Scène 8
SCENE VIII
Saint-Mégrin, Georges.
Saint-Mégrin.
Je suis seul, enfin. Appelant. Georges !... Ah ! te voilà... Mon costume... Bien... Aide-moi !... aide-moi !..
Georges.
Vous allez sortir... Voulez-vous que je fasse venir une chaise à porteurs ?...
Saint-Mégrin.
Non...
Georges.
Le temps est à l'orage.
Saint-Mégrin.
Oui. Allant à la fenêtre, avec un rire convulsif. Il n'y aura bientôt plus une étoile au ciel...
Georges.
Et vous allez sortir à pied ?
Saint-Mégrin.
Oui, à pied...
Georges.
Sans armes ?...
Saint-Mégrin.
J'ai mon épée et mon poignard, cela suffit.. Cependant, donne-moi l'épée de Schomberg ; elle est plus forte. A part. Je vais la voir ; encore un instant et je suis à ses pieds.
Georges.
La voici... Voulez vous que je vous accompagne ?
Saint-Mégrin.
Non. Il faut que je sorte seul.
Georges.
A minuit passé !... que dirait votre mère si elle savait ?...
Saint-Mégrin, à la fenêtre.
Ma mère !... oui, oui, tu as raison... L'orage s'étend... Ma pauvre mère !... je voudrais bien la revoir,... ne fut-ce qu'un instant. Ecoute : tu lui donneras cette chaîne coupant une boucle de ses cheveux avec son poignard, ces cheveux, demain, si tu ne me vois pas, entends-tu ?
Georges.
Et pourquoi, pourquoi ?...
Saint-Mégrin.
Tu ne sais pas, tu ne sais pas... Donne-moi mon manteau...
Georges.
Mon maître,... mon jeune maître,... ne sortez pas, au nom du ciel !... La nuit sera terrible.
Saint-Mégrin.
Oui, peut-être terrible... A part. N'importe, il le faut, elle m'attend ; j'ai tardé beaucoup... Malédiction ! s'il était trop tard...
Georges.
Au nom du ciel, laissez-moi vous suivre.
Saint-Mégrin, avec colère.
Reste, je te l'ordonne.
Georges.
Mon maître !
Saint-Mégrin, lui tendant la main.
Non ! embrasse-moi... Adieu... N'oublie pas ma mère.
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