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Titre Pauline

Année de publication 1850

Genre Théâtre (drame en cinq actes et huit tableaux, précédé de La chasse au tigre, prologue en un acte, Théâtre-Historique, 1er juin 1850)

Collaborateur(s) E. Grangé, X. de Montépin

Epoque du récit contemporaine

Résumé Au cours d'une chasse au tigre en Inde, Pauline de Meulien rencontre Horace de Beuzeval (Prologue). Un an après, les deux jeunes gens se fiancent, au grand dam de Lucien de Nerval, cousin de Pauline, qui l'aime en secret (Acte I). À Caen, un an plus tard, alors que des bandits mettent le pays en coupe réglée, Lucien, en villégiature, apprend qu'Horace vit non loin de là, dans un château, étrangement seul. Contre la volonté de son mari, semble-t-il, Pauline le rejoint (Acte II). Horace se révèle être le chef des brigands ; ils viennent de tuer un voyageur et d'enlever son épouse. Pauline découvre un passage secret qui mène à son repaire et apprend la vérité. Horace la jette dans une oubliette (Acte III)… Et la fait passer pour morte, en lui substituant le cadavre de la voyageuse qu'il vient d'assassiner. Assistant du médecin appelé pour constater le décès, Lucien découvre l'odieuse machination. Il parvient à délivrer Pauline ; mais celle-ci, emmurée vivante, a bu du poison que lui a laissé son mari (Acte IV). Plusieurs mois se sont écoulés ; Lucien a vécu longtemps avec Pauline, qu'il cache à Londres pour la protéger ; le poison ronge lentement la jeune femme. Apprenant le prochain mariage de sa sœur avec Horace qui se fait passer pour veuf, il revient en France et déchire le contrat. Pauline, mourante, arrive à son tour et confond son mari. Au cours d'un duel, Lucien tue Horace (Acte V).

Analyse D'un court roman, polyphonique, - le premier de Dumas, paru dans La Salle d'armes (1838), Grangé et Montépin tirent en 1850 un mélo lorgnant vers le grand spectacle et l'exotisme, avec chasse au tigre, bandits de grand chemin, château mystérieux, souterrains, oubliettes, ruines et éclairs dans la nuit… Vapereau, dans son Dictionnaire universel des contemporains, crédite Dumas, et Simon, dans l'Histoire d'une collaboration, cite ces lignes de notre auteur à Maquet de décembre 1850 : "J'ai un tiers dans Pauline qui ne m'a pris ni travail d'exécution, ni travail de mise en scène", ce qui laisse supposer que le rôle de Dumas dans l'affaire a été celui d'un simple conseiller, particulièrement recherché tout de même pour son art dans l'agencement des scènes. À vrai dire le roman n'est qu'un prétexte. Dumas y mêlait habilement d'authentiques souvenirs de voyages au témoignage de son ami Alfred de Nerval (sic), qui rapportait lui-même les étranges révélations faites par la jeune femme avec laquelle l'auteur disait déjà l'avoir rencontré, Pauline de Meulien. L'épisode de la chasse au tigre n'était ici qu'un autre récit, fait à Pauline par Horace avant leur mariage. Dans le roman, Alfred délivre Pauline dès le début ; ce n'est qu'ensuite qu'il apprend la vérité. Si l'ordre des péripéties est bouleversé, le drame reprend cependant les dialogues particulièrement bien venus de Dumas. Cette histoire où l'on évoque Karl Moor, l'un des Brigands de Schiller, et Jean Sbogar, le roman éponyme de Charles Nodier, et qui baigne dans l'atmosphère gothique de ce qu'on appelait à l'époque en France le "roman noir", n'est pas sans rappeler le dessein général du Vampire de Polidori que Dumas adaptera peu après : même fascination pour un personnage hors du commun, attirant et repoussant à la fois, et dénouement assez proche, le héros apprenant que le criminel va épouser sa sœur ! La pièce, créée au Théâtre-Historique le 1er juin 1850, est publié la même année à Paris, à la Librairie théâtrale, et à Bruxelles, chez J. A. Lelong.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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