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Titre La marquise d'Escoman ou Les drames galants - La marquise d'Escoman

Année de publication 1860

Genre Roman

Collaborateur(s) Gaspard de Cherville

Epoque du récit 1831-1840

Résumé En 1833, le marquis d'Escoman mène une vie de débauche à Châteaudun. Bien que marié, il s'affiche sans vergogne avec sa maîtresse, Marguerite Gelis, et dilapide allègrement la fortune de sa femme.

Le nouveau secrétaire du préfet, Louis de Fontanieu, un jeune noble désargenté, voudrait bien se faire une place dans cette société. Mais il ne rencontre qu'antipathie, voire rejet de la part du marquis d'Escoman et de ses amis. Après avoir provoqué le marquis en duel et lui avoir laissé la vie sauve, il fait la connaissance de son épouse, la jolie marquise. Il en devient immédiatement très amoureux, mais celle-ci ne lui laisse aucune illusion, espérant toujours que son mari va lui revenir.

Pour plaire à la marquise, Louis met ses sentiments au second plan et s'applique à faire rompre la maîtresse du marquis. Le succès est au-delà de ses espérances puisque Marguerite qui n'attendait que cela car amoureuse de lui, s'offre à lui profitant d'un moment d'égarement du jeune homme...

Seulement, cette rupture n'a pas l'effet escompté. En effet, le marquis d'Escoman, loin de revenir auprès de son épouse, part à Paris s'adonner au jeu de plus belle... Ce qui fait réfléchir Emma d'Escoman qui se laisse aller petit à petit à rêver à la passion montrée par Louis, tout en tentant de combattre ces penchants qui lui font peur. Le retour de son mari et ses tentatives de séduction pour lui soutirer de l'argent la répugnent et lui ouvrent les yeux sur ses véritables sentiments envers Louis.

Cependant, malgré son amour pour Emma, Louis n'ose rompre avec Marguerite de peur de la blesser. Une maladresse de la gouvernante d'Emma et la jalousie de Marguerite vont pourtant faire précipiter les choses et la marquise, bien qu'innocente, se retrouve contrainte à fuir de peur du scandale.

Le marquis porte plainte et la pauvre Emma est arrêtée et convaincue d'adultère. Le procès la condamne à six mois de prison et Louis à trois mois. A leur sortie, ils s'installent ensemble et vivent quelques mois de pur bonheur avant que les soucis d'argent ne viennent perturber leurs amours. De plus, Marguerite, devenue une courtisane des plus en vue à Paris, réapparaît dans leur vie et ne pense qu'à se venger de l'affront subi par la faute de sa rivale.

C'est ainsi qu'elle manoeuvre pour que Louis se détache de plus en plus d'Emma et aille même envisager d'épouser une jeune héritière... Cette fois, la pauvre marquise ne peut supporter cette nouvelle épreuve et disparaît... dans un couvent. Sans nouvelles d'elle et plein de remords, Louis se retire alors chez sa mère.

Analyse Ce qu'il y a de formidable avec Dumas, c'est qu'après avoir lu bon nombre de ses romans, on arrive encore à en dénicher un, très peu connu, et à le trouver passionnant!

Voici en effet, une histoire romantique à souhait, avec des personnages variés et profonds et qui reflète parfaitement le mal-être et le mauvais goût d'une époque. Plus précisément, les années qui ont suivi la révolution de 1830, dans laquelle la jeunesse avait mis tant d'espoir avant de se rendre compte très vite que rien n'avait changé. Une époque où le jeu était devenu un moyen d'existence, le vin une drogue et les femmes un prétexte à sentiment...

Une époque où, sans argent, même noble, vous n'étiez plus rien et en plus, vous vous déshonoriez en travaillant. Une époque où un époux libertin aux yeux de tous pouvait dilapider sans vergogne la fortune de sa femme et la faire condamner à la prison pour adultère sans véritables preuves. Enfin, une époque où des jeunes filles pauvres des campagnes n'avaient d'autres choix pour s'en sortir que de vendre leur corps.

Comment s'étonner alors que certains jeunes hommes bafouent quelquefois leur honneur en ce qui concerne leurs sentiments et leurs actes? La faiblesse et la lâcheté de Louis de Fontanieu à assumer ses amours et ses ruptures sont tout à fait représentatives de ce malaise. Par contre, paradoxalement, il n'hésite pas se battre en duel pour des paroles blessantes, ce qui révèle bien le doute et l'incertitude auxquels est en proie la jeunesse dans cette société.

Les personnages sont superbement bien décrits, leurs sentiments et leurs comportements ne nous laissent pas indifférents: Louis, instable et dont le désir s'étiole une fois qu'il a obtenu ce qu'il voulait; Emma dont la noblesse de cœur est telle que, pour que Louis ne se sente pas inférieur à elle, elle laisse toute sa fortune à son mari; la gouvernante, qui aime Emma comme sa fille et ferait tout pour son bonheur, et même des choses contraires à ses convictions; Marguerite et ses jalousies, ses haines de femme meurtrie dans son amour propre et ses désirs de revanche par rapport à sa position sociale... Tous ces portraits nous montrent une fois de plus la grande connaissance de la nature humaine de l'auteur.

On se laisse donc prendre à cette histoire d'autant plus que Dumas comme il sait si bien le faire, par de petits mots parsemés au gré des chapitres, nous amène à pressentir que cela ne va pas se passer sans douleur...

Il semblerait, d'après Claude Schopp, que Dumas se soit aidé, pour écrire ce roman, d'un livre de Gaspard de Cherville Les mémoires d'un trop bon garçon.

Il n'en demeure pas moins que c'est un très bon roman qui mériterait de sortir de l'oubli.

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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