Titre
Marceau ou les enfants de la République
Année de publication
1848
Genre
Théâtre (drame en cinq actes et dix tableaux)
Collaborateur(s)
Anicet-Bourgeois et Michel Masson
Epoque du récit
1790- 1796
Résumé
Le 14 juillet 1790, réunis au Champ de Mars pour la Fête
de la Fédération, les principaux protagonistes de cette
histoire font connaissance : Talma et Chénier, Marceau et l'abbé
Pascal, Bonaparte et la jeune aristocrate Geneviève de Beaulieu
(Acte I). Trois ans plus tard ils se retrouvent lors d'un repas patriotique
; mais Pascal est proscrit, et Marceau nommé à la tête
des armées de Vendée. Or Geneviève, que tous les
deux aiment, est la fille d'un vendéen (Acte II). En Vendée
assiégée, Beaulieu, tend un piège à Marceau
à l'insu de sa fille. Elle s'échappe aidée par l'abbé
Pascal, et rejoint le jeune homme qui la cache momentanément (Acte
III). Emprisonnée à Nantes, Geneviève n'attend son
salut que d'une grâce que Marceau va demander à Robespierre.
Avant son départ, l'abbé Pascal, arrêté lui
aussi, bénit leur union. Le 8 juin 1794, à Paris, on prépare
la Fête de l'Être suprême. Robespierre accorde sa grâce.
En vain, si l'on en croit un messager de Nantes annonçant l'exécution
de la jeune femme (Acte IV). Altenkirchen, 21 septembre 1796 : Marceau,
blessé au combat, meurt dans les bras de Geneviève qui avait
échappé par miracle au supplice. Plus tard, ses restes sont
transférés au Panthéon où Kléber, Bonaparte
et Pascal viennent rendre " honneur et gloire aux enfants de la république
" (Acte V).
Analyse
Adaptée par Anicet-Bourgeois et Masson de Blanche
de Beaulieu, une nouvelle que Dumas avait publiée d'abord
dans les Nouvelles
contemporaines en 1826, puis dans une version remaniée sous
le titre La Rose rouge en 1831, cette
pièce, comme Périnet-Leclerc
n'est pas réellement de Dumas. Mais comme cette dernière,
elle n'en mérite pas moins de figurer dans un Dictionnaire des
uvres qui accueille des textes auxquels parfois Dumas n'a fait qu'accorder
sa signature. Elle fut représentée pour la première
fois à la Gaîté le 22 juin 1848 (selon la couverture
de la 635ème livraison du Théâtre contemporain illustré),
ou plus vraisemblablement au mois d'août de la même année
comme l'indiquent Reed et Gautier. Il est peu probable en effet qu'une
telle uvre de circonstance ait été jouée au
soir du 22 juin au moment où, à la suite de la fermeture
des ateliers nationaux, l'émeute commence à gagner la capitale.
Dumas pour le moins, qui relate scrupuleusement tout ce qui se passe à
ce moment-là dans ses deux journaux, le mensuel Le
Mois, et le quotidien La France nouvelle,
n'en fait aucune mention. Le bref récit des amours malheureuses
de la jeune vendéenne et de François Marceau - qui, dans
la nouvelle, est secondé par un certain général Dumas
! - devient ici le prétexte d'un long déploiement d'effets
dramatiques ou de "scènes à faire" : défilés
de la Fédération, banquet patriotique, tableau final du
Panthéon, avec un casting des plus grandes figures de la république,
et, en prime, l'appartement de Robespierre chez le menuisier Duplay
Éreintée par Gautier, qui déplore le manque de talent
d'auteurs qu'il ne cite pas mais nomme des "Corneilles du boulevard",
puis, plus tard par Zola, quand, en des temps incertains on reprit le
vieux mélo patriotique pour redonner de l'âme aux français,
l'uvre eut une fortune diverse. Fernandel, à cinq ans, y
tint, au Théâtre Chave, à Marseille, le rôle
d'un enfant de troupe ; s'empêtrant dans son sabre, trébuchant,
il fit bien rire. Une parodie de Denis Valentin fut jouée en 1921
au Théâtre Guignol lyonnais. En 1936, Guy de Téramond
en tira pour Radio-Paris un mélodrame en 9 tableaux. Et en 1961
la télévision française proposa une adaptation signée
René Lucot. Le texte fut publié l'année de sa création
chez Michel Lévy, en un volume in-16 de 107 pages, et dans une
livraison du Théâtre contemporain illustré. Sous le
même titre, et sans nulle référence à Dumas
ou Anicet-Bourgeois et Masson, était paru en 1879 à Alger
un "poème lyrique" du docteur Gavioli sur une musique
d'un certain A. Spinazzi ; ce plagiat aux accents cocardiers ne fut vraisemblablement
jamais joué.
François Rahier
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