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Titre Nouvelles contemporaines, recueil de trois nouvelles de jeunesse: Laurette ou le rendez-vous, Blanche de Beaulieu ou la Vendéenne et Marie

Année de publication 1826

Genre Nouvelles

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1793-1826

Résumé Laurette, ou le rendez-vous 1812: Laurette vit avec son père qui est pasteur sur les rives allemandes du Rhin. Une nuit, elle entend le bruit d'une bataille dans son jardin. A son réveil, elle sort pour se rafraîchir à la fontaine et découvre un officier français baignant dans son sang. La jeune fille prend soin du soldat et parvient à lui faire recouvrer ses sens. Le jeune homme, qui croit un instant à une apparition angélique, est installé dans la petite maison pour y être soigné.

Dès cette première rencontre, l'amour s'empare des cœurs des jeunes gens. Eugène, le soldat blessé, entame sa convalescence et apprend à connaître la douce Laurette. Les mois passent, les amants se jurent un amour éternel. Malheureusement, la campagne de Russie oblige Eugène à quitter Laurette pour rejoindre les troupes de Napoléon. La jeune fille lui promet de l'attendre sous les arbres du cimetière où est enterrée sa mère.

Un an s'écoule, la déroute des Français en Russie a été terrible; les orgueilleux vainqueurs d'hier tentent tant bien que mal de rejoindre la France. Les restes du bataillon d'Eugène arrivent en vue du village où demeure Laurette. Le jeune homme se propose pour aller vérifier qu'aucune embuscade ne les attend. Mais l'ennemi est tapi sous les murs du petit cimetière. Le combat s'engage, l'intrépide Eugène est touché en pleine poitrine, il tombe, mourant, au pied des arbres où Laurette a promis de venir l'attendre.

Alors qu'il cherche un appui, Eugène découvre une tombe portant une simple pierre sur laquelle il peut lire le nom de sa bien-aimée. Le soldat peut sourire à la mort: les deux amants ont rempli leur promesse et se retrouveront au ciel.

Blanche de Beaulieu, ou la Vendéenne 1793: Olivier et d'Hervilly, deux généraux républicains, sont envoyés pour surprendre une messe clandestine dans le bocage vendéen; ils assistent écoeurés à un carnage qu'ils ne cautionnent pas. Soudain, un jeune Vendéen vient supplier Olivier de le sauver. Olivier dépouille un cadavre républicain de son uniforme et revient pour en revêtir le Vendéen qui a perdu connaissance.

En dégrafant son habit, Olivier découvre qu'il s'agit d'une jeune fille. Elle s'appelle Blanche. Olivier et d'Hervilly la prenne sous leur protection et Olivier demande une permission pour se rendre à Nantes où réside sa famille et mettre sa protégée en sécurité. Avant leur départ, ils doivent dîner avec le représentant du peuple Delmar qui remarque la pâleur et l'effroi du très jeune soldat qui accompagne Olivier.

A Nantes, Blanche reprend des vêtements de femme et devient l'amie des sœurs d'Olivier. Mais un soir, Delmar, qui vient rendre visite à Carrier, reconnaît en Blanche le soldat inquiet avec qui il a dîné quelques jours plus tôt. Dès le lendemain, Olivier reçoit l'ordre de rejoindre l'armée. Ne pouvant désobéir, il quitte Nantes et Blanche dont il est éperdument amoureux. Il vient de parcourir quelques lieues quand il est rejoint par d'Hervilly qui lui annonce l'arrestation de Blanche.

Olivier retourne en ville et force les portes de la prison. Là, il demande à Blanche de devenir sa femme, persuadé que Carrier n'exécutera pas l'épouse d'un général républicain. Les amants reçoivent la bénédiction d'un prêtre réfractaire et Olivier part à bride abattue vers Paris où Robespierre accepte de gracier Blanche. Olivier revient vers Nantes. Malgré sa célérité, il arrive au moment où le bourreau lève la tête de Blanche pour la montrer à la foule.

Marie 1826: le narrateur écrit à son ami Gustave pour lui demander d'être son témoin dans une affaire d'honneur. Il lui raconte les circonstances qui l'ont poussé à cette extrémité. A son arrivée à Paris, le narrateur a retrouvé dans l'hôtel où il était descendu un ancien camarade de collège: Alfred de Linar, jeune noble libertin et corrompu qui mène une vie de plaisirs. Un soir, après un bal auquel il a accompagné Linar, le narrateur sauve une jeune femme qui a voulu se noyer dans la Seine.

Il l'emmène dans son hôtel et fait appeler un médecin qui découvre qu'elle est enceinte. A son réveil, la jeune fille, qui s'appelle Marie, raconte à son sauveur comment elle a été séduite et abandonnée par un homme sans scrupule; elle achève à peine son histoire quand la porte s'ouvre sur son père, ancien capitaine de grenadier de l'armée napoléonienne, et son amant qui n'est autre qu'Alfred de Linar.

Le père de Marie provoque en duel Linar et demande au narrateur d'être son témoin. Le duel a lieu au petit jour, Linar tue le vieux grenadier. A son tour le narrateur demande réparation à Linar. C'est pour cette rencontre qu'il demande à Gustave d'être son témoin. Une note d'Alexandre Dumas en bas de page nous en apprend l'issue: Alfred de Linar a été tué.

Analyse Ces trois nouvelles de jeunesse, ont des intrigues construites sur la même trame: une jeune fille virginale (elles portent des prénoms qui suggèrent l'innocence et la virginité: Laurette, Blanche et Marie), séduite par un jeune homme d'une condition opposée à la sienne: leur amour est socialement impossible. Laurette, jeune Allemande, aime un soldat français en pleine guerre napoléonienne. Blanche, Vendéenne, aime un général républicain en pleine Terreur. Marie, fille d'un grenadier, est séduite par un noble libertin et corrompu, archétype de la jeunesse pervertie de la Restauration. Les fins tragiques de ces histoires sont inscrites dans l'intrigue même.

En 1831, Dumas reprend l'intrigue de Blanche de Beaulieu dans La rose rouge. Cette fois, il donne d'autres identités aux généraux républicains: Olivier devient Marceau et d'Hervilly est Alexandre Dumas, le père du romancier. L'histoire est la même à quelques détails prêts: la date est changée, on passe de juin 1793 à décembre 1793 ce qui a une importance dans une période historique aussi mouvementée; l'invention de Tinguy, paysan vendéen dévoué corps et âme à Blanche et à son père, il préviendra Marceau de l'arrestation de Blanche (ce qui est plus crédible); le suspense est plus dense.

Mais le changement le plus important réside dans la perception que Dumas a de la Révolution et de ses principaux acteurs. Dans la première version, Dumas ne se préoccupe guère de l'intrigue historique, il se contente de jugements très manichéens et sans appel. Robespierre, «niveleur sanguinaire», accepte de gracier Blanche par pur calcul. Dans la seconde, Dumas s'est fait historien, son analyse est plus fine et plus développée; ici, l'Incorruptible offre la grâce de la jeune fille parce qu'il connaît le sentiment républicain de Marceau et qu'il le sait fidèle et digne de confiance.

En 1832, Dumas reprend l'intrigue de Marie dans Le cocher de cabriolet. Le principal changement réside dans la narration. Cette fois, Dumas se met en scène et apprend l'histoire de la bouche d'un cocher de cabriolet, ancien domestique du jeune homme (Eugène) qui a sauvé Marie. Si l'intrigue reste la même, elle est plus développée (la scène du sauvetage est plus dynamique, le suspense plus dense), la narration, faite par un domestique, est plus vivante et cocasse, voire drôle. Enfin Dumas choisit une fin moins tragique: Eugène tue Linar en duel et épouse la jeune fille.

Delphine Dubois

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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