Les Chevaliers du Lansquenet Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
Page précédente | Imprimer

Titre Les Chevaliers du Lansquenet

Année de publication 1850

Genre Drame en cinq actes et dix tableaux

Collaborateur(s) E. Grangé et X. de Montépin

Epoque du récit 1847

Résumé Georges de Marigny vient de perdre au jeu les derniers 100 louis qui lui restaient de son immense fortune ; il a même engagé auprès d'un usurier la part d'une demi-sœur mystérieusement disparue, et dont il avait la curatelle. Au bord du déshonneur, il se voit proposer un étrange partenariat avec le prétendu comte de Fly, porte-parole de la société secrète des Chevaliers du Lansquenet, une association de tricheurs professionnels (prologue). Quelque temps plus tard Georges, visiblement mieux fortuné, propose à une lorette de sa connaissance, Mazagran, de tenir le rôle d'une jeune et riche veuve ; on comprend qu'il veut la faire passer pour sa sœur. Puis il attire dans ses rets le vicomte de Croï, richissime et naïf hobereau normand ; celui-ci lui parle de l'amour qu'il porte à une jeune sauvageonne, Perdita, qu'il recherche désespérément ; Georges soupçonne qu'il s'agit de sa véritable sœur. Expliquant son plan aux "chevaliers", il demande et obtient les pleins pouvoirs dans l'association. Cependant, le baron Carol, parrain de la demi-sœur de Georges, vient lui proposer de retrouver cette dernière. Georges engage alors ses chevaliers dans une course poursuite à travers Paris pour débusquer Perdita qui ne peut être que cette sœur disparue (Acte I). Perdita est à Paris effectivement, et fait la connaissance de son voisin, Clovis, un jeune maître d'armes sans fortune, ami de Georges. Le baron Carol, qui est en réalité son vrai père, lui rend visite ; n'osant lui dire la vérité, il feint de vouloir l'adopter. Mais de Fly survient à son tour, et les prétendues révélations qu'il fait sur sa famille troublent la jeune fille. Peu après, lors d'un entr'acte au Vaudeville, Georges et de Fly tissent un autre piège autour de Mazagran et du vicomte de Croï (Acte III). À un diner, chez Véry, Georges et de Fly jettent Mazagran dans les bras du vicomte et lui extorquent sa signature pour des traites. Un mois plus tard, chez Mazagran devenue la veuve Albertini, avenue Marbœuf, Perdita est enlevée par les chevaliers (Acte III). Georges et de Fly tentent de se débarrasser du vicomte et du général, qui sont sur le point de découvrir leurs manigances, en faisant arrêter le premier pour les dettes qu'on lui fait endosser, et en attirant le second dans un duel avec Clovis. Pendant ce temps Perdita est délivrée par Clovis de la maison isolée où la retenaient les chevaliers (Acte IV). Mazagran, qui a découvert la vérité, libère le vicomte de sa prison de Clichy. Au bois de Boulogne tout se révèle : Perdita est bien la demi-sœur de Georges, le général est son père ; en souvenir de leur mère, il règle les dettes de Georges qui peut s'exiler et tenter de retrouver le chemin de l'honneur ; le vicomte épousera Perdita. Et sur le pré carré Clovis tue en duel de Fly qui avait été le mauvais génie de Georges (Acte V).

Analyse Xavier de Montépin (1823-1902) a commencé à collaborer avec Dumas en 1849 pour Le Connétable de Bourbon. En cette année 1850, ils vont faire jouer trois pièces, celle-ci, et, peu après, Pauline, et Les Frères corses, au Théâtre-Historique. Chaque fois, Eugène Grangé participe à l'écriture. En 1850, Montépin n'est pas encore le feuilletoniste célèbre de La Porteuse de pain. Les Chevaliers du Lansquenet est son premier roman, un roman-fleuve en 10 volumes qu'il écrivit avec l'aide du marquis Théodore de Foudras (1800-1872). La collaboration de Dumas à l'adaptation scénique est connue par la fameuse lettre à Maquet de mai 1850, rapportée par Gustave Simon dans son Histoire d'une collaboration ; Dumas y écrivait : "Maintenant j'ai un tiers dans Les Lansquenets, je ne sais pas ce que cela fera ; j'ai un tiers dans Pauline qui ne m'a pris ni travail d'exécution, ni travail de mise en scène. J'ai moitié dans une pièce au Vaudeville". Comme d'habitude, le drame taille dans le matériau abondant du roman. Un roman composite, empruntant parfois ses techniques d'écriture au théâtre, comme en témoigne par exemple le début de la 3ème partie, intitulé "Danaë" (dans l'édition Cadot de 1857) : le 1er chapitre, "Monologues et dialogues", divisé en 11 scènes, avec didascalies explicites, constitue une sorte d'épisode dramatique, correspondant à une partie du troisième acte de la pièce. Mais les noms des personnages sont changés, et le texte des répliques diffère considérablement. La pièce est une réduction du livre, conservant des sous-titres, "Le loup et l'agneau", pour le 2ème tableau du drame et le 1er épisode du roman, le prénom de "Perdita", des allusions aux Mystères de Paris, le célèbre feuilleton publié quelques années auparavant par le Journal des débats, comme par exemple le titre du 3ème tableau, "La sœur de Rigolette". L'esthétique, la dramaturgie, sont celles du mélodrame, mêlant gens du peuple et grands de ce monde, purs et corrompus, soignant particulièrement les changements de lieu (un diner se déroule chez Véry, une autre scène au théâtre du Vaudeville, une autre encore à la prison pour dettes de Clichy), les jeux d'ombre et de lumière dans des décors à compartiment (au 8ème tableau, Perdita est enfermée dans une chambre obscure au premier, tandis qu'au rez-de-chaussée on bat le briquet), dosant encore l'intensité dramatique (des scènes semblant empruntées à la Vie de bohême de Murger alternant avec celle ou des hommes masqués enlèvent la petite orpheline), etc. Mais la psychologie est sommaire : on voit mal comment Georges à la fin peut se muer aussi vite en un jeune homme repentant. Créé au Théâtre de l'Ambigu-Comique le 4 mai 1850, le drame semble avoir eu peu de succès (19 représentations en mai et juin selon Claude Schopp). Le texte a été édité la même année, par la Librairie théâtrale, dans un grand in-8° de 48 pages.

François Rahier
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente