Mes Mémoires Vous êtes ici : Accueil > Accueil > Bibliothèque
Page précédente | Imprimer

Chapitre LXIX


Ma mère est obligée de vendre ses terres et sa maison. – Ce qui nous reste. – Les Piranèses. – Un architecte à douze cents francs. – J'escompte mon premier billet. – Gondon. – Comment j'avais failli trépasser chez lui. – Les cinquante francs. – Cartier. La partie de billard. – Comment six cents petits verres d'absinthe représentent douze fois le voyage de Paris.

Le moment approchait où ma pauvre mère serait bien forcée de prendre une résolution définitive.
Elle avait tant et si bien emprunté sur nos trente arpents de terre, loués à M. Gilbert de Soucy, et sur la maison que venait enfin de nous laisser M. Harlay, que la valeur de ces trente arpents et de la maison se trouvait à peu près absorbée par les emprunts. – Il fallait se décider à tout vendre.
Les trente arpents furent vendus à la criée, et rapportèrent trente-trois mille francs.
La maison fut vendue, à l'amiable, douze mille francs à ce même M. Picot qui m'avait fait faire mes premières armes à la chasse.
En tout quarante-cinq mille francs.
Nos dettes éteintes, les frais payés, il restait à ma mère deux cent cinquante trois francs.
Comme quelques lecteurs optimistes pourraient croire que c'était de rente, je me hâte de dire que c'était de capital.
Il ne faut pas demander si ma pauvre mère fut triste en voyant un pareil résultat.
Jamais, nous ne nous étions, en réalité, trouvés si près de la misère.
Ma mère tomba dans un découragement profond.
Depuis la mort de mon père, nous avions constamment marché vers l'épuisement successif de toutes nos ressources.
La lutte avait été longue : de 1806 à 1823 ! Elle avait duré dix-sept ans ; mais, enfin, nous étions vaincus.
Quant à moi, je ne m'étais jamais senti si gai et si confiant.
Je ne sais ce que j'ai fait de bon, soit dans ce monde, soit dans les autres mondes où j'ai vécu avant de vivre dans celui-ci, mais Dieu a pour moi des faveurs spéciales, et, dans toutes les situations graves où je me suis trouvé, il est venu visiblement à mon secours.
Aussi, mon Dieu ! je confesse bien hautement et bien humblement votre nom en face des croyants comme en face des impies, et je n'ai pas même, en faisant cela, le mérite de la foi, j'ai simplement celui de la vérité.
Car, si vous m'étiez apparu, à cette époque où je vous invoquais, ô mon Dieu ! et si vous m'aviez demandé : « Enfant, dis hardiment ce que tu veux », je n'eusse jamais osé implorer de votre bonté infinie la moitié des faveurs que vous m'avez accordées.
Ma mère m'annonça donc que, toutes nos dettes payées, il nous restait deux cent cinquante-trois francs.
- Eh bien, dis-je à ma mère, tu va me donner les cinquante-trois francs ; je partirai pour Paris, et, cette fois, je te promets de ne revenir que pour t'apporter une bonne nouvelle.
- Fais attention, mon pauvre enfant, dit ma mère, que c'est le cinquième de notre fortune que tu me demandes là.
- Tu te rappelles que tu me dois soixante francs ?
- Oui ; mais tu te rappelles que, lorsque je t'ai dit : « Avec quoi te rendrais je ces soixante francs ? » tu m'as répondu : « Cela me regarde. »
- Eh bien, cela me regarde en effet. – Veux-tu me donner les Piranèses qui sont là-haut dans le grand carton ?
- Qu'est-ce que cela, les Piranèses ?
- Ce sont ces grandes gravures noires que mon père a rapportées d'Italie.
- Qu'en feras-tu ?
- J'en ai le placement.
Ma mère haussa les épaules d'un air de doute.
- Fais ce que tu voudras, dit-elle.
Il y avait, parmi les employés du dépôt de mendicité, un architecte nommé Oudet, qui avait la plus grande envie d'avoir nos Piranèses.
Je les lui avais toujours refusés, en lui disant qu'un jour viendrait où je les lui apporterais moi-même.
Le jour était venu.
Seulement, le jour était venu un mauvais jour.
Oudet n'avait pas d'argent.
C'était concevable. Oudet, comme architecte du château, avait cent francs par mois.
Il est vrai que je n'étais pas bien exigeant pour mes Piranèses, qui valaient bien cinq ou six cents francs ; je ne demandais que cinquante francs.
Oudet offrait de me payer ces cinquante francs en trois mois.
En trois mois !... j'avais bien le temps d'attendre trois mois !
Je sortis de chez Oudet désespéré.
En sortant de chez Oudet, je rencontrai un autre de mes amis, nommé Gondon.
C'était un de mes amis de chasse surtout. Il avait une propriété à trois lieues de Villers-Cotterêts, – à Coeuvre, pays de la belle Gabrielle, – et bien souvent nous avions passé là des semaines entières à chasser le jour, et à braconner la nuit.
Chez lui, un soir, j'avais failli mourir de la façon la plus ridicule de la terre.
C'était la veille d'une ouverture. Nous étions partis de Villers-Cotterêts, cinq ou six chasseurs, et nous étions venus nous établir chez Gondon, afin d'être à portée de nous mettre en chasse au point du jour. Or, comme il n'y avait ni assez de chambres ni assez de lits pour tout le monde, on avait transformé le salon en un dortoir, aux quatre angles duquel on avait établi quatre lits, à l'aide de quatre matelas.
Les chandelles éteintes, la fantaisie prit à mes trois compagnons de se battre à coups de traversin.
Comme, je ne sais pourquoi, cette fantaisie ne me tenait pas comme les autres, je déclarai vouloir rester neutre.
Il en résulta qu'après un quart d'heure de combat entre les Autrichiens, les Russes et les Prussiens – Autrichiens, Russes et Prussiens se firent alliés, et se réunirent pour tomber sur moi, qui représentais la France.
En conséquence, on se rua vers mon lit, et l'on se mit à me frapper avec les susdits traversins, comme, avec des fléaux, des batteurs en grange battent une gerbe.
Je tirai mon drap par-dessus ma tête, et j'attendis patiemment que l'orage fût passé, ce qui ne pouvait tarder, à la façon dont ils frappaient.
En effet, l'orage se calma.
Un des batteurs se retira, puis un autre.
Mais le troisième, qui était mon cousin Félix Deviolaine, soutenu sans doute par le sentiment de la parenté, continua de frapper malgré la retraite des autres.
Tout à coup, il s'arrêta, et je l'entendis regagner silencieusement son lit. On eût dit qu'il venait de lui arriver quelque catastrophe dont il voulait dérober la connaissance à la société.
En effet, l'extrémité de son traversin opposée à celle qu'il tenait entre les mains venait de crever par la violence du coup, et toute la plume s'en était échappée.
Cette plume faisait montagne, juste à l'endroit où le drap qui protégeait ma tête faisait solution de continuité avec le traversin.
J'ignorais complètement l'événement.
Ne sentant plus frapper, ayant entendu mon dernier adversaire regagner son lit, je sortis doucement la tête, et, comme, depuis dix minutes, j'étouffais peu ou prou, selon que je serrais ou desserrais le drap, je respirai à pleins poumons.
J'avalai gros comme le bras de plumes.
La suffocation fut instantanée, presque complète. Je poussai un cri inarticulé, et, me sentant étrangler littéralement, je commençai à me rouler dans la chambre.
Mes compagnons crurent d'abord qu'à mon tour j'étais pris d'une fantaisie chorégraphique, comme ils avaient été pris d'une fantaisie guerrière ; mais ils entendirent enfin que les sons strangulés que je rendais portaient avec eux l'expression d'une vive douleur.
Gondon fut convaincu, le premier, qu'il se passait quelque chose de très sérieux entre moi et un accident inconnu, avec lequel j'étais aux prises.
Félix, qui eût pu seul donner l'explication de mes culbutes et de mes sifflements, se tenait coi, et faisait semblant de dormir.
Gondon s'élança dans la cuisine, revint avec une chandelle, et éclaira la scène.
Je devais être d'un aspect fort grotesque, car, je dois le dire, l'éclat de rire fut universel.
En effet, si goulûment que j'eusse procédé, je n'avais pas avalé toute la plume et tout le duvet : une partie s'était attachée à mes cheveux crépus, et me donnait un faux air de ressemblance avec Polichinelle.
Ce faux air devenait un air véritable par le degré de rougeur auquel la strangulation que je subissais avait fait monter mon visage. On jugea qu'il était urgent de me donner de l'eau.
Un de nos compagnons, nommé Labarre, courut en chemise à la pompe, et tira un pot d'eau qu'il m'apporta en riant.
Cette hilarité, au moment où mes tortures arrivaient à leur paroxysme, m'exaspéra. Je pris le pot par l'anse, et j'en lançai le contenu au derrière de Labarre.
L'eau était glacée.
Il résulta de cette température, peu en harmonie avec la chaleur naturelle du sang, de telles gambades et de tels spasmes de la part de l'aspergé, que, malgré toutes mes douleurs, l'envie de rire que j'avais donnée fut retournée. Je fis un effort différent de ceux que j'avais tentés jusque-là, et j'expectorai une portion de la plume et du duvet qui m'obstruaient le pharynx.
Dès ce moment, je fus sauvé.
Néanmoins, je crachai de la plume pendant huit jours, et je toussai pendant un mois.
Je demande pardon de la digression ; mais, comme j'avais négligé d'inscrire cet important épisode de ma vie dans son ordre chronologique, on ne trouvera pas extraordinaire que j'aie saisi la première occasion qui s'est présentée de réparer cet oubli.
Je rencontrai donc Gondon en sortant de chez Oudet.
Il tenait cent francs dans sa main.
- Ah ! pardieu ! mon cher, lui dis-je, puisque vous êtes si riche, vous devriez bien prêter cinquante francs à Oudet.
- Pourquoi faire ?
- Pour qu'il m'achète mes Piranèses.
- Vos Piranèses ?
- Oui, je voulais partir pour Paris. Oudet m'avait offert de m'acheter mes Piranèses cinquante francs, et maintenant...
- Et maintenant, il ne veut plus ?
- Au contraire, il en meurt d'envie ; mais il n'a pas le sou, et ne peut me payer que dans trois mois.
- De sorte que ces cinquante francs vous font faute ?
- Je crois bien.
- Et que vous voudriez les avoir ?
- Parbleu !
- Attendez, peut-être allons-nous arranger cela.
- Oh ! mon cher, tâchez.
- Il y a un moyen bien simple ; je ne puis vous donner les cinquante francs, attendu que j'ai promis cent francs à mon tailleur pour aujourd'hui ; mais qu'Oudet me fasse, à moi, un billet des cinquante francs, à trois mois, j'endosserai le billet, et je le donnerai au tailleur comme argent comptant.
Nous montâmes chez Oudet ; Oudet fit le billet, et j'emportai l'argent en remerciant Gondon, et surtout Dieu, qui, avec sa bonté infinie, mettait sans cesse sur ma route le moyen de faire un pas de plus.
J'avais conduit Gondon jusque chez son tailleur. A la porte du tailleur, je rencontrai le père Cartier.
- Eh bien, garçon, me dit-il, te reste-t-il, sur la monnaie de ton chien, de quoi payer un petit verre à ton vieil ami ?
- Oui, pourvu qu'il me le gagne au billard.
Et je fis sonner mes cinquante francs.
- C'est bien comme cela que je l'entends.
Je me retournai vers Gondon.
- Venez donc voir ce qui va se passer, lui dis-je.
- Allez devant ; je vous rejoins... Chez Camberlin, n'est-ce pas ?
- Chez Camberlin.
Camberlin, c'était le cafetier traditionnel ; depuis la découverte du café et l'invention du billard, les Camberlin vendaient café, et tenaient billard de père en fils.
C'était chez Camberlin que mon grand-père allait tous les soirs faire sa partie de domino ou de piquet, jusqu'à ce que sa petite chienne Charmante vînt gratter à la porte, avec ses deux lanternes à la gueule.
C'était chez Camberlin que mon père et M. Deviolaine venaient vider leurs défis d'adresse au jeu, comme, sur un autre tapis vert, ils vidaient leurs défis d'adresse à la chasse.
C'était chez Camberlin, enfin, que, grâce à ces antécédents, j'avais pu, à peu près gratis, quand je perdais, commencer mon éducation de Philibert aîné, sous trois maîtres différents, qui avaient fini par me conduire à une force supérieure.
Ces trois maîtres étaient Cartier, avec lequel j'allais vider une vieille querelle ; Camusat, ce neveu d'Hiraux, qui rhabillait son oncle à la Râpée, quand on le lui expédiait de Villers-Cotterêts en caleçon et en chemise ; et un nommé Gaillard, charmant garçon, joueur de première force à tous les jeux, qui, à ma grande satisfaction, avait remplacé, au dépôt de mendicité, M. Miaud, mon ancien rival.
J'étais donc devenu d'une force très supérieure à celle de Cartier ; mais, comme il n'en voulait pas convenir, il refusait invariablement les six points qu'invariablement je lui offrais avant de commencer la partie.
Au moment où nous essayions nos queues sur le billard, Gondon entra.
- Que prenez-vous, Gondon ? lui dit Cartier. C'est Dumas qui paye.
- Je prends de l'absinthe ; j'ai envie de bien dîner aujourd'hui.
- Ma foi, moi aussi, dit Cartier. Et toi ?
- Moi, vous savez que j'ai fait un voeu, c'est de ne prendre ni liqueur ni café.
A quel saint et à quelle occasion ai-je fait ce voeu ? Je n'en sais rien ; mais, ce que je sais, c'est que je l'ai religieusement tenu.
- Nous disons donc deux petits verres d'absinthe, reprit Cartier continuant de goguenarder ; tu en as pour tes six sous, garçon. Donne ton acquit.
En province, du moins à Villers-Cotterêts, le petit verre d'absinthe coûtait trois sous.
- Mon cher Gondon, dis-je à mon tour, je ne ferai pas d'autre prière que celle de mon oncle, le curé de Béthisy : « Mon Dieu, ne soyez ni pour l'un ni pour l'autre, et vous allez voir un gaillard joliment rossé ! » Voulez-vous six points, père Cartier ?
- Allons donc ! fit dédaigneusement Cartier, en ramenant ma bille sur la jaune.
Nous jouions la russe, c'est-à-dire la partie à cinq billes, et en trente-six points. Je fis six fois la jaune, trois fois à la blouse de droite, trois fois à la blouse de gauche.
- Six fois six : trente-six ; première manche. Vos deux petits verres ne valent plus que trois sous, père Cartier.
- Quatre sous, tu veux dire.
- Non, attendu que je veux vous gagner la seconde manche.
- Allons donc !
- Voulez-vous six points ?
- Je te les rends, si tu veux.
- J'accepte ! Marquez-moi six points, Gondon ; j'ai mes projets sur le père Cartier, je veux qu'il contribue à mon voyage de Paris ; c'est chez lui qu'on prend les diligences.
A cette seconde manche, Cartier arriva jusqu'à douze.
A trente points, je tombai sur une série, j'en fis seize ; c'étaient quarante-six points au lieu de trente-six. Les six points restitués à Cartier, il m'en restait encore quatre que je pouvais lui offrir en retour.
Il les refusa avec sa dignité habituelle.
Mais Cartier était un homme démonté quand il avait perdu la première partie, d'autant plus démonté qu'alors il s'entêtait, et qu'une fois en train, il eût joué ses terres, son hôtel, ses casseroles et jusqu'aux poulets qui tournaient à sa broche.
Brave père Cartier ! il vit toujours ; à quatre-vingt-six ou quatre-vingt-sept ans, il est demeuré, entre ses deux enfants, d'une verdeur merveilleuse.
Je ne vais pas une fois à Villers-Cotterêts que je ne lui fasse ma visite.
La dernière fois que je le vis, il y a un an à peu près, je lui fis compliment sur sa santé.
- Morbleu ! lui dis-je, mon cher Cartier, vous êtes comme nos chênes, qui, lorsqu'ils ne poussent plus par en haut, poussent par en bas, et qui gagnent en racines ce qu'ils perdent en feuilles. Vous vivrez jusqu'au jour du jugement dernier.
- Oh ! garçon, me dit-il, j'ai été malade ; tu n'as donc pas su cela ?
- Non, quand ?
- Il y a trois ans et demi.
- Qu'avez-vous donc eu ?
- J'ai eu mal aux dents.
- C'est votre faute, pourquoi avez-vous des dents à votre âge ?
Ce jour-là, pauvre père Cartier ! – je veux parler du jour de notre partie, – ce jour-là, pour me servir d'un terme de joueur, je lui arrachai une fameuse dent.
Nous jouâmes cinq heures de suite, et, toujours doublant, je lui gagnai six cents petits verres d'absinthe.
Nous y serions encore, et jugez quel océan d'absinthe Cartier me devrait, si Auguste ne fût venu le chercher.
Auguste était un des fils de Cartier ; son père le craignait beaucoup ; il mit un doigt sur sa bouche pour me recommander le silence. Je fus généreux comme Alexandre à l'endroit de la famille de Porus.
Je laissai Cartier libre, sans lui demander de gage.
Seulement, nous fîmes nos comptes, Gondon et moi.
Réduits en argent, les six cents petits verres d'absinthe produisaient un total de dix-huit cents sous, c'est-à-dire quatre-vingt-dix francs.
Je pouvais prendre douze fois la voiture de Paris, conducteur payé.
Ma mère avait bien raison de dire :
- Enfant, Dieu est avec toi.
Ma mère était fort inquiète quand je rentrai. Elle savait de quelle folie j'étais capable, quand je m'étais chaussé une idée dans la tête. Ce fut donc avec une certaine inquiétude qu'elle me demanda d'où je venais.
D'ordinaire, quand je venais de chez Camberlin, je faisais certaines façons avant de le lui avouer. Ma pauvre mère, devinant d'avance quelles passions devaient, un jour, bouillir dans ma tête, ma pauvre mère avait peur que le jeu ne fût une de ces passions-là.
Sur quelques autres points, elle devinait juste ; mais sur celui-là, du moins, elle se trompait complètement.
Je lui contai donc ce qui venait d'arriver : comment les Piranèses avaient rapporté leurs cinquante francs, et comment M. Cartier s'était chargé du voyage.
Mais ces bénédictions du ciel portaient leur tristesse avec elles, car c'était notre séparation.
J'avais beau lui dire que cette séparation ne serait que momentanée, et qu'aussitôt que j'aurais une place de quinze cents francs, elle quitterait à son tour Villers-Cotterêts, et viendrait me rejoindre ; une place de quinze cents francs, c'était, aux yeux de ma mère, un eldorado fort difficile à découvrir.

Chapitre précédent | Chapitre suivant

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente