Chapitre XXI
Le miracle
Nous nous trouvions heureusement à Naples lors du retour de cette époque solennelle.
Huit jours auparavant on commença à sentir la ville s'agiter, comme c'est l'habitude à l'approche de quelque grand événement : les lazzaroni criaient plus haut et gesticulaient plus fort ; les cochers devenaient insolents, et faisaient leurs conditions au lieu de les recevoir ; enfin, les hôtels s'emplissaient d'étrangers, qu'amenaient de Rome les diligences, ou qu'apportaient de Civita-Vecchia et de Palerme les bateaux à vapeur.
Il y avait aussi recrudescence de carillons ; tout à coup une cloche se mettait à sonner hors de son heure : on courait à l'église d'où partait ce bruit pour s'informer des motifs de ce concert inattendu ; le lazzarone, qui s'ébattait en pendillant au bout de sa corde, vous répondait tout bonnement que la cloche sonnait parce qu'elle était joyeuse.
Le Vésuve, de son côté, lançait une fumée plus noire le jour et plus rouge la nuit ; le soir, à la base de cette colonne de vapeur qui montait en tournoyant, et qui s'épanouissait dans le ciel comme la cime d'un pin gigantesque, on voyait surgir des langues de flamme pareilles aux dards d'un serpent. Tout le monde parlait d'une éruption prochaine ; et, à force de l'entendre annoncer comme inévitable, nous avions fini par compter dessus, et la classer à son endroit dans le programme de la fête.
La surveille, toutes les populations voisines commencèrent à déborder dans la ville : c'étaient les pêcheurs de Sorrente, de Resina, de Castellamare et de Capri, dans leurs plus beaux costumes ; c'étaient les femmes d'Ischia, de Nettuno, de Procida et d'Averse, dans leurs plus riches atours. Au milieu de toute cette foule diaprée, joyeuse, dorée, bruyante, passait de temps en temps une vieille femme, aux cheveux gris épars comme ceux de la sibylle de Cumes, criant plus haut, gesticulant plus fort que tout le monde, fendant la presse sans s'inquiéter des coups qu'elle donnait ; entourée au reste par tout son chemin de respect et de vénération : c'était une des nourrices ou des parentes de saint Janvier : toutes les vieilles femmes, de Sainte-Lucie à Mergellina, sont parentes de saint Janvier et descendent de celle que l'aveugle guéri rencontra dans le cirque de Pouzzoles, recueillant dans une fiole le sang du saint.
Toute la nuit les cloches sonnèrent à folles volées : on eût dit qu'un tremblement de terre les mettait en branle, tant elles carillonnaient, isolées les unes des autres et dans une indépendance toute individuelle.
La veille du miracle, nous fumes réveillés à dix heures du matin par une rumeur effroyable. Nous mîmes le nez à la fenêtre, les rues semblaient des canaux roulant à pleins bords la population de Naples et des environs ; toute cette foule se rendait à l'archevêché pour prendre sa place à la procession. Cette procession va de la chapelle du Trésor, domicile habituel de saint Janvier, à la cathédrale Sainte-Claire, métropole des rois de Naples, et dans laquelle le saint doit accomplir son miracle.
Nous suivîmes la foule, et nous allâmes gagner la maison de Duprez, qui demeurait justement sur le passage de la procession, et qui nous avait offert place à ses fenêtres.
Nous mîmes plus d'une heure à faire cinq cents pas.
Par bonheur, la procession, qui part de l'archevêché avant le jour, n'arriva à la cathédrale qu'à la nuit close : il lui faut d'ordinaire quatorze ou quinze heures pour accomplir un trajet d'un kilomètre à peu près.
Elle se compose, comme nous l'avons dit, non seulement de la ville toute entière, mais encore des populations environnantes, divisées par castes et confréries. La noblesse doit marcher la première, puis viennent les corporations. Malheureusement, grâce au caractère parfaitement indépendant de la nation napolitaine, personne ne garde ses rangs ; j'étais depuis une heure à la fenêtre, demandant quand viendrait la procession à tous mes voisins, qui, étrangers comme moi, se faisaient les uns aux autres la même question, lorsqu'un Napolitain survint et nous dit que cette foule plus ou moins endimanchée, ces ouvriers poudrés à blanc, habillés de noir, de vert, de rouge, de jaune et de gorge de pigeon, avec leurs culottes courtes de mille couleurs, leurs bas chinés, escarpins à boucles, marchant par groupes de quinze ou vingt, s'arrêtant pour causer avec leurs connaissances, faisant halte pour boire à la porte des cabarets, criant pour qu'on leur apportât des tranches de cocomero et des verres de sambuco, étaient la procession elle-même.
Ce fut un trait de lumière : je regardai plus attentivement, et je vis en effet une double ligne de soldats placés sur toute la longueur de la rue, portant au bras le fusil orné d'un bouquet, et destinée comme une digue à resserrer le torrent dans son lit ; mission dont, malgré toute sa bonne volonté et la rigueur de la consigne, elle ne pouvait parvenir à s'acquitter.
La procession, que je reconnaissais maintenant pour telle, s'en allait vagabonde et indépendante, comme la Durance, battant de ses flots les maisons, et de préférence la porte des cabarets ; s'arrêtant tout à coup sans qu'il y eût une cause visible à cette station ; se remettant en marche sans qu'on pût deviner le motif qui lui rendait le mouvement ; pareille, enfin, à ces fleuves aux cours contraires, dont il est, grâce à leur double remou, presque impossible de distinguer la véritable direction.
Au milieu de tout cela, on voyait de temps en temps briller le riche uniforme d'un officier napolitain, marchant nonchalamment, un cierge renversé à la main, et escorté de quatre ou cinq lazzaroni, se heurtant, se culbutant, se renversant, pour recueillir dans un cornet de papier gris la cire tombant de son cierge ; tandis que l'officier, la tête haute, sans s'occuper de ce qui se passait à ses pieds, faisait largesse de sa cire, lorgnait les dames amassées aux fenêtres et sur les balcons, lesquelles, tout en ayant l'air de jeter des fleurs sur le chemin de la procession, lui envoyaient leurs bouquets en échange de ses clins d'oeil.
Puis venaient, précédés de la croix et de la bannière, mêlés au peuple, dont le flot les enveloppait sans cesse en les isolant les uns des autres, des moines de tous les ordres et de toutes couleurs : capucins, chartreux, dominicains, camaldules, carmes chaussés et déchaussés ; les uns au corps gras, gros, rond, court, avec une tête enluminée posée carrément sur de larges épaules : ceux-là s'en allaient causant, chantant, offrant du tabac aux maris, donnant des consultations aux femmes enceintes, et regardant, peut-être un peu plus charnellement que ne le permettait la règle de leur ordre, les jeunes filles groupées sur les bornes ou appuyées sur l'épaule des soldats pour les voir passer ; les autres, maigris par le jeûne, pâlis par l'abstinence, affaiblis par les austérités, levant au ciel leur front jaune, leurs joues livides et leurs yeux caves ; marchant sans voir où le flot humain les emportait ; fantômes vivants, qui s'étaient fait un enfer de ce monde, dans l'espoir que cet enfer les conduirait droit au paradis, et qui recueillaient en ce moment le fruit de leurs douleurs claustrales, par le respect craintif et religieux dont ils étaient environnés.
C'était l'endroit et l'envers de la vie monastique.
De temps en temps, lorsque les stations étaient trop longues, ou lorsque le désordre était trop grand, le ceremoniere lâchait sur les traînards ses estafiers armés d'une longue baguette d'ébène, comme fait le berger en envoyant ses chiens après les moutons récalcitrants ; alors, cédant à cette mesure de répression, les buveurs, les causeurs et les priseurs finissaient par reprendre tant bien que mal un rang quelconque, et la procession faisait quelques pas en avant.
Cependant, comme on le comprend bien, cette procession qui n'avait pas encore de queue avait une tête ; vers les onze heures du matin cette tête arrivait à la cathédrale, entrait par la porte du milieu, et commençait à déposer ses bouquets et ses cierges devant l'autel où était exposé le buste de saint Janvier ; puis, ressortant par les portes latérales, chacun s'en allait à sa besogne : les moines à leurs dîners, les officiers à leurs amours, les corporations à leur sieste, les lazzaroni à de nouveaux cierges.
Et ainsi de suite, au fur et à mesure que les masses se succédaient.
Les masses se succédèrent ainsi jusqu'à six heures du soir ; à six heures du soir, la procession commença à prendre une forme un peu plus régulière.
D'abord nous vîmes paraître, précédée par des bouffées d'harmonie qui, entre toutes les rumeurs populaires, étaient déjà venues jusqu'à nous, la musique des gardes royales, exécutant les airs les plus à la mode de Rossini, de Mercadante et de Donizetti ; ensuite les séminaristes en surplis, et marchant deux à deux dans le plus grand ordre ; puis enfin les soixante- quinze statues d'argent des patrons secondaires de la ville de Naples, lesquels, comme nous l'avons dit, forment la cour de saint Janvier.
A l'approche de ces statues, un autre spectacle nous attendait ; on nous l'avait réservé pour le dernier, sans doute parce qu'il était le plus curieux.
Comme nous l'avons dit, les saints qui composent le cortège de saint Janvier ne sont pas choisis dans l'aristocratie du calendrier, mais, au contraire, parmi les parvenus de la finance : il en résulte qu'il y a sur les élus de la Chaussée-d'Antin napolitaine bien des choses à dire et même des cancans de faits ; et comme le peuple, ainsi que nous l'avons dit, met saint Janvier au- dessus de toute chose, et ne voit rien, ni avant, ni après lui, ces saints subordonnés à leur bienheureux patron, sont, à mesure qu'ils paraissent, exposés aux quolibets les plus piquants et les plus réitérés ; ce qui ne serait pas encore trop grand chose pour les saints ; mais ce qui devient grave pour eux, c'est qu'il n'y a pas une peccadille de la vie publique ou privée de ces malheureux élus qui échappe à la censure des spectateurs. On reproche à saint Paul son idolâtrie, à saint Pierre ses trahisons, à saint Augustin ses fredaines, à sainte Thérèse son extase, à saint François Borgia ses principes, à saint Antoine son usurpation, à saint Gatan son insouciance ; et cela, en des termes, avec des cris, avec des vociférations, avec des gestes qui font le plus grand honneur au bon caractère des saints, et qui prouvent qu'à la tête des vertus qui leur ont ouvert le paradis marchaient la patience et l'humilité.
Chacune de ces statues s'avançait, portée sur les épaules de six fachini et précédée par six prêtres, et chacune d'elles soulevait tout le long de sa route le hourra toujours prolongé et toujours croissant que nous avons dit.
Puis, ainsi apostrophées, les statues arrivent enfin à l'église Sainte-Claire, font humblement la révérence à saint Janvier, qui est exposé sur le côté droit de l'autel, et se retirent.
Après les saints vient l'archevêque, porté dans une riche litière et tenant en main les fioles du sang miraculeux.
L'archevêque dépose ses fioles dans le tabernacle, puis tout est fini pour ce jour-là.
Chacun s'en retourne à ses amours, à ses plaisirs ou à ses affaires ; les cloches seules n'ont point de repos et continuent de sonner avec une allégresse qui ressemble au désespoir.
Ce branle universel et continuel dura toute la nuit.
A sept heures du matin nous nous levâmes ; Naples se précipitait vers l'église Sainte-Claire : il ne s'agissait cette fois, ni de demander les chevaux ni d'appeler sa voiture ; la circulation de tout véhicule était interdite. Nous descendîmes nos deux étages, nous nous arrêtâmes un instant sur la porte, puis nous nous abandonnâmes à la foule et nous laissâmes emporter par le tourbillon.
Le torrent nous mena droit à l'église de Sainte-Claire. Le vaste édifice était encombré ; mais, grâce à l'ambassade française, nous avions eu des billets réservés. A la vue de nos posti distinti, les sentinelles nous firent faire place et nous gagnâmes nos tribunes.
Voici le spectacle que présentait l'église :
Sur le maître-autel étaient : d'un côté, le buste de saint Janvier ; de l'autre, la fiole contenant le sang.
Un chanoine était de garde devant l'autel.
A droite et à gauche de l'autel, étaient deux tribunes ;
La tribune de gauche, chargée de musiciens attendant, leurs instruments à la main, que le miracle se fit pour le célébrer.
La tribune de droite, encombrée de vieilles femmes s'intitulant parentes de saint Janvier, et se chargeant d'activer le miracle si par hasard le miracle se faisait attendre.
Au bas des marches de l'autel s'étendait une grande balustrade où venaient tour à tour s'agenouiller les fidèles ; le chanoine alors prenait la fiole, la leur faisait baiser, leur montrait le sang parfaitement coagulé ; puis les fidèles, satisfaits, se retiraient pour faire place à d'autres, qui venaient baiser la fiole à leur tour, constater de leur côté la coagulation du sang, puis se retiraient encore cédant la place à leurs successeurs, et ainsi de suite.
Les mêmes peuvent revenir trois, quatre, cinq et six fois, tant qu'ils veulent enfin ; seulement ils ne peuvent pas rester deux fois de suite : une fois la fiole baisée, une fois la coagulation du sang constatée, il faut qu'ils se retirent.
Le reste de l'église forme une mer de têtes humaines, au-dessus de laquelle apparaissent comme des îles chargées de femmes, d'hommes, de plumes, de crachats, de rubans, d'épaulettes et d'écharpes ; la tribune des princes, la tribune des ambassadeurs et la tribune dei posti distinti.
Princes, ambassadeurs, posti distinti peuvent descendre de leur échafaudage, aller baiser la fiole, constater la coagulation du sang et revenir à leur place : seulement, pendant ce trajet, ils risquent d'être étouffés comme de simples mortels.
La première chose que nous fîmes fut de nous agenouiller à la balustrade ; le chanoine de garde nous présenta la fiole, que nous baisâmes ; puis il nous fit voir le sang desséché, qui se tenait collé aux parois.
Nous revînmes prendre notre place : Jadin laissa dans le trajet un pan de son habit, moi un mouchoir de poche.
Puis nous attendîmes.
Les foules se succédèrent ainsi depuis le moment de notre entrée, c'est-à- dire depuis trois heures du matin, jusqu'à huit heures de l'après-midi. A trois heures de l'après-midi, des murmures commencèrent à se faire entendre, et quelques malintentionnés répandaient le bruit que le miracle ne se ferait pas.
Vers trois heures et demie, les murmures augmentèrent d'une façon effrayante : cela commençait par une espèce de plainte, et cela montait jusqu'aux rugissements. Les parentes de saint Janvier jetèrent quelques injures au saint qui se faisait ainsi prier.
A quatre heures, il y avait presque émeute : on trépignait, on vociférait, on montrait des poings ; le chanoine de garde on avait renouvelé les chanoines d'heure en heure s'approcha de la balustrade et dit :
- Il y a sans doute des hérétiques dans l'assemblée. Que les hérétiques sortent, ou le miracle ne se fera pas.
A ces mots, une clameur épouvantable s'éleva de toutes les parties de la cathédrale, hurlant :
- Dehors les hérétiques ! à bas les hérétiques ! à mort les hérétiques !
Une douzaine d'Anglais, qui étaient aux tribunes, descendirent alors de leur échafaudage, au milieu des cris, des huées et des vociférations de la foule ; une escouade de fantassins, conduite par un officier, l'épée nue à la main, les enveloppa, afin qu'ils ne fussent pas mis en pièces par le peuple, et les accompagna hors de l'église, où je ne sais pas ce qu'ils devinrent.
Leur expulsion amena un moment de silence, pendant lequel la foule, émue et soulagée, reprit le mouvement qui la reportait vers l'autel pour baiser la fiole, et l'éloignait de l'autel quand la fiole était baisée.
Une heure à peu près s'écoula dans l'attente, et sans que le miracle se fit. Pendant cette heure, la foule fut assez tranquille ; mais c'était le calme qui précède l'orage. Bientôt les rumeurs recommencèrent, les grondements se firent entendre de nouveau, quelques clameurs sauvages et isolées éclatèrent. Enfin, cris tumultueux, vociférations, grondements, rumeurs, se fondirent dans un rugissement universel dont rien ne peut donner une idée.
Le chanoine demanda une seconde fois s'il y avait des hérétiques dans l'assemblée ; mais cette fois personne ne répondit. Si quelque malheureux Anglais, Russe ou Grec, se fût dénoncé en répondant, à cet appel, il eût été certainement mis en morceaux, sans qu'aucune force militaire, sans qu'aucune protection humaine eût pu le sauver.
Alors les parents de saint Janvier se mêlèrent à la partie : c'était quelque chose de hideux que ces vingt ou trente mégères arrachant leur bonnet de rage, menaçant saint Janvier du poing, invectivant leur parent de toute la force de leurs poumons, hurlant les injures les plus grossières, vociférant les menaces les plus terribles, insultant le saint sur son autel, comme une populace ivre eût pu faire d'un parricide sur un échafaud.
Au milieu de ce sabbat infernal, tout à coup le prêtre éleva la fiole en l'air, criant :
- Gloire à saint Janvier, le miracle est fait !
Aussitôt tout changea.
Chacun se jeta la face contre terre. Aux injures, aux vociférations, aux cris, aux clameurs, aux rugissements, succédèrent les gémissements, les plaintes, les pleurs, les sanglots. Toute cette populace, folle de joie, se roulait, se relevait, s'embrassait, criant : – Miracle ! miracle ; et demandait pardon à saint Janvier, en agitant ses mouchoirs trempés de larmes, des excès auxquels elle venait de se porter à son endroit.
Au même instant, les musiciens commencèrent à jouer et les chantres à chanter le Te Deum, tandis qu'un coup de canon tiré au fort Saint-Elme, et dont le bruit vint retentir jusque dans l'église, annonçait à la ville et au monde, urbi et orbi, que le miracle était fait.
En effet, la foule se précipita vers l'autel, nous comme les autres. Ainsi que la première fois, on nous donna la fiole à baiser ; mais, de parfaitement coagulé qu'il était d'abord, le sang était devenu parfaitement liquide.
C'est, comme nous l'avons dit, dans cette liquéfaction que consiste le miracle.
Et il y avait bien véritablement miracle, car c'était toujours la même fiole ; le prêtre ne l'avait touchée que pour la prendre sur l'autel et la faire baiser aux assistants, et ceux qui venaient de la baiser ne l'avaient pas un instant perdue de vue.
Le liquéfaction s'était faite au moment où la fiole était posée sur l'autel, et où le prêtre, à dix pas de la fiole à peu près, apostrophait les parentes de saint Janvier.
Maintenant, que le doute dresse sa tête pour nier, que la science élève sa voix pour contredire ; voilà ce qui est, voilà ce qui se fait, ce qui se fait sans mystère, sans supercherie, sans substitution, ce qui se fait à la vue de tous. La philosophie du dix huitième siècle et la chimie moderne y ont perdu leur latin : Voltaire et Lavoisier ont voulu mordre à cette fiole, et, comme le serpent de la fable, ils y ont usé leurs dents.
Maintenant, est-ce un secret gardé par les chanoines du Trésor et conservé de génération en génération depuis le quatrième siècle jusqu'à nous ?
Cela est possible ; mais alors cette fidélité, on en conviendra, est plus miraculeuse encore que le miracle.
J'aime donc mieux croire tout bonnement au miracle ; et, pour ma part, je déclare que j'y crois.
Le soir, toute la ville était illuminée et l'on dansait dans les rues.
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