plein d'angoisses et de défiance. Ce n'est pas sans dessein que nous écrivons le second ce mot défiance, qui paraîtrait le moins fort des deux ; Jeanne frissonna d'une angoisse irréfléchie ; elle allumait, pour prendre garde, deux yeux terribles dans les ténèbres.

– Vous êtes le greffier Breton, dit-elle alors ; mais qui sont ces deux messieurs, vos acolytes ?

Le greffier allait répondre, lorsque le guichetier, prévenant sa parole, s'élança auprès de lui, et, à son oreille, glissa ces mots empreints d'une peur ou d'une compassion éloquente :

– Ne le lui dites pas !

Jeanne entendit ; elle regarda ces deux hommes plus attentivement qu'elle n'avait fait jusqu'alors. Elle s'étonna de voir l'habit gris de fer à boutons de fer de l'un, la veste et le bonnet à poil de l'autre ; l'étrange tablier qui couvrait la poitrine de ce dernier appela l'attention de Jeanne ; ce tablier semblait brûlé à certains endroits, taché de sang et d'huile à d'autres.

Elle recula. On eût dit qu'elle se pliait comme pour prendre un vigoureux élan.

Le greffier, s'approchant, lui dit :

– à genoux, s'il vous plaît, madame.

– à genoux ! s'écria Jeanne ; à genoux ! moi !... moi ! une Valois, à genoux !

– C'est l'ordre, madame, dit le greffier en s'inclinant.

– Mais, monsieur, objecta Jeanne avec un fatal sourire, vous n'y pensez pas, il faut donc que je vous apprenne la loi. On ne se met pas à genoux, sinon pour faire amende honorable.

– Eh bien ! madame ?

– Eh bien ! monsieur, on ne fait amende honorable qu'en conséquence d'un arrêt qui condamne à une peine infamante. Le bannissement n'est pas, que je sache, une peine infamante dans la loi française ?

– Je ne vous ai pas dit, madame, que vous fussiez condamnée au bannissement, dit le greffier avec une tristesse grave.

– Alors ! s'écria Jeanne avec explosion, à quoi donc suis-je condamnée ?

– C'est ce que vous allez savoir en écoutant l'arrêt, madame, et, pour l'écouter, vous commencerez, s'il vous plaît, par vous mettre à genoux.

– Jamais ! jamais !

– Madame, c'est l'article premier de mes instructions.

– Jamais ! jamais, vous dis-je !

– Madame, il est écrit que si la condamnée refuse de s'agenouiller...

– Eh bien ?

– Eh bien ! la force l'y contraindra.

– La force ! envers une femme !

– Une femme ne doit pas plus qu'un homme manquer au respect dû au roi et à la justice.

– Et à la reine ! n'est-ce pas ? cria furieusement Jeanne ; car je reconnais bien là-dedans la main d'une femme ennemie !

– Vous avez tort d'accuser la reine, madame ; Sa Majesté n'est pour rien dans la rédaction des arrêts de la cour. Allons, madame, je vous en conjure, épargnez-nous la nécessité des violences ; à genoux !

– Jamais ! jamais ! jamais !

Le greffier roula ses papiers, et en tira de sa large poche un fort épais qu'il tenait en réserve dans la prévision de ce qui arrivait.

Et il lut l'ordre formel donné par le procureur général à la force publique de contraindre l'accusée rebelle à s'agenouiller, pour satisfaire à justice.

Jeanne s'arc-bouta dans un angle de la prison, en défiant du regard cette force publique, qu'elle avait cru être les baïonnettes dressées sur l'escalier derrière la porte.

Mais le greffier ne la fit pas ouvrir, cette porte ; il fit signe aux deux hommes dont nous avons parlé, lesquels deux hommes s'approchèrent tranquillement comme ces machines de guerre, trapues et inébranlables, qu'on arme contre une muraille dans les sièges.

Un bras de chacun de ces hommes saisit Jeanne sous les épaules et la traîna au milieu de la salle, malgré ses cris et ses hurlements.

Le greffier s'assit impassible et attendit.

Jeanne ne voyait pas que pour se faire ainsi traîner, elle avait dû s'agenouiller aux trois quarts. Un mot du greffier l'en fit s'apercevoir.

– Bien comme cela, dit-il.

Aussitôt le ressort se détendit, Jeanne bondit à deux pieds du sol dans les bras des hommes qui la maintenaient.

– Il est bien inutile que vous criiez ainsi, dit le greffier, car on ne vous entend pas au-dehors, et ensuite vous n'entendrez pas la lecture que je dois vous faire de l'arrêt.

– Permettez que j'entende debout, et j'écouterai en silence, dit Jeanne haletante.

– Toutefois qu'un coupable est puni du fouet, dit le greffier, la punition est infamante et entraîne la génuflexion.

– Le fouet ! hurla Jeanne. Le fouet ! Ah ! misérable ! Le fouet, dites-vous ?...

Et ses vociférations devinrent telles, qu'elles étourdirent le geôlier, le greffier, les deux aides, et que tous ces hommes, perdant la tête, commencèrent, comme des gens ivres, à vouloir dompter la matière par la matière.

Alors ils se jetèrent sur Jeanne et la terrassèrent ; mais elle résista victorieusement. Ils voulurent lui faire plier les jarrets ; elle raidit ses muscles comme des lames d'acier.

Elle restait suspendue en l'air dans les mains de ces hommes, et elle agitait ses pieds et ses mains de façon à leur infliger de cruelles blessures.

Ils se partagèrent la besogne : un d'eux lui tint les pieds comme dans un étau ; les deux autres l'enlevèrent par les poignets, et ils criaient au greffier :

– Lisez, lisez toujours sa sentence, monsieur le greffier, sans quoi nous n'en finirons jamais avec cette enragée !

– Je ne laisserai jamais lire une sentence qui me condamne à l'infamie, cria Jeanne en se débattant avec une force surhumaine. Et joignant l'action à la menace, elle domina la voix du greffier par des rugissements et des cris d'une telle acuité, que pas un mot de ce qu'il lut elle ne l'entendit.

Sa lecture achevée, il replia ses papiers et les remit dans sa poche.

Jeanne croyant qu'il avait fini se tut, et essaya de reprendre des forces pour braver encore ces hommes. Elle fit succéder aux rugissements des éclats de rire plus féroces encore.

– Et, continua le greffier paisiblement comme une fin de formule banale, sera la sentence exécutée sur la place des exécutions, cour de justice du Palais !

– Publiquement ! hurla la malheureuse... Oh !...

– Monsieur de Paris, je vous livre cette femme, acheva de dire le greffier en s'adressant à l'homme au tablier de cuir.

– Qui donc est cet homme ? fit Jeanne dans un dernier paroxysme d'épouvante et de rage.

– Le bourreau ! répondit en s'inclinant le greffier, qui rajustait ses manchettes.

à peine le greffier avait-il achevé ce mot, que les deux exécuteurs s'emparèrent de Jeanne et l'enlevèrent pour la porter du côté de la galerie qu'elle avait aperçue. La défense qu'elle opposa, il faut renoncer à la dépeindre. Cette femme qui, dans la vie ordinaire, s'évanouissait pour une égratignure, supporta pendant près d'une heure les mauvais traitements et les coups des deux exécuteurs ; elle fut traînée jusqu'à la porte extérieure sans avoir un moment cessé de pousser les plus effrayantes clameurs.

Au-delà de ce guichet, où les soldats réunis contenaient la foule, la petite cour, dite cour de justice, apparut soudain avec les deux ou trois mille spectateurs que la curiosité y avait convoqués depuis les préparatifs et l'apparition de l'échafaud.

Sur une estrade élevée d'environ huit pieds, un poteau noir, garni d'anneaux de fer, se dressait, surmonté d'un écriteau que le greffier, par ordre sans doute, avait tâché de rendre illisible.

Cette estrade n'avait point de rampe ; on y montait par une échelle sans rampe également. La seule balustrade qu'on y remarquât, c'étaient les baïonnettes des archers. Elles en fermaient l'accès comme une grille à pointes reluisantes.

La foule, voyant que les portes du palais s'ouvraient, que les commissaires venaient avec leur baguette, que le greffier marchait, ses papiers à la main, commença son mouvement d'ondulation qui la fait ressembler à la mer.

Partout les cris de : La voilà ! la voilà ! retentissaient avec des épithètes peu honorables pour la condamnée, et çà et là quelques observations peu charitables pour les juges.

Car Jeanne avait bien raison : elle s'était fait un parti depuis sa condamnation. Tels la méprisaient deux mois avant, qui l'eussent réhabilitée depuis qu'elle s'était posée en antagoniste de la reine.

Mais monsieur de Crosne avait tout prévu. Les premiers rangs de cette salle de spectacle avaient été occupés par un parterre dévoué à ceux qui payaient les frais de spectacle. On remarquait là, auprès des agents à large carrure, les femmes les plus zélées pour le cardinal de Rohan. On avait trouvé le moyen d'utiliser pour la reine les colères éveillées contre la reine. Ceux-là même qui avaient si fort applaudi monsieur de Rohan par antipathie de Marie-Antoinette, venaient siffler ou huer madame de La Motte, assez imprudente pour séparer sa cause d'avec celle du cardinal.

Il résulta qu'à son apparition sur la petite place, les cris furieux de : à bas La Motte ! Ho la faussaire ! composèrent la majorité et s'exhalèrent des plus vigoureuses poitrines.

Il arriva aussi que ceux qui tentèrent d'exprimer leur pitié pour Jeanne ou leur indignation contre l'arrêt qui la frappait furent pris pour des ennemis du cardinal par les dames de la Halle, pour des ennemis de la reine par les agents, et maltraités en cette double qualité par les deux sexes intéressés à soutenir l'avilissement de la condamnée. Jeanne était à bout de ses forces, mais non de sa rage ; elle cessa de crier, parce que ses cris se perdaient dans l'ensemble des bruits et de la lutte. Mais de sa voix nette, vibrante, métallique, elle lança quelques mots qui firent tomber comme par enchantement tous les murmures.

– Savez-vous qui je suis ? dit-elle. Savez-vous que je suis du sang de vos rois ? Savez-vous qu'on frappe en moi, non pas une coupable, mais une rivale ; non pas seulement une rivale, mais une complice ?

Ici elle fut interrompue par des clameurs lancées à point par les plus intelligents employés de monsieur de Crosne.

Mais elle avait soulevé, sinon l'intérêt, du moins la curiosité : la curiosité du peuple est une soif qui veut être assouvie. Le silence que Jeanne remarqua lui prouva qu'on voulait l'écouter.

– Oui, répéta-t-elle, une complice ! On punit en moi celle qui savait les secrets de...

– Prenez garde ! lui dit à l'oreille le greffier.

Elle se retourna. Le bourreau tenait un fouet à la main.

à cette vue, Jeanne oublia son discours, sa haine, son désir de capter la multitude ; elle ne vit plus que l'infamie, elle ne craignit plus que la douleur.

– Grâce ! grâce ! cria-t-elle avec une voix déchirante.

Une immense huée couvrit sa prière. Jeanne se cramponna, saisie de vertige, aux genoux de l'exécuteur, et réussit à lui saisir la main.

Mais il leva l'autre bras, et laissa retomber le fouet mollement sur les épaules de la comtesse.

Chose inouïe, cette femme, que la douleur physique eût terrassée, assouplie, domptée peut-être, se redressa quand elle vit qu'on la ménageait ; se précipitant sur l'aide, elle essaya de le renverser pour le jeter hors de l'échafaud dans la place. Tout à coup elle recula.

Cet homme tenait à la main un fer rouge qu'il venait de retirer d'un brasier ardent. Il levait, disons-nous, ce fer, et la chaleur dévorante qu'il exhalait fit bondir Jeanne en arrière avec un hurlement sauvage.

– Marquée ! s'écria-t-elle, marquée !

Tout le peuple répondit à son cri par un cri terrible.

– Oui ! oui ! rugirent ces trois mille bouches.

– Au secours ! au secours ! dit Jeanne éperdue, en essayant de rompre les cordes dont on venait de lui garrotter les mains.

En même temps le bourreau déchirait, ne pouvant l'ouvrir, la robe de la comtesse ; et tandis qu'il écartait d'une main tremblante l'étoffe en lambeaux, il essayait de prendre le fer ardent que lui offrait son aide.

Mais Jeanne se ruait sur cet homme, le faisant toujours reculer, car il n'osait la toucher ; en sorte que le bourreau, désespérant de prendre l'outil sinistre, commençait à écouter si dans les rangs de la foule surgirait quelque anathème contre lui. L'amour-propre le préoccupait.

La foule, palpitante et commençant à admirer la vigoureuse défense de cette femme, frémissait d'une sourde impatience ; le greffier avait descendu l'échelle ; les soldats regardaient le spectacle : c'était un désordre, une confusion qui présentaient un aspect menaçant.

– Finissez-en ! cria une voix partie du premier rang de la foule.

Voix impérieuse, que sans doute reconnut le bourreau, car, renversant Jeanne par un élan vigoureux, il la plia en deux et lui courba la tête avec sa main gauche.

Elle se releva, plus ardente que le fer dont on la menaçait, et, d'une voix qui domina tout le tumulte de la place, toutes les imprécations des maladroits bourreaux :

– Lâches Français ! s'écria-t-elle, vous ne me défendez pas ! Vous me laissez torturer !

– Taisez-vous ! cria le greffier.

– Taisez-vous ! cria le commissaire.

– Me taire !... Ah ! bien oui ! redit Jeanne, que me fera-t-on ? Oui, je subis cette honte, c'est ma faute.

– Ah ! ah ! ah ! cria la foule se méprenant au sens de cet aveu.

– Taisez-vous ! réitéra le greffier.

– Oui, ma faute, continua Jeanne se tordant toujours, car si j'avais voulu parler...

– Taisez-vous ! crièrent en rugissant greffiers, commissaires et bourreaux.

– Si j'avais voulu dire tout ce que je sais sur la reine, eh bien !... je serais pendue ; je ne serais pas déshonorée.

Elle n'en put dire davantage ; car le commissaire s'élança sur l'échafaud, suivi d'agents qui bâillonnèrent la misérable, et la livrèrent toute palpitante, toute meurtrie, le visage gonflé, livide, sanglant, aux deux exécuteurs, dont l'un avait de nouveau courbé sa victime ; en même temps, il saisit le fer que son aide réussit à lui donner.

Mais Jeanne profita, comme une couleuvre, de l'insuffisance de cette main qui lui serrait la nuque ; elle bondit une dernière fois, et se retournant avec une joie frénétique, offrit sa poitrine au bourreau en le regardant d'un œil provocateur ; de sorte que l'instrument fatal, qui descendait sur son épaule, la vint frapper au sein droit, imprima son sillon fumeux et dévorant dans la chair vive, en arrachant à la victime, malgré le bâillon, un de ces hurlements qui n'ont d'équivalent dans aucune des intonations que puisse reproduire la voix humaine.

Jeanne s'affaissa sous la douleur, sous la honte. Elle était vaincue. Ses lèvres ne laissèrent plus échapper un son, ses membres n'eurent plus un tressaillement ; elle était bien évanouie, cette fois.

Le bourreau l'emporta, pliée en deux, sur son épaule, et descendit avec elle, d'un pas incertain, l'échelle d'ignominie.

Quant au peuple, muet aussi, soit qu'il approuvât, soit qu'il fût consterné, il ne s'écoula par les quatre issues de la place qu'après avoir vu se refermer sur Jeanne les portes de la Conciergerie ; après avoir vu l'échafaud se démolir lentement, pièce à pièce ; après s'être assuré qu'il n'y avait pas d'épilogue au drame effrayant dont le parlement venait de lui offrir la représentation.

Les agents surveillèrent jusqu'aux dernières impressions des assistants ; leurs premières injonctions avaient été si nettement articulées, que c'eût été folie d'opposer quelque objection à leur logique armée de gourdins et de menottes.

L'objection, s'il s'en produisit, fut calme et tout intérieure. Peu à peu, la place reprit son calme ordinaire ; seulement, à l'extrémité du pont, quand toute cette cohue fut dissipée, deux hommes, jeunes et irréfléchis, qui se retiraient comme les autres, eurent ensemble le dialogue suivant :

– Est-ce que c'est bien madame de La Motte que le bourreau a marquée ; le croyez-vous, Maximilien ?

– On le dit, mais je ne le crois pas... répliqua le plus grand des deux interlocuteurs.

– Vous êtes bien d'avis, n'est-ce pas, que ce n'est pas elle ? ajouta l'autre, un petit homme à la mine basse, à l'œil rond et lumineux comme l'œil des oiseaux de nuit, à la chevelure courte et graisseuse ; non, n'est-ce pas, ce n'est point madame de La Motte qu'ils ont marquée ? Les suppôts de ces tyrans ont ménagé leur complice. Ils ont trouvé, pour décharger d'accusation Marie-Antoinette, une demoiselle Oliva qui s'avouât prostituée ; ils auront pu trouver une fausse madame de La Motte qui s'avouât faussaire. Vous me direz qu'il y a la marque. Bah ! comédie payée au bourreau, payée à la victime ! C'est plus cher, voilà tout.

Le compagnon de cet homme écoutait en balançant sa tête. Il souriait sans répondre.

– Que me répondez-vous, dit le petit vilain homme ; est-ce que vous ne m'approuvez pas ?

– C'est beaucoup faire que d'accepter d'être marquée au sein, répliqua-t-il ; la comédie dont vous parlez ne me paraît pas prouvée. Vous êtes plus médecin que moi et vous aurez dû sentir la chair brûlée. Souvenir désagréable, je l'avoue.

– Affaire d'argent, vous ai-je dit : on paie une condamnée qui serait marquée pour toute autre chose, on la paie pour dire trois à quatre phrases pompeuses, et puis on la bâillonne quand elle est près de renoncer...

– Là, là, là, dit flegmatiquement celui qu'on avait appelé Maximilien, je ne vous suivrai point sur ce terrain-là, c'est peu solide.

– Hum ! fit l'autre. Alors, vous ferez comme les autres badauds ; vous finirez par dire que vous avez vu marquer madame de La Motte ; voilà de vos caprices. Tout à l'heure ce n'est pas ainsi que vous vous exprimiez, car positivement vous m'avez dit : Je ne crois pas que ce soit madame de La Motte qu'on ait marquée.

– Non, je ne le crois pas encore, reprit le jeune homme en souriant, mais ce n'est pas non plus une de ces condamnées que vous dites.

– Alors, qui est-ce, voyons, quelle est la personne qui a été flétrie, là, sur la place, au lieu de madame de La Motte ?

– C'est la reine ! dit le jeune homme d'une voix aiguĂ« à son sinistre compagnon, et il ponctua ces mots de son indéfinissable sourire.

L'autre recula en riant aux éclats et en applaudissant à cette plaisanterie, puis regardant autour de lui :

– Adieu, Robespierre, dit-il.

– Adieu, Marat, répondit l'autre.

Et ils se séparèrent.

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