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Titre Macbeth Analyse La grande ombre de Dumas plane sur cette pièce, et sans doute sur la carrière tout entière de Jules Leroux (1809-1887), romantique mineur qui voua une admiration sans borne à ses quatre grands amis, Vigny, Hugo, Musset… et Alexandre. On y trouve aussi, qui sait, le fantôme d'une pièce perdue, rêvée, peut-être jamais vraiment écrite. Le 18 février 1842, en effet, écrivant à son fils, Dumas lui annonce que la Comédie-Française vient de refuser son Macbeth. Mais on ne trouve aucune trace d'une lecture officielle, ni du manuscrit. Dans leur livre Alexandre Dumas père à la Comédie-Française, Fernande Bassan et Sylvie Chevalley proposent une piste : le 15 mai 1840, le Comité de lecture de la Comédie-Française avait examiné une lettre de Dumas à Buloz lui annonçant un drame en cinq actes pour le mois de décembre, et, pour les dix-huit mois à venir, des traductions en vers de trois pièces de Shakespeare, Hamlet, Macbeth et Jules César. « Il n'est pas exclu, écrivent-elles, que Dumas ait collaboré pour cette œuvre avec Jules Lacroix (avec qui il écrira Le Testament de César) ». Lacroix publie effectivement un Macbeth chez H.-L. Delloye en 1840, avec une préface du Bibliophile Jacob (pseudonyme de son frère Paul). Dans son Théâtre, tome III, publié chez M. Lévy en 1874, il dira plus tard avoir hésité à reprendre littéralement les passages mis en prose par Shakespeare, et c'est sur les conseils de Victor Hugo, dont il cite la lettre du 14 avril 1840, qu'il publiera sa traduction intégralement en alexandrins. L'œuvre attendit longtemps dans les cartons le bon vouloir d'un théâtre. Reçue « à corrections » à la Comédie-Française le 25 février 1850, elle ne sera créée à l'Odéon que le 10 février 1863. La même année, Lacroix republie son texte chez E. Dentu, libraire de la Société des gens de lettres. La page « Du même auteur » de ce livre liste un « Macbeth, drame de Shakespeare, traduit littéralement en vers (épuisé) ». Lacroix commente ainsi cette indication bibliographique : « Cette traduction complète et littérale de Macbeth, véritablement littérale, puisqu'elle suit le texte de Shakespeare avec toute la rigueur de la prose, a paru chez Delloye en 1840. La seconde édition, revue et corrigée, est sous presse. Sauf quelques modifications peu importantes, quelques passages refaits au point de vue du théâtre, et différentes coupures nécessitées par les exigences de la scène française, cette traduction de Macbeth est, à peu de chose près, la même que nous publions aujourd'hui, et que représente en ce moment l'Odéon ». Mais si Lacroix ressent la nécessité de publier presque simultanément deux versions de la même traduction c'est que les œuvres sont en réalités très différentes : la première version, beaucoup plus longue, multiplie les changements de décor, comme dans l'original ; la seconde les réduit, et resserre l'action. Et Dumas dans tout ça ? Il intervient deux fois, dans les deux versions : d'abord, vers 1840, pressenti pour diriger l'Odéon selon Lacroix, et imaginant pour ce Macbeth qu'il veut monter « un système de décors fort ingénieux, qui se prêtait, sans baisser le rideau, à tous les changements de scène, les plus fréquents et les plus rapides » ; ensuite, en 1849, quand Rachel lors d'un caprice sans suite voulut jouer Lady Macbeth, et que Dumas, toujours selon Lacroix, ayant « modifié sa manière de voir, [et croyant] maintenant Shakespeare impossible avec ses décors multiples et ses nombreuses scènes parfois trop détachées les unes des autres », incita Lacroix à revoir sa copie et à récrire la pièce. C'est à peu près tout ce que l'on peut dire. L'œuvre figurera dans les diverses éditions du Théâtre de Lacroix chez Michel-Lévy, au tome III, à partir de 1874. Rappelons que la grande traduction de François-Victor Hugo parait au même moment (1859-1866). Vingt ans auparavant, Benjamin Laroche avait aussi publié une intégrale précédée d'une introduction sur le génie de Shakespeare par Alexandre Dumas (reprise dans Souvenirs dramatiques, 1868). |
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