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Titre Mademoiselle de Belle-Isle

Année de publication 1839

Genre Théâtre

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 25 et 26 juin 1726

Résumé La marquise de Prie, favorite du duc de Bourbon, Premier ministre du jeune Louis XV, est la maîtresse du duc de Richelieu. D'un commun accord, les deux amants viennent de décider de rompre, Richelieu étant tombé amoureux d'une jeune provinciale, Gabrielle de Belle-Isle, venue à Paris implorer la grâce de parents embastillés, et la marquise soupirant depuis peu pour le chevalier Raoul d'Aubigny.

Contestant devant des jeunes gens la pruderie dont feraient preuve depuis peu les femmes, Richelieu parie qu'il séduira dans les vingt-quatre heures la première qui entrera. C'est Gabrielle. D'Aubigny relève le défi: il doit épouser la jeune fille dans trois jours (Acte I).

Le duc prend prétexte de la demande de libération de ses parents pour attirer Gabrielle dans un piège. Jalouse, la marquise favorise de son côté un entretien secret entre Gabrielle et le gouverneur de la Bastille, et, imitant son écriture, répond favorablement au rendez-vous fixé par le duc, qu'elle rejoint dans l'obscurité. Pensant avoir triomphé, Richelieu jette par la fenêtre à d'Aubigny le billet convenu qui atteste son exploit (Acte II).

Le lendemain matin, le chevalier demande des explications à Gabrielle qui refuse de parler pour ne pas trahir le geste de la marquise. Pour prouver son innocence elle propose une rencontre avec le duc, à laquelle d'Aubigny assistera, caché. Mais le duc reste persuadé d'avoir passé la nuit avec Gabrielle, et d'Aubigny s'en désespère (Acte III).

Il provoque alors Richelieu, mais le duel est arrêté par la maréchaussée, et les deux rivaux décident de régler leur différend aux dés: le perdant se brûlera la cervelle. C'est d'Aubigny. Sur ces entrefaites, on apprend la chute du duc de Bourbon, et l'exil de la marquise. Celle-ci écrit une lettre pour la reine qu'elle remet au duc. Richelieu reconnaît l'écriture et comprend le subterfuge (Acte IV).

Déliée de son serment par la disgrâce de la marquise, Gabrielle avoue tout à Raoul qui se réconcilie avec Richelieu (Acte V).


Analyse Ce «drame» en cinq actes et en prose a été joué pour la première fois au Théâtre-Français le 12 avril 1839. La pièce, qui est peut-être en même temps la première comédie historique de Dumas, se situe au moment où le très jeune Louis XV congédie le duc de Bourbon. Dans la réalité, l'événement relaté à l'acte IV et qui précipite le dénouement a eu lieu un peu avant le 26 juin 1726, date à laquelle Dumas situe l'action. Mais son personnage principal, qu'il affectionne au point de le mettre en scène à plusieurs reprises (Le chevalier d'Harmental, Le verrou de la reine), Louis-Francois-Armand du Plessis, duc de Richelieu, arrière-petit neveu du cardinal, est plus connu pour ses conquêtes féminines et ses duels que par son rôle dans l'histoire, la chronologie a donc peu d'importance ici.

Proche dans le temps des derniers vrais drames romantiques (chez Dumas comme chez Hugo ou Vigny), la pièce n'en respecte pourtant ni l'esthétique flamboyante ni les thèmes récurrents: Gabrielle pas plus que d'Aubigny ne cultivent l'humeur noire d'Antony ou de Ruy Blas, et la fatalité qui semble poursuivre les amants n'est que le résultat de l'intrigue nouée par deux libertins qui occupent le premier rang de la scène.

D'une structure similaire à celle du Mariage sous Louis XV (et inspirée de Laclos?), cette «comédie» comme Dumas l'appelle d'ailleurs dans son post-scriptum confirmant la dédicace à Mlle Mars, constitue une sorte de préface aux différents textes (pièces, romans, œuvres historiques) que Dumas va consacrer ensuite à la Régence et au règne de Louis XV. Elle forme avec ce Mariage que nous venons de citer et La jeunesse de Louis XV, interdite et finalement jouée sous le titre du Verrou de la Reine, une sorte de trilogie dramatique brossant sur la scène un tableau des mœurs au début du règne de Louis «le bien aimé».

L'étude des caractères est assez bien menée et une réelle intensité dramatique se dégage des deux derniers actes. La pièce est restée longtemps au répertoire de la Comédie-Française, et a été reprise encore en 1976 ce qui témoigne de l'intérêt, sinon du public, du moins des hommes de théâtre pour cette œuvre que Claude Aziza a mise à l'honneur récemment en lui faisant une place dans son recueil des Drames romantiques [sic] de Dumas, recueil comprenant d'ailleurs une «comédie», Kean, et la «tragédie» de Charles VII chez ses grands vassaux (Omnibus, 2002).

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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