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Titre Catherine Howard

Année de publication 1834

Genre Théâtre

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1542

Résumé Alors qu'une guerre avec l'Ecosse est imminente, Henri VIII, roi d'Angleterre, charge un de ses favoris, Ethelwood, de ramener à la cour le trésor de jeunesse, d'innocence et de beauté qu'il a choisi pour être sa cinquième épouse: Catherine Howard. Seulement, celle-ci n'est autre que la femme secrète d'Ethelwood, qu'il a tenue cachée loin de la cour et de ses tentations et à qui il a tu sa véritable identité.

Pour la soustraire aux visées du roi, il lui fait avaler un puissant narcotique qui simule la mort. Croyant Catherine morte, le roi, profondément affecté, se rend dans le caveau où elle repose et lui passe au doigt un anneau gage de son amour. Lorsqu'elle sort de son sommeil, Ethelwood lui apprend qu'il est l'un des personnages les plus puissants du royaume, et lui raconte à quel danger elle vient d'échapper grâce à son subterfuge, ce qui la laisse profondément rêveuse...

Henri VIII, au moment de partir faire la guerre, offre à Ethelwood la régence du pays ainsi que la main de sa sœur Marguerite, qui est amoureuse de lui depuis longtemps. Quand Ethelwood refuse, le roi, d'abord incrédule, se met en colère et lui retire tous ses droits et privilèges. Pour pouvoir vivre avec sa chère et tendre Catherine, Ethelwood simule alors le suicide en prenant le même narcotique qu'il lui avait donné.

Seulement Catherine, sachant que son mari n'est plus rien à la cour et à qui il ne déplairait pas d'être reine, va se faire reconnaître du roi. Fou de joie de la voir vivante, celui-ci lui renouvelle sa promesse de mariage et la comble d'attentions. Ce qui fait qu'elle omet d'aller délivrer Ethelwood de son caveau. C'est grâce à l'amour de Marguerite qu'il est libéré et sauvé d'une mort terrible.

Il va donc pouvoir se venger de l'ingratitude et de la trahison de Catherine en faisant en sorte que le roi pense qu'elle est adultère. La chambre haute n'a d'autre choix que de la condamner à être décapitée. Ni le dévouement du comte de Sussex qui ne peut croire en sa culpabilité et qu'elle ne détrompera pas, ni la disparition du bourreau dont elle a acheté la fuite, ne pourront empêcher la sentence de s'accomplir. C'est en effet Ethelwood qui remplace l'exécuteur avant de se livrer comme son complice.

Analyse Ce drame en cinq actes et huit tableaux a été représenté pour la première fois au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris le 2 avril 1834.

Dans ses Mémoires (chapitre CCXXXII), Dumas nous raconte la création de Catherine Howard. C'est à la suite de la lecture de sa pièce en vers Edith aux longs cheveux, refusée par la Comédie française, que la comédienne Mlle Mars lui suggéra de compléter l'histoire: «selon elle, il n'y avait qu'une moitié de pièce». Suivant ses conseils, Dumas refait la pièce en prose et lui donne le nom de Catherine Howard.

Cela n'a pourtant pas empêché l'auteur de connaître là un de ses premiers échecs, pas vraiment au niveau du public qui a assez bien accueilli ce drame, mais plutôt, si l'on en croit l'avertissement qui précède la pièce, au niveau de la critique. En effet, dans cet avant-propos Dumas s'en prend aux journalistes qui «demandent aux poètes des œuvres des âges qu'ils n'ont point atteints». Pour lui, «il n'y a d'appréciation exacte de l'oeuvre d'un homme que lorsque cet homme a cessé de vivre», ce que les critiques sont loin de faire...

L'auteur qualifie ce drame d'extra-historique, c'est à dire «d'oeuvre d'imagination procréée par ma fantaisie», ce qui pourrait nous faire penser que ce personnage de Catherine Howard a été inventé, alors qu'il n'en est rien. Comme dans la pièce, la vraie Catherine a bien été l'épouse du roi Henri VIII et a bien été décapitée pour adultère (apparemment, elle continuait à voir ses anciens amants...).

La Catherine Howard de Dumas est une jeune femme ambitieuse, ingrate, plutôt faible que méchante et qui finira mal parce qu'elle a voulu connaître les fastes de la cour... Connaissant la réputation de cruauté d'Henri VIII, qui n'a pas hésité à faire décapiter sa troisième épouse Anne Boleyn pour soupçons d'adultère, elle le trompe quand même en lui cachant le fait qu'elle a été mariée.

Rendons-lui justice, la décision de laisser mourir Ethelwood dans des conditions terribles n'a pas été prise facilement. Mais le goût du pouvoir a été le plus fort. On la voit même essayer de participer aux conseils du roi. Cependant, elle vit dans la peur de trahir son secret et aussi parce qu'elle a reconnu Ethelwood qui se place sans cesse sur son chemin pour lui faire comprendre qu'elle va devoir payer pour son ingratitude. De plus, elle avait cru qu'elle pourrait aimer son mari parce qu'il était roi, ce qui est loin d'être le cas...

Finalement, la mort sera au bout de son chemin, de la main même de celui qui l'a tant aimée, qui a tout sacrifié pour elle, qui en a été bien mal récompensé par la souffrance qu'il a endurée de la voir avec Henri VIII et qui se livrera à la justice parce qu'il ne peut vivre sans elle...

En 1871, William Harrison Ainsworth s‘est largement inspiré de la pièce de Dumas dans son roman Tower Hill.

Nicole Vougny
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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