Madame Lafarge Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
Page précédente | Imprimer

Titre Madame Lafarge

Année de publication 1866, en feuilleton dans Les Nouvelles sous le titre Marie Cappelle, souvenirs intimes; 2005 en volume sous le titre Madame Lafarge

Genre Causerie

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1810-1840

Résumé Vingt-cinq ans après la mort par empoisonnement d'un charron de province et le procès sensationnel fait à sa femme, jugée coupable, Dumas prend prétexte de la renommée de l'affaire pour plonger dans ses souvenirs. Car Marie Cappelle, femme de sang bleu, n'était-elle pas née au château de Villers-Hélon, tout près de Villers- Cotterêts, la ville natale de Dumas?

C'est le prétexte pour nous raconter d'abord l'histoire de cette demeure ancienne et de certains de ses locataires illustres, jusqu'aux grands parents et aux parents de Marie Cappelle.

Alexandre Dumas rencontre Marie une première fois alors qu'elle est encore bambine. Moins jolie que ses deux soeurs, selon Dumas, elle présentait déjà beaucoup de caractère. Dumas raconte avoir demandé la fillette en mariage pour lui plaire.

Dix-sept ans plus tard, il la voit à nouveau au cours d'une réception organisée par la tante de Marie qui lui raconte comment sa nièce est voleuse. Elle aimerait bien que Dumas lui dise un mot, compte tenu de son ascendant sur la petite. Mais la jeune femme, écrit Dumas, lui demande plutôt de tenir sa vieille promesse de mariage, afin de la libérer d'un milieu où l'on veut arranger ses noces. Dumas prend la chose à la légère, mais le mariage de Marie est célébré quelques jours plus tard.

L'écrivain apprend quelque temps après que Marie est recherchée pour le meurtre de son mari. Il nous explique avoir esquissé une ambassade pour la faire sortir secrètement de France, tentative avortée par la nouvelle de son arrestation.

Dumas passe vite sur le procès et la condamnation à la réclusion perpétuelle de Marie, mais insiste beaucoup sur son arrivée en prison et ses conditions de détention. Pour ce faire, il la cite à outrance: des pages et des pages empruntées à ses mémoires de prison qui s'étalent sur les onze ans de sa captivité. Parfois, une courte phrase originale sert de pont entre deux extraits de la longue plainte de la captive. Dumas complète enfin son feuilleton avec la correspondance de proches de Marie au sujet de sa sépulture.

Analyse Publié pour la première fois en volume en 2005, ce texte constitue encore un inédit de Dumas! Mais il s'agit là, hélas, d'un fond de tiroir, intéressant pour les seuls collectionneurs.

Avec ce récit, Dumas brode sur une affaire qui avait passionné la France et qui restait présente dans les mémoires. Il ne relate d'ailleurs pas le procès, mais ressasse ses souvenirs dans le but de faire ressortir l'humanité de la condamnée dont il ne doute pas de la culpabilité.

Mais la plume de l'écrivain est ici trop avare de ses étincelles sublimes. Ses souvenirs intimes se résument à deux brèves rencontres, à tel point que le titre original du feuilleton paraît nettement abusif.

Dumas expose quand même certaines de ses idées sociales en s'épanchant sur les conditions de détention de son héroïne. Elles auraient été plus dures pour elle que pour une femme d'origine modeste car elle se trouvait privée du luxe dont son quotidien était meublé. Les démunis trouvent au contraire un certain confort en prison, estime Dumas, vu l'indigence matérielle qui accompagne leur liberté...

Cette façon de voir illustre l'ambiguïté des sentiments de classe de Dumas qui, quelques années à peine avant d'écrire ces lignes, fournissait des armes à Garibaldi pour libérer Naples de ses Bourbons. Peut-être sa sympathie pour Marie tient-elle au fait qu'elle appartenait à la branche des Orléans dont Dumas était proche...

Quoi qu'il en soit, ce texte ni chair ni poisson paraît une de ces spéculations où, à la fin de sa vie surtout, Dumas abusait de son nom et de sa renommée pour faire un coup financier.

Rudy Le Cours
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente