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Chapitre XVI
Aventicum

Le lendemain, à la pointe du jour, nous allâmes visiter la chapelle de Saint-Bruno. Elle est située à une demi-lieue au-dessus de la Chartreuse, sur la pointe d'un rocher à pic ; elle n'offre rien de remarquable que le pittoresque des localités et la hardiesse de la situation. à l'intérieur, de mauvaises peintures à fresque représentent six généraux de l'ordre et, à l'extérieur, au-dessus de la porte, est gravée cette inscription dont la dernière phrase ne m'a point paru parfaitement intelligible. Je la rapporte ici telle qu'elle est :
SACELLUM
SANCTI BRUNOSIS.
HIC EST LOCUS IN QUO
GRATIANOPOLITANUS EPISCOPUS
VIDIT DEUM
SIBI DIGNUM CONSTRUENTEM
HABITACULUM
En descendant de la chapelle, nous entrâmes dans une petite grotte où coulent, près l'une de l'autre, deux sources : l'une est presque tiède, l'autre est glacée.
Le chemin par lequel nous revînmes est d'un caractère grand et sauvage. Je m'arrêtai pour admirer un de ces sites et faire remarquer à mon compagnon de voyage combien cet endroit semblait disposé par la nature pour qu'un peintre en fît, sans y rien changer, un admirable paysage. Mon guide se mit à rire. Comme il n'y avait rien de bien comique dans ce que je disais, et que ce n'était pas même à lui que j'adressais la parole, je me retournai pour lui demander quels étaient les motifs de son hilarité.
- Ah ! me dit-il, c'est que votre réflexion me rappelle une drôle d'aventure.
- Qui s'est passée ici ?
- à l'endroit même.
- Peut-on la connaître ?
- Certainement, il n'y a pas de mystère. Elle est arrivée à un paysagiste de Grenoble qui était venu ici pour faire des peintures, garçon de talent, ma foi ! Il avait trouvé cet endroit-ci à son goût, il y avait établi sa petite baraque ; c'était drôle, on ne peut pas plus. Imaginez-vous une tente fermée, avec une ouverture seulement par en haut. Il établissait une mécanique qui bouchait le trou, de sorte que le jour entrait par des miroirs, si bien que je ne sais pas comment ça se faisait, mais tout le pays, à cinq cents pas environnant, se réfléchissait tout seul et en petit sur son papier. Il appelait cela une chambre, une chambre...
- Obscure ?
- C'est cela. En effet, une fois dans la petite baraque, on ne voyait plus ni ciel ni terre, on ne distinguait plus que le paysage représenté au naturel sur le papier, avec les arbres, les pierres, la cascade, enfin tout ; si bien que, quand il ne faisait pas de vent, j'aurais pu dessiner les arbres aussi bien que lui, quoi. Voilà donc qu'un jour qu'il était dans sa machine, piochant d'ardeur, il voit dans un coin de son paysage quelque chose qui remue. Bon, qu'il dit, ça animera le tableau. Alors, comme il voulait dessiner la chose qui remuait, le voilà qui regarde, et puis qui se frotte les yeux. Savez-vous ce que c'était qui remuait dans un coin du paysage ?
- Non.
- Eh bien ! c'était un ours, pas plus gros qu'une noisette, c'est vrai, parce que la diable de glace ça rapetisse tout, mais d'une belle taille tout de même, considéré du dehors. L'ours venait de son côté, et il grossissait sur le papier au fur et à mesure qu'il s'avançait vers lui ; il était déjà gros comme une noix. Ma foi ! la peur lui prit, il jeta là papier, palette, pinceaux, prit ses deux jambes à son cou et arriva à la Chartreuse à moitié mort. Depuis cette époque, il est revenu plusieurs fois ; mais on n'a jamais pu le déterminer à s'éloigner de plus de cinq cents pas des bâtiments, et encore, avant de commencer, il regarde bien dans tous les coins de son paysage pour voir s'il n'y a pas quelque quadrupède.
Bientôt, nous repassâmes près de la Grande Chartreuse. Je ne voulus rien voir pendant le jour de cet intérieur qui m'avait tant impressionné pendant la nuit, et nous descendîmes sans nous arrêter jusqu'à Saint-Laurent-du-Pont, où nous retrouvâmes notre voiture. Le même soir, nous étions à Aix, et le lendemain sur la route de Genève.
Pendant qu'on dînait à Annecy, je courus jusqu'à l'église de la Visitation, dans laquelle sont déposées les reliques de saint François de Sales. En attendant que la grille du chœur fût ouverte, j'examinai à chacun de ses côtés deux petits bustes, l'un de saint François, l'autre de sainte Chantal, dont les piédestaux, creusés et fermés par un verre, laissaient voir des fragments d'os adorés comme des reliques.
Au bout de cinq minutes, le sacristain arriva, tout essoufflé, et m'ouvrit le chœur. En y entrant, la première chose qui me frappa fut une vaste et double grille par laquelle on pouvait pénétrer dans une grande chambre voûtée et sombre. Cette grille est la porte de communication de l'église avec le couvent de la Visitation, et comme, ainsi que je l'ai dit, elle donne dans le chœur, les religieuses peuvent assister au sacrifice de la messe séparées des autres fidèles, et sans être exposées aux regards des laïcs.
Une châsse de bronze et d'argent, placée sur l'autel, renferme les ossements de saint François. Le corps est revêtu de ses habits d'évêque ; les mains modelées en cire sont couvertes de gants, et l'une de ces mains est ornée de l'anneau épiscopal ; la figure est cachée sous un masque d'argent. La châsse, qui vaut dix-huit mille francs, a été donnée en 1820 par le comte François de Sales et la comtesse Sophie, sa femme. Plusieurs parents du saint existent encore dans les environs d'Annecy, sa mort ne remontant qu'à l'année 1625.
Dans une chapelle latérale, une autre châsse sert de tombeau à sainte Chantal, qu'on appelle généralement, avec plus de familiarité que de vénération, la mère Chantal. Sa châsse est un peu moins riche et moins pesante que celle de son voisin ; aussi ne vaut-elle que quinze mille francs. Elle a été donnée à l'église par la reine Marie-Christine, épouse de Charles-Félix de Savoie.
Le soir, nous étions à Genève où nous ne nous arrêtâmes qu'une nuit. Le lendemain, à sept heures, nous nous embarquâmes sur notre beau lac bleu ; à midi, j'embrassais à Lausanne notre bon ami M. Pellis et, à une heure, je roulais vers Moudon dans l'une de ces petites calèches à un cheval, si commodes et si élégantes, comparées à nos fiacres et à nos remises.
Ce mode de voyager, le plus agréable de tous, n'est cependant praticable que sur les grandes routes ; la fragilité de la caisse qui vous renferme ne résisterait pas aux cahots d'un chemin de traverse. Le prix journalier de l'homme, du cheval et de la voiture est de dix francs. Mais comme cette somme est la même pour les jours de retour à vide, il faut calculer vingt francs, plus la trinkgeld du conducteur, laquelle est à la générosité du voyageur et qu'il augmente ou diminue ordinairement, selon la manière dont le cocher a fait son service. Cette trinkgeld est communément de quarante sous par jour. Ainsi, ajoutez à cela trois francs pour le déjeuner, quatre pour le dîner et deux pour le lit, vous aurez à dépenser par vingt-quatre heures une somme totale de trente et un francs, que les frais inattendus porteront à trente-cinq.
Maintenant que j'ai donné ces détails, qu'il est très important de connaître dans un pays où les habitants vivent la moitié de l'année de ce qu'ils ont gagné l'autre, et où les aubergistes considèrent les voyageurs comme des oiseaux de passage dont il faut que chacun d'eux arrache une plume, revenons à la petite calèche qui trotte sur le grand chemin de Lausanne à Morat, et à travers les rideaux de cuir de laquelle je commence à apercevoir Moudon.
Moudon, le Musdonium des Romains, n'offre rien de remarquable qu'un bâtiment carré du treizième siècle et une fontaine du seizième ; elle représente Moïse tenant les tables de la loi.
Nous nous arrêtâmes à Payerne pour y dîner. C'est dans cette ville que se trouve le tombeau de la reine Berthe. Il a été découvert dans une fouille faite sous la voûte de la tour Saint-Michel, qui appartenait à l'ancienne église abbatiale où on l'avait ensevelie, d'après une tradition populaire qui indiquait ce lieu pour celui de sa sépulture. Le sarcophage était taillé dans un bloc de grès qui avait parfaitement conservé les ossements de la veuve de Rodolphe. Le Conseil d'état du canton de Vaud, après avoir examiné le procès-verbal de cette fouille, convaincu que ces ossements étaient bien ceux de la reine, morte en 970, les fit transporter dans l'église paroissiale et fit recouvrir le monument d'une table de marbre noir sur laquelle on lit cette inscription :
PIæ MEMORIæ BERTHæ,
RUD. II BURGUND. MIN. REG. CONJUG. OPT.
CUJUS NOMEN IN BENEDICTIONEM
COLUS IN EXEMPLUM.
ECCLESIAS FUNDAVIT, CASTRA MUNIT,
VIAS APERIT, AGROS COLUIT, PAUPERES ALUIT.
TRANSJURANæ PATRIæ MATER ET DELICIæ.
POST IX SECULA
EJUS SEPUL. UT TRADITUR DETECTUM
A.R.S. MDCCCCXVIII
BENEFICIOR. ERGA PATRES MEMORES,
FILII RITE RESTAURAVERE.
S.P.Q. VAUDENSIS.
-
à la pieuse mémoire de Berthe,
très excellente épouse de Rodolphe II, roi de la Petite-Bourgogne,
dont la mémoire est en bénédiction
et la quenouille en exemple.
Elle fonda des églises, fortifia des châteaux,
ouvrit des routes, cultiva des champs, nourrit les pauvres.
De la patrie transjurane mère et délice,
après IX siècles,
son sépulcre, ainsi qu'on nous l'a dit, ayant été retrouvé,
l'an de grâce MDCCCXVIII,
reconnaissants de ses bienfaits envers leurs aïeux,
les fils le restaurèrent religieusement.
Le Sénat et le peuple vaudois.
Un autre monument, non moins visité que celui-ci, est de son côté exposé par l'aubergiste à la curiosité des voyageurs : c'est la selle de la reine. On y voit encore le trou dans lequel elle plantait la quenouille citée dans son épitaphe, quand elle parcourait son royaume. Du reste, les traditions de cette époque sont restées dans tous les esprits comme un souvenir de l'âge d'or, et chaque fois qu'on veut parler d'un siècle heureux, on dit : « C'était du temps où la reine Berthe filait. »
Deux heures après avoir quitté Payerne, nous entrions à Avenches, qui, sous le nom d'Aventicum, était la capitale de l'Helvétie sous les Romains ; elle couvrait alors un espace de terrain deux fois plus considérable que celui qu'elle occupe aujourd'hui. Les barques du lac de Morat abordaient au pied de ses murs ; elle avait un cirque où rugissaient des lions et où combattaient des esclaves ; des bains, où des femmes du Niger et de l'Indus tressaient les cheveux parfumés des dames romaines en les entremêlant de bandelettes blanches ou rouges, et un capitole où les vaincus rendaient grâces aux dieux des triomphes de leurs vainqueurs. Atteinte par l'une de ces révolutions romaines pareilles aux tremblements de terre qui vont du Vésuve, et par des conduits souterrains, renverser Foligno, les démêles mortels de Galba et de Vitellius l'atteignirent. Ignorant la mort du premier, elle voulut lui rester attachée ; alors Albanus Cecina, gouverneur général de l'Helvétie, marcha contre elle à la tête d'une légion qui portait le nom de Terrible. Maître d'Aventicum, il crut atteindre, dans un riche Romain nommé Julius Alpinus, le chef du parti vaincu et, malgré les témoins qui attestèrent l'innocence du vieillard, malgré les pleurs de Julia sa fille, consacrée à Vesta et qu'on appelait la Belle Prêtresse, Alpinus fut mis à mort. Julia ne put survivre à son père. Un tombeau lui fut élevé, portant l'épitaphe suivante qui consacrait son amour filial :
JULIA ALPINULA HIC JACET,
INFELICIS PATRIS INFELIX PROLES.
EXORARE PATRIS NECEM NON POTUI.
MALE MORI IN FATIS ILLI ERAT.
VIXI ANNOS XXII.
-
Ici repose Julie Alpinula,
malheureuse fille d'un malheureux père.
Je ne pus détourner le trépas de lui.
Il était dans ses destins de mourir d'une mort funeste.
J'ai vécu vingt-deux ans .
Alors Aventicum fut ruiné. Vindonissa, la Windisch moderne , lui succéda et l'ancienne capitale resta sans importance jusqu'au moment où Titus Flavius Sabinus, qui s'y était retiré après avoir exercé en Asie la charge de receveur des Impôts, y étant mort et y ayant laissé une veuve et deux fils, le cadet de ces deux fils parvint à l'Empire. C'était Vespasien.
à peine fut-il assis sur le trône romain que, fils pieux, il se souvint de l'humble ville maternelle qu'il avait laissée dans les montagnes de l'Helvétie. Il y revint un jour sans couronne et sans licteurs, descendit de son char à quelques stades de la ville et, par un de ces chemins connus à son enfance, se rendit à la maison où il était né, se fit reconnaître des gens qui l'habitaient et demanda la chambre qui, durant quinze ans, avait été la sienne. C'est de cette chambre, qui l'avait vu si ignorant d'un si grand avenir, qu'il décréta la splendeur d'Aventicum. Tout s'anima soudain à cette parole puissante. Le cirque se releva et retentit de nouveau des rugissements et des plaintes qu'il avait oubliés ; de nouveaux bains plus somptueux encore que les anciens sortirent des carrières de marbre de Crevola ; un temple à Neptune s'éleva majestueusement et, sur ses colonnes toscanes surmontées d'une architrave, les chevaux marins d'Amphitrite et les fabuleuses sirènes d'Ulysse furent sculptés. Puis enfin, lorsque la ville se retrouva belle et parée, et que la coquette se mira de nouveau dans les eaux bleues du lac de Morat, l'empereur lui donna, pour achever sa toilette féminine, une ceinture de murailles qu'il tira à grands frais des carrières de Narde Nolez et, pour la seconde fois, Aventicum devint la capitale du pays, gentis caput, titre qu'elle conserva jusqu'au règne de Constance Chlore.
L'an 307 de Jésus-Christ, les Germains se jetèrent dans l'Helvétie et pénétrèrent dans Aventicum où ils firent un immense butin. Aux cris de ses habitants qu'ils emmenaient en esclavage, l'empereur accourut avec son armée, repoussa les Germains au-delà du Rhin, bâtit sur les bords de ce fleuve et d'un lac la villa de Constance, hérissa la chaîne de montagnes qui longe l'Argovie de forts et de soldats pour prévenir une seconde irruption. Mais le secours était arrivé trop tard pour Aventicum : la ville était ruinée pour la seconde fois, et Ammien Marcellin, qui y passa vers l'an 355, c'est-à-dire quarante-huit ans après, la trouva déserte ; les monuments étaient à peu près détruits et les murailles renversées. Elle resta ainsi mutilée et solitaire jusqu'en 607, époque à laquelle le comte Wilhelm de Bourgogne bâtit son château roman sur les fondements du Capitole de l'empereur Galba.

Peu de temps après, en 616, pendant la guerre entre Théode-Rik et Théode-Bert , Aventicum fut prise de nouveau ; le château, qu'on venait d'achever à peine, démoli, et la ville ruinée si complètement que la contrée prit le nom d'Aechtland, ou Pays désert, et le conserva jusqu'en 1676, époque à laquelle Bonnard, évêque de Lausanne, fit bâtir la nouvelle ville avec les ruines de l'ancienne et, du nom d'Aventicum, l'appela Avenches.
La ville moderne conserve encore, pour le voyageur qui l'interroge, son histoire passée et gravée sur des livre de pierre et de marbre. à l'aide d'une investigation un peu sérieuse, on reconnaît à ses débris celui de ses deux âges auxquels ils appartiennent. L'amphithéâtre, qui est bâti sur un point élevé, à l'extrémité de la ville, conserve encore, creusé dans ses fondations, le souterrain où l'on enfermait les lions ; il est évidemment de la première époque, c'est-à-dire qu'il remonte au règne d'Auguste. Un Helvétien et un Romain, sculptés sur le mur d'enceinte, prouvent, en se donnant la main, qu'il a été bâti peu de temps après la pacification de l'Helvétie.
Les deux colonnes du temple à Neptune qui restent encore debout sont de marbre blanc et datent du règne de Vespasien. C'est tout ce qui reste d'une espèce de Bourse élevée par la compagnie des Nautes et à ses frais, ainsi que le prouve cette inscription gravée sur son fronton brisé :
IN HONOREM DOMUS DIVINæ
NAUTæ AVRANII ARAMICI
SCOLAM DE SUO INSTRUXERUNT.
L.D.D.D.
à l'époque où je visitai ces colonnes, une cigogne avait établi son nid sur la plus haute des deux et y élevait ses petits sous la protection du gouvernement vaudois. L'amende de soixante-dix francs infligée à quiconque tue l'un de ces animaux lui donnait une telle confiance que notre approche ne parut nullement la déranger dans les soins de son ménage et qu'elle continua gravement de partager en deux, à l'aide de son bec et de ses pattes, une pauvre grenouille dont elle donna, avec une équité toute maternelle, un morceau à chacun de ses enfants.
Les autres débris antiques dignes de quelque attention sont une tête colossale d'Apollon, une tête de Jupiter et un lion de marbre. Ces débris sont renfermés dans l'amphithéâtre.
Quant aux amphores, aux urnes funéraires, aux petites statues de bronze et aux médailles découvertes dans les fouilles, le voyageur les trouvera étiquetées avec assez d'ordre et de goût chez le syndic Toller. J'engage de plus les amateurs à regarder avec attention une petite statue que le naïf magistrat leur montrera sous le nom de Pâris donnant la pomme. Si c'est véritablement un Pâris, et si toutes les proportions de cette figurine sont exactes, l'amour obstiné d'Hélène s'explique parfaitement. Une belle figure n'étant pas le seul don que Vénus, dans sa reconnaissance, eût fait au berger phrygien.
à quelques centaines de pas hors des murs et au bord de la route, à gauche, une petite maison bâtie aux frais de la ville conserve une assez belle mosaïque, qui paraît avoir été un fond de bain.
Une heure et demie ou deux heures nous suffirent pour visiter toutes ces curiosités, puis nous partîmes pour Morat.

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