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Titre Cromwell et Charles 1er

Année de publication 1835

Genre Théâtre

Collaborateur(s) Cordellier Delanoue

Epoque du récit 1628-1649

Résumé En 1628, Pym, rédacteur avec Wenworth, comte de Staffort, de la «Pétition des Droits» que Charles 1er vient de signer, découvre en présence d’un inconnu, Cromwell, la duplicité du monarque. C’est le «dernier jour de popularité» du roi qui humilie un gentilhomme (prologue).

1640: l’Angleterre s’achemine vers la guerre civile. Érigées en cour de justice sous l’influence grandissante de Cromwell, les communes votent un bill d’accusation (Acte I).

L’émeute fait rage à Londres. Mis en difficulté par une matrone française dont il a promis d’épouser la nièce grosse de ses œuvres, Cromwell s’en tire en offrant sa protection au comte de Straffort (Acte II).

A White Hall alors que Cromwell essaie de convaincre Staffort de renoncer à ses projets, le Parlement lui demande de l’arrêter. Staffort est condamné. Charles 1er doit renoncer à son droit de grâce en échange de la vie de son fils retenu en otage (Acte III).

Avant de prendre York, le 14 juin 1645, Cromwell vient visiter le roi dans sa tente pour l’exhorter à traiter avec le Parlement et ainsi sauver la royauté (Acte IV).

Le 30 janvier 1649, Cromwell ne peut se résoudre à la mort du roi et prépare son évasion, mais le gentilhomme humilié du prologue, qui a pris la place du bourreau, fait échouer la tentative (Acte V).

Analyse Signé par Cordellier Delanoue (Étienne Casimir Hippolyte, 1806-1854) ce drame est bien de Dumas: le témoignage de Glinel est formel, il a eu entre les mains le manuscrit original où figure cette note: «Fini le 3 mars à 5 h. ½ du soir. Al. Dumas». Dumas fils confirme, en précisant que son père avait travaillé sur un premier jet, comme il le faisait très souvent, mais qu’à ses débuts il refusait absolument de signer ses travaux en collaboration.

Un autre manuscrit de la pièce, intitulé Le testament de Cromwell, est conservé à l’Institut de France dans la Bibliothèque Spoelberch de Lovenjoul. Glinel signale d’assez nombreuses variantes entre le manuscrit et l’édition originale parue chez Marchant en 1835.

Ami intime de Dumas, romancier, critique musical, mais surtout dramaturge, Cordellier-Delanoue est parfois cité pour avoir collaboré à Napoléon Bonaparte. Créée 7 ans après la parution du Cromwell de Victor Hugo, jamais joué, et de sa Préface, cette pièce historique manque de ressort: Staffort, puis Charles 1er, occupent la place centrale; Cromwell reste un homme de l’ombre (et sa passade amoureuse vite oubliée n’occupe qu’une partie de l’Acte II), il se dissimule volontiers et n’entre jamais par la grande porte. Le gentilhomme masqué qui fait échouer à la fin la tentative d’évasion du roi, entrevu lors du prologue, opère un retour un peu forcé qui n’est guère convaincant.

Il y a une réflexion politique cependant. Comme dans Les mousquetaires (ou Vingt ans après) Cromwell le libéral hésite devant le régicide, allant un peu plus loin ici puisqu’il ne se commet pas avec l’homme masqué qui officie à la place du bourreau; dans Les mousquetaires, c’est Mordaunt et ils sont complices, et Charles 1er dit de lui alors: «Cet homme est un abime», ce qui peut s’appliquer aussi bien au personnage de la pièce de 1835.

Dans cette esquisse vite troussée (les deux derniers actes sont très courts) qui met souvent bout à bout des temps forts de l’histoire de la guerre civile anglaise sans lien dramatique évident, Dumas fait ses gammes, tissant la toile de fond sur laquelle il mettra en scène un peu plus tard dans Vingt ans après quelques-uns de ses personnages les plus populaires. Le décor de l’acte V, avec la sinistre fenêtre de Whitehall, évoque immanquablement le 8ème tableau des Mousquetaires coupé sur ordre de Dumas dès la deuxième représentation en 1845 après le malaise du duc de Montpensier héritier des Stuart.

C’est peut-être aussi dans cette pièce que prend forme la pensée de Dumas sur la peine de mort: le supplice de Staffort tourmente Charles, mais aussi Cromwell, et c’est pour cette raison que ce dernier veut sauver le roi et en finir avec l’échafaud.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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