Titre
Le capitaine Pamphile
Année de publication
1839
Genre
Roman
Collaborateur(s)
-
Epoque du récit
1830 (histoire du narrateur) et 1827/1830 (histoire du capitaine Pamphile).
Résumé
Deux histoires parallèles: celle de l'auteur et de ses amis artistes
(vie de bohème où les animaux occupent une part importante
en tant que membres à part entière de la collectivité)
et celle du Capitaine Pamphile (où tout est lié à
l'argent, au profit, sans aucun sens moral et où les animaux occupent
une place importante en tant que source de profit). Le lien entre ces
deux histoires est assuré par des animaux (dont certains sont inoubliables
tel Tom l'ours, ou Jacques Ier et Jacques II les singes).
Dès
le début du roman, le ton (humoristique) est donné: le premier
animal que nous rencontrons est la tortue Gazelle que l'auteur sauve d'une
fin «culinaire» en l'achetant in extremis dans une épicerie
alors qu'elle était convoitée par un Anglais voulant savourer
une soupe à la tortue avant de mettre fin à ses jours...
Cette tortue causant trop d'ennuis au domicile de l'auteur, elle est donnée
à un ami peintre (Decamps) qui possède déjà
trois animaux: l'ours Tom, le singe Jacques Ier et la grenouille Melle
Camargo... Plus tard, à l'occasion de soirées entre artistes
chez Decamps, nous apprenons l'histoire de Jacques Ier qui a été
ramené d'Afrique par un certain Capitaine Pamphile.
L'histoire de ce Capitaine Pamphile est ainsi narrée de soirée
en soirée en parallèle à celle des artistes et de
leurs animaux (qui finissent tous tragiquement). Le Capitaine Pamphile,
sorte de d'Artagnan sans foi ni loi, a fait une fortune incroyable grâce
à sa méchanceté, son imagination fertile, sa volonté
sans faille, son courage et aussi grâce à la bêtise
de ses contemporains. Cette fortune a été amassée
au travers d'aventures de plus en plus extravagantes, du trafic d'ivoire
à l'escroquerie financière internationale de grande envergure
en passant par la traite des Noirs et par une mutinerie de son équipage...
Analyse
L'intention de Dumas, dans ce récit pour enfants, est de critiquer
la société du profit «à tout prix» quelle
qu'en soit la source (l'esclavage, les trafics en tout genre...). Les
animaux occupent une place centrale dans ce roman (dès le premier
chapitre avec la tortue Gazelle) et s'ils sont, en règle générale,
sympathiques et drôles, ils subissent un vrai carnage. Les animaux
«victimes» de cette société marchande sans foi
ni loi viennent ainsi renforcer la critique satirique à laquelle
se live Alexandre Dumas.
Le sujet global est donc grave (avec notamment une dénonciation
de la traite des Noirs) mais l'ensemble est présenté sur
un ton humoristique qui, loin d'atténuer l'effet de critique de
la société, l'amplifie. Ainsi le fameux capitaine Pamphile
apparaît presque sympathique malgré ses exactions (il a la
truculence de d'Artagnan sans son sens de l'honneur bien sûr) ce
qui contribue à faire comprendre au lecteur que l'horreur n'est
pas simplement le fait de monstres très différents du commun
des mortels (ce qui serait presque rassurant) mais peut aussi venir de
personnes attachantes et proches. Les refuges ou alternatives à
cette société pervertie sont pour Alexandre Dumas l'art
et l'amitié.
Une belle œuvre de jeunesse écrite au moment de ses
premiers succès au théâtre!
Edouard Blondel
|