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Titre Les forestiers ou Les gardes forestiers

Année de publication 1865

Genre Théâtre

Collaborateur(s)

Epoque du récit 1830

Résumé Scène de chasse dans la forêt de Retz, aux environs de Villers-Cotterêts: on traque un gros sanglier et sa laie. Bernard Vatrin, le fils du garde forestier, aime sa cousine Catherine depuis l'enfance et souhaite l'épouser. Celle-ci est courtisée par le Parisien Chollet. Un mauvais drôle, Mathieu, attise la jalousie de Bernard (Acte I).

Guillaume Vatrin soutient les projets de son fils tandis que sa femme s'y oppose: Catherine est protestante, dit-elle. En fait, elle voudrait voir Bernard s'unir avec Euphrosine Raisin, la fille du maire (Acte II).

Les deux époux s'affrontent devant l'abbé Grégoire qui prêche la tolérance: la bonté d'âme l'emporte sur les questions d'orthodoxie religieuse. Mme Vatrin maintient sa position, se gardant bien d'avouer qu'elle préfère surtout voir Bernard épouser Euphrosine. Exigeant une réponse, affirmant ses droits, Bernard s'emporte; son père le chasse. Mathieu manigance une rencontre entre Catherine et Chollet (Acte III).

Pendant que Catherine se rend au faux rendez-vous tramé par Mathieu, Bernard, désespéré, s'apprête à quitter la France pour l'Algérie où l'on se bat. Mathieu-ci survient et lui conseille de se venger d'abord. Croyant assister à une rencontre secrète  entre Catherine et Chollet, Bernard prend son fusil, puis renonce et s'enfuit. Mathieu ramasse l'arme et tire (Acte IV).

Chollet n'est que blessé, mais on lui a volé sa bourse. Bernard est arrêté. Tout finit bien cependant: un garde-chasse, qui suspectait Mathieu, le surprend en train de chercher l'or volé qu'il avait caché. Bernard épousera Catherine (Acte V).

Analyse Dumas raconte, dans Bric-à-Brac, que les acteurs du Grand-Théâtre de Marseille lui ayant demandé une pièce, il leur avait proposé d'abord son adaptation de Jane Eyre de Charlotte Brontë. À la grande déception du comité de lecture, il ne put en lire que le prologue et les trois premiers actes, le copiste avait oublié la suite. Au même moment, on jouait à Bruxelles une autre adaptation du roman anglais, et on accusa Dumas de plagiat.

Il retira alors sa pièce, dont le manuscrit se perdit par la suite, et proposa sous huitaine d'écrire au choix un Salteador, un Pascal Bruno ou Les gardes forestiers  (sujets qu'il avait en réserve, sous forme de romans ou nouvelles). Ce dernier titre ayant été retenu par ses amis marseillais, il s'enferma dans une retraite avec une cuisinière qui ne connaissait rien à la cuisine mais savait bien faire les courses et plumer la volaille. En huit jours, Dumas cuisina, et écrivit la pièce, reprenant en fait des pans entiers de son roman Catherine Blum paru en 1854.

D'abord intitulé Les forestiers, et joué sous ce titre au Grand-Théâtre de Marseille le 23 mars 1858, ce drame en cinq actes fut repris sous son titre primitif Les gardes forestiers au Grand-Théâtre Parisien, le 28 mai 1865, puis lors d'une tournée en Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise et Aisne, organisée par Dumas qui accompagnait la troupe.

C'est à ce moment-là que le texte fut publié, dans le Musée littéraire de Michel Lévy, puis dans le tome 21 du Théâtre complet en 25 volumes, mais à chaque fois sous le titre Les forestiers, sans doute pour éviter la confusion avec Le garde forestier, une comédie écrite avec de Leuven et Brunswick et jouée aux Variétés le 15 mars 1845.

Dumas s'était fait plaisir en revenant dans les territoires de son enfance, Villers-Cotterêts, la forêt de Retz, l'un des plus grands massifs forestiers français, tout empreint de la magie de la chasse, et avait dû apprécier le choix de ses amis marseillais.

Il a sans doute aussi été influencé par la pièce d'Iffland, Der Jaeger. On sait qu'il en possédait la traduction, et il retrouvait chez cet auteur allemand ses préoccupations esthétiques du moment: un théâtre proche du drame bourgeois du XVIIIème siècle, au pathétique moralisateur. La scène 12 de l'acte III ou le père Vatrin chasse son fils, en même temps qu'elle est très intéressante sur le fond (opposition de la loi nouvelle qui donne au fils la majorité et de l'antique voix du sang), est sur le plan formel proche des tableaux de Greuze sur la malédiction paternelle que Diderot aimait tant. En 1854, Dumas avait fait jouer La conscience, drame inspiré d'Iffland, où l'on trouvait déjà cette tendance.

Les forestiers n'est donc pas qu'une œuvre de commande; c'est aussi un jalon dans cette tentative de Dumas pour sortir du romantisme à partir des années 1850, peut-être sous l'influence de son fils.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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