Cet ouvrage est consacré aux conférences
données par Alexandre Dumas de décembre 1864 à avril
1866 et aux réactions qu'elles ont suscitées : articles de
presse, correspondances officielles et privées. Le cycle de conférences
débute à Paris, mais bientôt la province réclame
Dumas. Le chemin de fer, sans cesse plus rapide, le conduit alors dans plus
de quarante villes de France, ainsi qu'en Belgique, en Autriche et en Hongrie.
Alexandre Dumas se lance à point nommé dans cette nouvelle
aventure littéraire : à aucune époque, écrivains,
poètes et savants n'ont été aussi sollicités
pour parler d'histoire ou faire connaître les derniers développements
des « arts appliqués à l'industrie ».
Après
avoir, dans ses premières causeries, rendu hommage à Eugène
Delacroix, qui venait de mourir, Alexandre Dumas évoque, dans les
conférences suivantes, ses souvenirs dramatiques, littéraires
ou personnels.
Les textes de conférences inédites, conservées à
Prague et à Cherbourg, constituent la première partie du livre.
Quinze ans après la parution de Mes
Mémoires, l'orateur vieillissant fait des choix révélateurs
parmi les souvenirs de l'écrivain dans la force de l'âge.
Comme en témoigne la seconde partie de l'ouvrage, les chroniqueurs
de l'époque n'hésitent pas à forcer le trait ; les
informateurs des ministres de l'Instruction publique et de l'Intérieur
non plus. Les uns et les autres semblent parfois rivaliser dans la recherche
involontaire d'effets comiques. Les journaux sont unanimes : la déception
de l'auditoire est manifeste lorsque Dumas, seulement interrompu par de
fréquentes quintes de toux, lit son texte, d'un ton monocorde ; quand
il improvise, sa faconde, son sens de l'émotion communicative font
merveille. Mais le franc-parler n'est pas toujours anodin. Il arrive à
Dumas d'offenser le pouvoir, si ombrageux sous le second empire, ou d'indisposer
le public belge par l'annonce de conférences à « Liège,
ce petit coin de France perdu en Belgique ». Peu importe, la
bévue sera réparée avec bonhomie dans une prestation
ultérieure.
En février 1866, après la tournée en Autriche et en
Hongrie, les frères Goncourt rencontrent, chez Emile de Girardin,
un Dumas « pétillant d'esprit et enveloppé agréablement
dans une vanité d'enfant ». Il y a pourtant, avant de
monter sur l'estrade, des moments de lassitude et, plus surprenant, de doute.
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