Titre
El Salteador (ou
Le gentilhomme de la montagne)
Année de publication
1854
Genre
Roman
Collaborateur(s)
-
Epoque du récit
1497-1519
Résumé
En 1519, Don Inigo, nouveau grand justicier d'Espagne, rejoint le roi
Don Carlos à Grenade, en compagnie de sa fille Dona Flor. Sur la
route qui traverse la sierra Nevada, ils sont attaqués par des
brigands dont le chef, «El Salteador», subjugué par
la beauté de la jeune fille et par le respect que lui inspire le
vieil homme, leur rend la liberté sans conditions, se comportant
par là en gentilhomme.
Cela
n'empêche pas les hommes du roi de le traquer en mettant le feu
à la montagne. Il ne doit son salut qu'au dévouement et
à l'amour d'une jeune bohémienne, Ginesta, qui n'est autre
que la demi-sœur du roi Don Carlos. Celle-ci se fait reconnaître
du roi et en échange du renoncement à tous ses droits, elle
obtient la grâce d'El Salteador dont la véritable identité
est Don Fernand, fils d'un grand d'Espagne, Don Ruiz, ami de Don Inigo,
qu'un concours de circonstances malheureux a contraint à se mettre
hors la loi.
Mais à peine rentré chez lui, Don Fernand se bat en duel
avec son ami Don Ramiro pour l'amour de la belle Flor. Il se passe
alors une chose terrible: non seulement Don Fernand refuse d'obéir
à l'ordre de son père de cesser le combat mais en plus il
le soufflette! C'est seulement à Don Inigo qu'il accepte de se
rendre pour subir la justice du roi après avoir tué plusieurs
soldats.
De tels actes ne pouvant rester impunis, il semble bien voué à
mourir sur l'échafaud mais, encore une fois, il est sauvé
par le roi qui, ayant entendu la mère de l'accusé en confession,
fait en sorte que Don Ruiz pardonne pendant que lui-même apprend
son élection à l'empire sous le nom de Charles Quint.
Analyse
El Salteador est un roman historique
situé en Espagne comme quelques autres romans de Dumas (dont Le
Bâtard de Mauléon). Dumas disait: «il y a
une chose que je ne sais pas faire: c'est un livre ou un drame sur des
localités que je n'ai pas vues...» (ce qui ne l'a pas empêché
de rédiger des récits de voyage dans des pays où
il n'était jamais allé!). Pour ses descriptions, il se sert
des observations faites pendant son voyage en Espagne en 1845.
En toile de fond, il met en scène Charles Quint alors que, âgé
de 19 ans, il arrive en Castille. Accueilli plutôt fraîchement
par les Espagnols, il sent que son autorité va être difficile
à instaurer. Il est vrai qu'aux yeux de son peuple, il a un physique
trop germanique (cheveux blonds, barbe rousse), il a le défaut
d'avoir passé toute sa jeunesse en Flandre et en plus sa mère
est folle!
Les personnages dont l'histoire va se mêler à celle de Charles
Quint sont peut-être moins approfondis que dans les meilleurs romans
de Dumas mais on se laisse vite prendre par les rebondissements de l'action;
on devine un drame dans les relations qui se nouent entre les personnages
rien qu'à quelques phrases, quelques mots que l'auteur distille
si bien.
On est donc tout haletant jusqu'à ce que le dernier chapitre arrive.
Et là, on ne peut être que déçu par cette fin
trop rapide. Dumas donne une conclusion qui parait incohérente
par rapport à ce que l'on a lu auparavant (notamment au niveau
du personnage de Don Fernand), d'autant que les différents protagonistes
n'apprennent pas les véritables relations qui existent entre eux,
ce qui nuit à la crédibilité du dénouement.
On a vraiment le sentiment que l'auteur a bâclé son oeuvre,
qu'il n'a pas eu le temps de la terminer comme il faut. Sans doute Dumas
a-t-il été obligé de faire vite pour une raison ou
pour une autre (un problème de délai de publication dans
Le Mousquetaire, vraisemblablement) mais
c'est bien dommage!
A noter qu'il existe un drame en cinq actes appelé Le
gentilhomme de la montagne, écrit en 1860. Et en 1943, un film
d'Emile Couzinet, Le brigand gentilhomme,
a été tiré de ce roman.
Nicole Vougny
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