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Chapitre V
Les Etoiles commis voyageurs VIII

Et lorsque la pauvre marchande de plaisirs, qui venait de voir si effrontément piller sa marchandise, fut sortie de la ville, elle aperçut sa septième soeur, celle qui devait vendre l'argent, évanouie dans le fossé qui bordait la grande route.
La marchande de plaisirs courut à elle, s'assit à ses côtés, la posa la tête sur ses genoux et lui lit respirer des sels. Mais ce ne fut pas sans peine que la septième étoile revint à elle.
Revenue à elle, voici ce qu'elle raconta :
- A peine étais-je en vue de la ville, à peine avais-je eu l'imprudence de dire ce que je venais vendre, à peine sut-on que j'étais chargée d'argent, que des hommes tombèrent sur moi, me dépouillèrent et me laissèrent pour morte, comme tu as vu.
- Mais quels étaient ces misérables ? demandèrent les autres étoiles, qui venaient derrière.
- Des bandits ?
- Des vagabonds ?
- Des hommes mourant de faim ?
- C'étaient des millionnaires, mes soeurs ! soupira la septième étoile.
Et quand les sept étoiles furent remontées au ciel, et eurent raconté à celui qui les avait envoyées comment elles avaient été reçues ici-bas, Jupiter fronça son sourcil terrible.
Mais Neptune et Pluton éclatèrent de rire.
- Nous avions bien dit, sire, s'écrièrent-ils que tu avais eu là une drôle d'idée.
Et ils répétèrent en choeur :
- Oh ! la drôle d'idée que tu avais eue là !
Et Jupiter, à la fin, fut de leur avis.
Voilà, mot pour mot, le texte du manuscrit retrouvé dans le tiroir de la table de M. ***, par le geôlier de la prison de la ville de ***, capitale des Etats de Sa Majesté le roi de ***.

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