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Titre Le capitaine Paul

Année de publication 1838

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1779-1780

Résumé Octobre 1779: la frégate L'Indienne s'arrête en Bretagne. Son capitaine, sous un déguisement, descend au port et fait la rencontre d'Emmanuel d'Auray, lequel souhaite confier au capitaine, sur ordre du roi, le prisonnier Lusignan afin de le conduire à Cayenne. Le fougueux capitaine Paul accepte. En chemin, son bateau est attaqué par un navire anglais. C'est l'abordage, pendant lequel le prisonnier prend une part active à la défense du navire. L'Indienne victorieuse, le capitaine écoute l'histoire de Lusignan et noue avec lui une amitié qui l'amènera à prendre sa défense.

On les retrouve six mois plus tard, de retour en Bretagne. Paul détient une lettre de son père, qu'il n'a guère connu, lui commandant de se rendre, le soir de ses 25 ans, auprès du vieil Achard, lequel vit sur les terres d'Auray, afin d'apprendre la vérité sur sa naissance. La défense de Lusignan ramène aussi Paul en ces lieux: en effet, celui-ci a été fait prisonnier pour avoir osé aimer la sœur d'Emmanuel, Marguerite, dont il a eu un enfant. Le frère et la mère de Marguerite lui ont retiré son enfant et veulent l'obliger à épouser un personnage influent à la cour...

Et qu'en est-il du marquis d'Auray? Là se rejoignent les deux histoires. Jeune mariée, la marquise a eu une aventure avec le comte de Morlaix; un enfant est né et a été élevé secrètement par son père et par Achard. Au bout de quelques années, le marquis a appris cette tromperie et a provoqué le père en duel.

Celui-ci s'est laissé tuer; le marquis est devenu fou. Son épouse, de peur que son infidélité ne soit révélée au grand jour, a entretenu et encouragé cette folie du comte, en le gardant enfermé. Le jeune enfant, quant à lui, a été envoyé en Angleterre, où l'on a perdu sa trace: voilà ce qu'Achard apprend à Paul qui est, bien sûr, l'enfant en question.

La marquise retire son mari de sa retraite afin qu'il signe le contrat de mariage de sa fille. Ému par la peine de celle-ci, il a l'impression de sortir de sa folie et hésite... Paul se présente alors, portrait vivant de son père: le marquis croit sa victime revenue pour se venger et succombe à une crise d'apoplexie, non sans avoir tout avoué à son confesseur. Marguerite, dissimulée, apprend tout... Elle rejoint Paul et observe, avec lui, une dernière scène: Achard se meurt; il détient les papiers authentifiant l'origine de Paul, mais qui ne doivent lui revenir qu'à la mort du marquis. La marquise assiste à l'agonie du vieillard et se tient prête à lui prendre la clé de la cachette des papiers. A l'instant où il meurt et où elle s'apprête à voler... Paul intervient. Toute la vérité est révélée.

Mais Paul ne veut que le bien de sa famille: il a obtenu un régiment pour Emmanuel; il permet le mariage de ses protégés, qui retrouvent leur enfant, et fait accorder au jeune époux le poste de gouverneur de la Guadeloupe. Paul gardera toujours le silence sur ses origines et la marquise finira ses jours apaisée... mais seule.

Analyse Fenimore Cooper était aux yeux de Dumas un écrivain de prédilection. Il lui semblait donc tout naturel, comme il l'a fait pour d'autres auteurs, d'enrichir son œuvre en la complétant... Après avoir lu le roman Pilote de Cooper, Dumas a souhaité imaginer la vie du héros, capitaine de frégate, en dehors de la courte période rapportée par l'écrivain. Au cours d'une visite en Bretagne, Dumas est donc allé fureter du côté de Lorient, où le capitaine Paul Jones aurait vraisemblablement séjourné, afin d'enrichir sa connaissance du marin.

A partir de là, Dumas disposait de tout ce qu'il lui fallait pour écrire son drame: l'ouvrage d'un autre auteur, des renseignements glanés çà et là, et son imagination débordante. Le résultat, remanié après une première version sous forme de la pièce de théâtre Paul Jones (1836), est une réussite.

On y trouve les grands sentiments amoureux propres à l'époque romantique, combinés à un code d'honneur porté à un point tel qu'on ne peut qu'être effaré de la cruauté la marquise envers son mari et sa fille. Rarement, dans l'œuvre de Dumas, une mère a-t-elle inspiré au lecteur un tel sentiment d'horreur. Celui-ci, heureusement, est adouci lorsque surviennent ces quelques touches qui font sourire, particulièrement lorsque l'auteur décrit certains comportements plutôt taquins du capitaine Paul.

Pas très long, le récit a été rédigé pour paraître en feuilleton dans le journal Le Siècle. Le roman se lit d'une traite, tant on a envie de découvrir comment Dumas résoudra les incroyables situations qu'il met en scène: la mère coupable d'adultère, qui a un enfant qu'elle rejette et qui cache son infidélité; qui plus tard, loin de comprendre sa fille également enceinte hors des liens du mariage, lui fait subir des souffrances morales terribles...

Dumas, qui sait bien que ses lecteurs s'attachent à ses héros, termine par un épilogue qui nous raconte les dernières années du capitaine Paul.

Marie Douville
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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