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Chapitre XI


Tolède, 23 octobre au soir.

Le jour se leva grisâtre, enveloppant le soleil d'un manteau de nuages qui semblait, pour nous faire honneur, emprunté au ciel de notre belle France ; je m'en réjouis à part moi : c'est par un temps pareil qu'il me semblait que l'Escurial devait être vu. Au détour de la rue, nous aperçûmes le colosse sépulcral : il est, en vérité, bien digne de l'homme qui choisit un désert pour sa capitale et un tombeau pour son palais.
Vous savez comment l'Escurial fut bâti, n'est-ce pas, madame ? Un jour, c'était vers le commencement de 1559, Philippe, assiégeant Saint-Quentin, fut forcé de diriger contre l'église Saint-Laurent une batterie de canon qui faisait de grands dommages à la pauvre église. Philippe eut peur que le saint ne se fâchât de voir ainsi traiter sa demeure, et il fit voeu de lui en bâtir une autre sous la même invocation, plus riche et plus grande que celle qu'il démolissait. Saint-Quentin pris, il voulut même faire davantage qu'il n'avait promis, et imposa à son architecte, Jean-Baptiste, l'étrange obligation de donner à son monument la forme d'un gril couché à plat. Contre l'habitude des rois, Philippe II tint donc cette fois plus qu'il n'avait promis.
Il est impossible de se faire une idée de l'aspect morne et austère que présente l'Escurial. Monument de granit, bâti sur une montagne de granit, il semble un de ces lieux de la nature qui, de loin, présentent une image approchant de la réalité. Mais là ce n'est point une erreur d'optique. Quand on s'est approché, qu'on a bien mesuré la petitesse de l'homme en face de cette masse gigantesque, on trouve béante une porte qui se referme sur vous ; alors, ne fût-ce qu'en passant que vous visitiez le monument sombre, eussiez-vous la conscience de votre liberté, une fois entré, vous frissonnez comme si vous ne deviez plus en sortir.
Celui qui n'aurait jamais pu comprendre le caractère inquiet de Philippe II se ferait, en voyant l'Escurial, une idée exacte de la majesté sombre du fils de Charles V. Ainsi rien ne donne l'idée de l'Escurial : ni Windsor en Angleterre, ni Péterhof en Russie, ni Versailles en France. Ainsi l'Escurial ne peut se comparer à rien qu'à lui-même, c'est une pensée taillée en pierre, c’est le produit d'un homme et d'une époque façonnée à sa volonté par cet homme, pendant les heures d'insomnie que lui donnait ce soleil éternel toujours levé sur ses Etats.
Nul ne dira : l'Escurial est beau. On n'admire pas le terrible, on frissonne devant lui. Philippe lui-même, lorsque l'architecte lui remit les mille clefs du monument rêvé par son inflexible génie, dut frémir en les touchant. La première idée qui se présente à l'esprit, c'est que l'Escurial n'est point bâti par les procédés ordinaires, mais a été creusé dans un bloc de granit. Etes- vous descendue jamais dans quelque mine avec la conscience qu'une montagne tout entière pesait sur vous ? Eh bien ! le sentiment qu'on éprouve en entrant à l'Escurial est analogue à celui-ci.
Pour arriver à tous les monuments on monte ; pour arriver à celui-là l'on descend. Philippe n'a pas voulu se laisser d'illusion a lui-même : vivant il s'ensevelit dans son tombeau. C'était une tradition de famille. Il y a tout dans l'Escurial : palais, chapelle, couvent, sépulcre. La chapelle est admirable d'aspect. C'est peut-être le seul endroit du monument où l'on respire. Elle est soutenue par quatre piliers carrés de cent douze pieds de tour chacun.
On monte à l'autel par dix-neuf marches de marbre. L'ornement de cet autel est une suite de beaux tableaux représentant l'histoire du Christ, soutenue et divisée par des colonnes d'ordre dorique. Les colonnes d'ordre dorique, le plus froid de tous les ordres, sont les seules que l'architecte ait appliquées à l'ornementation de l'édifice. Cet autel éclate et resplendit à la lueur d'un lustre colossal suspendu à la voûte, et qui, brûlant incessamment, fait resplendir, comme des paillettes de nacre, les parties nuancées du granit. A droite et à gauche de l'autel, à la hauteur de quinze pieds environ, sont deux grandes niches parallèles, creusées carrément : à gauche, c'est le tombeau de Charles V, à droite, c'est le tombeau de Philippe. Le fondateur pensa sans doute que le tombeau de son père et le sien étaient les seuls qui fussent dignes de sortir du Podridero royal.
A côté de Philippe II, agenouillé lui-même et priant, sont agenouillés et prient le prince don Carlos, et les deux reines qu'il épousa successivement. D'en bas, on peut lire cette inscription, gravée en lettres d'or : « Philippe II, roi de toutes les Espagnes, de Sicile et de Jérusalem, repose dans ce tombeau, que, vivant, il bâtit pour lui-même. Reposent, simultanément avec lui, ses deux femmes Elisabeth et Marie, et son fils premier-né, don Carlos. » Ainsi le père inflexible voulut, roi chrétien, que la mort le réconciliât avec son fils.
A gauche, comme nous l'avons dit, est le tombeau de Charles V, agenouillé comme son fils ; il est entouré aussi de personnages agenouillés, dont on peut reconnaître les identités et lire les noms dans l'inscription suivante : « A Charles V, roi des Romains, empereur très auguste, roi de Jérusalem, archiduc d'Autriche, son fils Philippe. Reposent avec lui simultanément Elisabeth, son épouse, sa fille Marie impératrice, et Eléonore et Marie, ses soeurs : celle-là reine de France, et l'autre reine de Hongrie. » Toutes ces statues sont de bronze doré, d'un grand style et d'un admirable effet. Celles des deux souverains surtout, avec leurs manteaux armoriés, sont d'une sévère magnificence.
En tournant le dos à l'autel on se trouve en face du chapitre. Là, vous ne chercherez pas, madame, la coquette ornementation de la Renaissance, ni la pittoresque sculpture du quinzième siècle. Non. Les stalles, au lieu de s'épanouir comme celles de Burgos, en fleurs charmantes ou en encadrements merveilleux, participent à la rigidité générale ; de simples moulures, de froides lignes, sont leurs simples ornements.
Cette inflexible et taciturne volonté, qui a soumis aux règles de sa puissante équerre le bois et le granit, pèse sur vous aussitôt que vous entrez dans cette église. Tous les temples du monde vous rendent l'espérance en échange de la prière. La chapelle de l'Escurial est consacrée au dieu des vengeances, au Christ du Jugement dernier, de Michel-Ange. Priez, si vous voulez, mais la chapelle demeurera sans écho, comme serait un cachot de la sainte Inquisition. Deux choses nuisent à l'harmonie funèbre de cette église : les deux chaires, pareilles à des lanternes, introduites par Ferdinand VII, et les peintures de la voûte, exécutées sur l'ordre de Charles II.
Il y a une chose étrange, c'est que lorsqu'une volonté ferme, puissante, granitique, s'est manifestée par une oeuvre quelconque, empreinte de toute la couleur de son génie, on ne puisse laisser cette oeuvre entière comme un monument inattaquable et sacré. Un homme vient, au compte des siècles, produit typique de son temps, réflecteur de toute une époque : il laisse un monument qui fera connaître son génie à toutes les générations à venir. Eh bien ! un autre homme lui succède, d'un esprit pauvre et mesquin, qui ne peut supporter la sublime tristesse dont son prédécesseur se nourrissait, et qui vient, conduisant un barbouilleur ou un ferblantier par la main, et qui dit à l'un : « Tout ceci est trop triste, tout ceci est trop sombre, tout ceci est trop funèbre pour moi, pauvre esprit frivole et impuissant, peignez-moi quelque chose de gracieux sur ces murs » ; et à l'autre : « Fabriquez-moi quelque chose de coquet pour cet escalier. » Le barbouilleur et le ferblantier, joyeux, se mettent à la besogne et profanent à tout jamais l'oeuvre qu'ils croient embellir. Dieu fasse miséricorde à monsieur Andrieux qui a refait Nicomède ! Dieu pardonne au roi Charles II qui a retouché l'Escurial !
Aussi, madame, si vous visitez jamais l'Escurial, bornez votre curiosité à trois choses : à la chapelle, au Podridero et à la chambre où mourut Philippe ; tout le reste ne ferait qu'amoindrir vos sensations premières. Une puissante impression est si rare dans la vie, elle ouvre, dans le tressaillement qu'elle nous imprime, de si nouveaux horizons à nos yeux, que je ne reculerai jamais devant une impression profonde, dût-elle m'inonder de tristesse et de terreur comme a fait l'Escurial.
Le Podridero est le Saint-Denis de Madrid : le caveau où est déposée la poussière des rois. C'est une espèce de Panthéon revêtu de jaspe, de porphyre et d'autres marbres précieux, mais qui est loin d'avoir la solennelle majesté des caveaux de Saint-Denis, sur la dernière marche desquels le dernier roi trépassé attend son successeur. Poussière morte qui réclame la poussière vivante.
La chambre où Philippe II mourut est celle où il passa les trois dernières années de sa vie, cloué par la goutte sur un fauteuil. Son alcôve regardait par une étroite lucarne le maître-autel de la chapelle ; de cette façon, sans se lever, sans quitter son lit, il assistait au saint sacrifice de la messe. Ses ministres venaient travailler avec lui dans cette petite chambre, et l'on montre encore la planchette de bois qui, appuyée sur les genoux du roi et de celui qu'il admettait en sa laborieuse présence, servait au travail et à la signature. Contre le mur est le grand fauteuil où, en descendant de son lit, on transportait Philippe II. Enfin, près de ce grand fauteuil sont le tabouret d'été et le tabouret d'hiver sur lesquels, selon la saison, le roi allongeait sa jambe malade. Ces tabourets ont la forme de pliants : l'un est en jonc, l'autre est en poil de chèvre. Sur tous deux, la marque de ce talon puissant qui pesa quarante ans sur la moitié du monde est restée visible et presque menaçante.
Maintenant, madame, égarez-vous un instant dans ces corridors sans fin, au milieu desquels vous guidera un aveugle plein de gaieté, si vous voulez faire tout éveillée un de ces songes comme Charles Nodier les raconte dans son étrange Smarra. Alors vous sentirez cet étroit boyau de pierre se rapprocher incessamment de vous, vous sentirez votre poitrine entre ces murailles de granit, ce plafond de granit, ce sol de granit, vous aurez besoin de jour, d'air, de soleil, et vous trouverez tout cela en montant sur la coupole, d'où vous verrez le monument à vos pieds et Madrid à l'horizon.
Mais, madame, en quittant l'Escurial, il y a une chose que vous regretterez entre toutes. Ce sont ces beaux moines de ­urbaran et de Murillo, aux longues robes traînantes, aux têtes rasées. L'Escurial sans moines est un non-sens étrange, et dont rien ne semble devoir donner l'explication. La révolution a aboli les moines, vous dira-t-on ; les révolutions montent-elles donc jusqu'à l'Escurial ? L'Escurial appartient-il donc à la terre ? L'Escurial est-il donc de ce monde ? Chassez les moines du reste de l'Espagne, messieurs les philosophes, messieurs les progressistes, messieurs les arrangeurs de constitution, mais, au nom du ciel, faites une exception pour l'Escurial, comme nous en avons fait une, nous, pour la Trappe et pour la grande Chartreuse.
Tant que nous restâmes dans l'Escurial, nous ne pensâmes point à déjeuner, tant le sinistre monument nous oppressait la poitrine ; mais une fois dehors, la faim nous revint avec la vie. Nous prîmes donc notre course vers le parador de maître Calisto Burguillos. Notre hôtesse nous attendait sur la porte. La carte est peu variée en Espagne. On tenait à notre disposition des côtelettes, des pommes de terre et une salade. C'était, comme vous voyez, le même menu que la veille, plus la verdure.
Mais la verdure en Espagne n'avait d'autres résultats que de nous imposer de profonds regrets, puisque l'huile et le vinaigre espagnols sont si loin de nos moeurs culinaires que je défie un Français, si grand amateur qu'il soit de laitue, de raiponce ou d'escarole, d'avaler une seule bouchée de l'une ou de l'autre de ces herbes, si appétissantes cependant dès lors qu'on les a mises en contact avec l'un ou l'autre des deux liquides que nous venons d'énoncer.
C'est alors, madame, que me vint pour la première fois une idée sublime, celle de confectionner une salade sans huile et sans vinaigre. Certes, si j'étais le moins du monde spéculateur, ce serait là pour moi une belle occasion de solliciter un brevet d'invention, et, ce brevet obtenu, de faire fortune en l'exploitant en Espagne et en l'exportant en Italie. Mais, hélas ! vous le savez, le génie du commerce a été oublié à l'heure de mon baptême, et comme ces fées jalouses des autres fées, qui poursuivent les princes ou les princesses de Perrault, ce malheureux génie, non seulement ne me protège point, mais me persécute.
Je dirai donc purement et simplement à mes confrères les voyageurs comment on fait des salades sans huile et sans vinaigre, me contentant, au lieu du titre de spéculateur enrichi, de celui de bienfaiteur de l'humanité. On fait la salade sans huile et sans vinaigre avec des oeufs frais et du citron. Cette opération d'assaisonnement avait énormément préoccupé maître Calisto Burguillos, qui avait paru prendre un tel intérêt à la chose, que j'arrachai le saladier des mains de Giraud, au moment où il y revenait pour la troisième fois, et que je fis porter les dernières feuilles survivantes à notre hôte. J'y ajoutai un fragment d'omelette de ma façon.
J'avais oublié cet envoi, lorsqu'en descendant je trouvai maître Calisto m'attendant sur le seuil de sa porte, et tenant un verre de chaque main et une outre sous le bras. Il m'offrait le Val de Penas de la confraternité. En effet, maître Calisto Burguillos m'avait fait l'honneur de me prendre pour quelque cuisinier de bonne maison, venu à Madrid à propos des fêtes espagnoles. Je le laissai donc dans cette erreur qui me plaçait beaucoup plus haut dans son esprit que si je lui eusse dit que j'étais l'auteur des Mousquetaires ou de Monte-Cristo.
L'heure nous pressait, il était midi, et à sept heures nous étions attendus pour un grand souper que me donnait la colonie française. Eh ! mon Dieu ! oui, madame, que voulez-vous ? nos compatriotes sont faits ainsi : une fois à l'étranger ils nous fêtent, nous accueillent, nous embrassent, tandis que chez nous ils nous mordent et déchirent à belles dents. L'étranger, c'est la postérité. En passant la frontière, on meurt. Ce n'est plus vous, c'est votre ombre qui recueille les preuves de sympathie surgissant à chaque pas sur le chemin, et, je dois le dire, mon ombre glorieuse est reçue ici de façon à faire envie à mon pauvre corps.
C'est qu'il y a une chose dont vous ne vous doutez pas, madame, et dont certes je ne me doutais pas non plus. Je suis plus connu, et peut-être plus populaire à Madrid qu'en France. Les Espagnols croient reconnaître en moi, et quand je vous dis en moi, c'est, vous le comprenez bien, dans mes oeuvres que je veux dire, un je ne sais quoi de Castillan qui leur chatouille agréablement le coeur. C'est si vrai qu'avant d'être chevalier de la Légion d'honneur en France j'étais commandeur d'Isabelle la Catholique en Espagne. L'étranger avait pris l'initiative sur mon pays. Je ne doute point, madame, qu'à mon retour on me fasse payer cher toutes ces gracieusetés dont je suis l'objet ici. Mais au moins, par ce que l'on pense d'obligeant de moi en Espagne, je saurai à peu près ce que l'on pensera de moi après ma mort.
Aussi, dès mon arrivée, la plus franche cordialité s'est-elle établie entre les artistes espagnols et nous. Lavega porte mon ruban de la Légion d'honneur et moi le ruban d'Isabelle la Catholique détaché du cou de Madrazo. Tous les soirs, Breton, le Scribe de l'Espagne, et Ribera, qui porte un grand nom en peinture et qui est digne de son nom, passent la soirée avec nous. Le foyer du théâtre d'El Principe, cette réunion de tout ce qu'il y a de distingué en artistes à Madrid, nous a été ouvert par don Carlos de la Torre et par Roméo, les deux artistes dramatiques les plus distingués de toute l'Espagne. Chaque jour un de ceux que Je viens de nommer se met à notre disposition pour nous servir de cicérone, et devant lui tout s'ouvre : galeries de tableaux, musées d'artillerie, parcs et palais royaux.
Il est vrai de dire aussi que toute l'ambassade seconde nos désirs de son mieux. Monsieur Bresson, que Sa Majesté vient de faire duc de Sainte- Isabelle et grand d'Espagne, est parfait pour nous, et il y a trois jours il nous a donné, dans le charmant palais qu'il habite, un raout vraiment royal. Eh bien ! donc, pour en revenir au paragraphe qui a ouvert cette digression, nous étions attendus à sept heures à Madrid, par la colonie française qui nous offrait un dîner de cent personnes, présidé par le frère du brave colonel Camond, l'un des négociants les plus distingués de Madrid.
Celui-là, madame, était aussi un dîner royal. Strauss, qui était l'un de nos convives, nous avait ménagé une surprise. Au dessert, tout son orchestre entra, cet orchestre merveilleux qui depuis huit jours faisait danser rois et reines, comme de simples bergers et de simples bergères ; et jusqu'à minuit il éclata en valses, en contredanses et en fanfares, comme savent seuls les faire et les exécuter les Allemands.
A minuit nous nous quittâmes : on avait fumé en cinq heures pour cinq cents francs de cigares. Il va sans dire que, tout parfumé que j'étais par l'émanation du havane, je n'étais absolument pour rien dans cette consommation. Je ne sais ce que me garde mon retour en France, madame, je ne sais dans quelles luttes inconnues je vais être engagé, j'ignore quelle nouvelle hydre aux sept têtes va se dresser encore contre moi, mais ce que je sais, c'est que je rentrerai en France avec un coeur si plein de reconnaissance pour le passé, qu'il débordera en dédain pour toute insulte à venir.
Il est trois heures du matin, madame, je pars dans deux heures de Madrid pour n'y jamais rentrer peut-être. Plaignez-moi, madame ; je laisse ici douze des jours les plus heureux de ma vie, et, vous qui me connaissez, vous savez que mes jours heureux sont rares. Ainsi donc, adieu à Madrid, la ville hospitalière ; adieu aux franches amitiés nées d'hier, et qui cependant seront éternelles ; adieu à ces yeux de velours qui ont fait Byron infidèle aux beautés anglaises ; adieu à ces jolies mains manoeuvrant l'éventail agile et strident ; adieu à ces pieds dont les plus ordinaires chausseraient la pantoufle de Cendrillon, ou même, madame, une pantoufle plus petite encore et que moi seul je connais. Quand je dis moi seul, j'ai tort, madame, car vous savez que je n'ai point de secrets pour vous.

A propos, en allant avant-hier prendre congé de monsieur le duc de Montpensier, il a eu la bonté de m'annoncer que, sur sa demande, Sa Majesté la reine d'Espagne venait de me nommer commandeur de Charles III ; et en rentrant, il y a deux heures j'ai trouvé la croix et la plaque de d'Ossuna, qu'il me priait d'accepter en souvenir de lui. Vous voyez bien, madame, que je n'ai pas tort de regretter Madrid.

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