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Titre L'envers d'une conspiration

Année de publication 1860

Genre Théâtre

Collaborateur(s) Lockroy (non crédité)

Epoque du récit 1660

Résumé En Hollande, Charles II reçoit de mauvaises nouvelles: à Paris, Mazarin n'a pas d'argent, à Londres M. Monk  se réfugie dans l'attentisme. La reine, aidée de sa suivante, Edith Hamilton, convainc le roi de passer à l'action malgré tout (Acte I).

A Londres où courent les rumeurs les plus folles, un jeune écossais fraîchement débarqué, Evan Mac Donald, fait la connaissance d'Edith, et l'aide à échapper à son frère, le colonel George, farouche républicain. Ils se battent en duel puis se lient d'amitié (Acte II).

George va même jusqu'à loger Evan dans sa propre maison, ce qui n'arrange pas les affaires de sa sœur qui comptait cacher le roi et la reine dans une dépendance secrète de la même demeure. Evan, qui s'est amouraché d'Edith, cherche à la rejoindre (Acte III).

Pendant que les partisans du roi et du parlement en viennent aux mains, Evan fait irruption dans la chambre de la reine. Edith, qui a découvert que le garçon l'aimait, décide de le faire passer pour le roi. C'est lui qu'on arrête (Acte IV).

Conduit à White-Hall, dans la chambre même ou Charles 1er avait vécu ses derniers instants, le jeune écossais découvre l'envers de cette conspiration ourdie par les femmes. Triomphant, Charles II fait grâce à George Hamilton, et donne Edith en mariage à Evan (Acte V).

Analyse Les quatre premiers actes de cette comédie en cinq actes jouée pour la première fois au Vaudeville le 4 juin 1860, étaient  intitulés Le fils de Donald le Noir dans le manuscrit original détenu par Frank W. Reed, le titre actuel n'apparaissant qu'au cinquième acte. C'est comme fils de ce Donald le Noir, qui fut du côté du Parlement à la bataille de Worcester, qu'Evan se présente à George Hamilton après le duel du deuxième acte qui va sceller leur amitié. Le titre original mettait au premier plan le même type de jeune premier écossais un peu fruste que dans Le laird de Dumbiky, jouet des circonstances, et ici, des femmes qui mènent la ronde.

C'est parce qu'Evan est davantage un anti-héros que Dumas finalement opta pour le titre du cinquième acte: depuis le début de la pièce, les hommes proposent, et les femmes disposent.

Dans ce même manuscrit figurent deux répliques inédites qui terminent la pièce:

"LE ROI, à Evan.
Accordé!

(Evan tombe à genoux devant Edith qui lui donne la main.)

CUDDY.
Je savais bien qu'il y avait de la magie là-dessous."

Ces répliques n'ont jamais été reprises en volume. Les femmes apparaissent et disparaissent tellement vite dans la maison truquée des Hamilton qu'Evan croit qu'Edith est tout à la fois «esprit, ange, lutin, fée ou démon». Le naïf Cuddy, son valet, n'en démord pas, même à la fin.

Mais dans le texte imprimé, le dernier mot revient à Edith, fiancée à Evan: «Sire, avec l'aide de Dieu, je tâcherai de me défendre». Décidément, elle veut garder la main.

Dernière comédie historique de Dumas père, et troisième consacrée à l'époque de Charles II, L'envers d'une conspiration résonne, comme Le laird de Dumbiky, d'échos des Mousquetaires et de leur suite, en particulier les émouvantes scènes du 5ème acte dans la chambre de White-Hall. Comédie d'intrigues laissant une large place à l'histoire (les actes III à V se déroulent à Londres les 28-29 mai 1660), la pièce propose quelques portraits assez fins, de maîtresses femmes bien sûr, la reine, Edith, mais aussi de bourgeois opportunistes quand l'ordre républicain vacille à Londres, ou encore celui de George Hamilton, qui n'est pas tout d'une pièce.

Il n'est peut-être pas sans intérêt de relever que, contre une histoire trop souvent vue du côté de l'alcôve, Dumas finit sa carrière par cette comédie de caractères sur le rôle – politique, osons le mot – des femmes dans l'histoire.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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