Titre
Le maître d'armes
Année de publication
1840
Genre
Roman
Collaborateur(s)
Augustin Grisier
Epoque du récit
1824-1826
Résumé
En 1824, Grisier, jeune maître d'armes français, part pour
Saint-Pétersbourg en quête de gloire et de fortune. Après
un voyage éprouvant, il se lie d'amitié avec Louise Dupuis,
une modiste française expatriée, et son amant le comte Alexis
Vaninkoff, jeune lieutenant dans les chevaliers gardes de l'empereur.
A
la mort de l'empereur Alexandre, des conspirateurs, avec lesquels le comte
Alexis s'est laissé entraîner par désoeuvrement, profitent
du trouble faisant suite à la renonciation à la couronne
de Constantin au profit de Nicolas, son jeune frère, pour essayer
d'instaurer une république. Mal préparé, ce complot
appelé la conspiration des décembristes, est un échec.
Tous les protagonistes sont arrêtés et le comte Alexis est
condamné à l'exil perpétuel en Sibérie.
Malgré les difficultés, Louise obtient l'autorisation de
l'empereur Nicolas I de le suivre et Grisier l'accompagne dans ce terrible
voyage. Après bien des épreuves (conditions climatiques,
attaque des loups...), ils retrouvent le comte qui épouse Louise.
Grisier retourne en France.
Analyse
Ce roman, un des premiers de Dumas, est d'abord paru en feuilleton dans
la Revue de Paris en 1840 puis chez Dumont. Dans l'introduction du Maître
d'armes, Dumas écrit qu'étant à la recherche
d'une histoire pour son libraire, Augustin Grisier (1791-1865), son maître
d'armes, lui aurait donné le recueil des notes du séjour
qu'il avait fait en Russie de 1824 à 1826. Il va même jusqu'à
dire que «rien de ce qui va se lire n'est de moi».
Disons qu'il est plus probable que Dumas s'est inspiré des récits
de Grisier (il semblerait que celui-ci se soit trouvé impliqué
dans la conspiration alors que ce n'est pas mentionné dans le livre)
et de ses descriptions (l'écrivain n'était encore pas allé
en Russie à ce moment-là) pour servir de base à son
roman.
Le narrateur (Grisier) parle à la première personne. Il
raconte à la fois une histoire vraie (celle de Louise et du comte
Alexis) et ses impressions sur le voyage, le climat, les habitants et
les moeurs de l'époque. Tout ceci donne un ensemble intéressant
mais un peu lent.
Bien que Dumas ait pris des précautions (les conspirateurs sont
décrits comme avides de pouvoir et manipulateurs alors que les
membres de la cour impériale sont plutôt sympathiques), ce
roman a été interdit de publication en Russie jusqu'au XX
ème siècle.
Lorsque 18 ans après sa parution Dumas se rend en Russie (1858-1859),
le gouverneur de Nijni Novgorod lui fait la surprise de lui présenter
Pauline (personnage de Louise) et le comte Ivan Annenkov (celui d'Alexis)
qui avaient été autorisés par Alexandre II à
revenir d'exil. Ce qu'il raconte dans son récit de voyage De
Paris à Astrakhan.
On peut depuis 1975 confronter Le maître
d'armes aux Souvenirs de Pauline Anenkov,
la touchante héroïne devenue Louise dans le roman de Dumas.
Nicole Vougny |