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Liqueur


On comprend en général sous cette dénomination les boissons artificiellement extraites de certains végétaux ou de leurs produits, tels que le raisin, la cerise, etc., ou que l'on compose en combinant l'alcool avec d'autres substances sucrées et plus ou moins aromatiques.
Ce furent les Arabes qui, les premiers, retirèrent par la distillation des liqueurs fermentées, une substance inflammable à laquelle ils donnèrent le nom d'arrak, parce qu'ils commencèrent à la retirer du riz, et que nous appelâmes alcool, qui désigne le produit inflammable de toutes sortes de substances en fermentation.
On a prétendu que les liqueurs ne dataient que de la vieillesse de Louis XIV, et que Fagon, son premier médecin et en même temps chimiste fort distingué, les avait inventées pour réconforter et rajeunir le vieux monarque ; il est avéré cependant qu'on fabriquait, sous le règne de Louis XII, d'excellents ratafias et que les élixirs étaient déjà connus du temps de Charles VII.
On consomme plus ou moins de liqueurs suivant le climat ou la température du pays que l'on habite ; dans le Midi, par exemple, où une sensibilité extrême et une chaleur excessive repoussent toute liqueur ou boisson brûlante, on n'en consomme que de douces ; dans le Nord, au contraire, les habitants cherchent dans les liqueurs fortes et très spiritueuses un moyen de se réveiller de l'engourdissement dans lequel les plonge la température froide de leur climat, où elles paraissent souvent faibles et impuissantes à amener la chaleur intérieure du corps, c'est ce qui fit dire à Montesquieu qu'il faut écorcher un Moscovite pour exciter sa sensibilité. Cet abus, presque nul dans la zone torride, augmente à mesure qu'on s'en éloigne, et en Irlande et en Ecosse on consomme beaucoup de liqueurs.
Il était même d'usage dans ce dernier pays de donner tous les ans, le jour de la Sainte-Cécile, un grand concert où l'on invitait par billet les plus belles dames de la ville. Après le concert, les souscripteurs se réunissaient dans une taverne et soupaient ensemble ; on plaçait ensuite sur la table une boîte qu'on appelait l'enfer et dans laquelle on jetait l'un après l'autre les billets remis aux dames en proclamant leur nom ; les billets de celles qui ne trouvaient aucun champion prêt à boire étaient jetés dans la boite, et celui qui buvait le plus pourvu qu'il pût terminer cet exploit en avalant d'un seul coup un grand verre qui portait le nom de sainte Cécile et qui à l'ordinaire renversait ivre mort le buveur était proclamé vainqueur et autorisé à aller, le lendemain, chez celle dont il avait pris le parti, lui présenter son billet en se glorifiant d'avoir eu l'honneur de s'enivrer pour elle. J'ai connu, dit Odier, des dames en l'honneur desquelles un de ces braves avait bu jusqu'à dix-sept ou dix-huit bouteilles de punch servant à cette débauche, et elles en étaient toutes fières. Il résulte des observations faites par les savants que ceux qui boivent avec excès des liqueurs meurent très jeunes, ou arrivent à un degré d'abrutissement, d'abattement, d'inquiétude et même de folie encore plus à redouter que la mort.
Bien que la confection des liqueurs concerne plus particulièrement la distillation et la pharmacie, nous avons donné, à leur ordre alphabétique, des recettes de toutes celles que des particuliers peuvent faire.

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