Scène 4
SCENE IV
Les mêmes, hors Paula.
Sentinelli.
J'attends.
Monaldeschi.
Accordez-moi quelques minutes, comte.
Sentinelli.
La reine veut, monsieur, une réponse prompte.
Lui dirai-je que vous hésitez à venir,
De peur que sa justice ait trop tôt à punir ?
Monaldeschi.
Non ; car je ne crains rien, – rien, comte, – sur mon âme ;
Mais je veux accomplir quelques soins que réclame
Le moment.
Sentinelli.
Eh bien, soit. Marquis, accomplissez
Ces soins ; mais promptement avec eux finissez ;
Car elle attend.
Monaldeschi.
Il faut que j'écrive à ma mère.
Sentinelli.
C'est juste ; – et d'un bon fils.
Monaldeschi.
Quelle douleur amère,
Alors qu'elle saura que, loin d'elle puni,
Son fils sans la revoir est mort.
Sentinelli.
Est-ce fini ?
Monaldeschi.
Non ;... un instant encore, encore une seconde !
Sentinelli.
Voyons, comptes-tu donc écrire à tout un monde ?
Monaldeschi.
J'achève.
Sentinelli.
Es-tu prêt ?
Monaldeschi.
Oui.. Mes gants et mon chapeau...
Sentinelli.
Les voilà.
Monaldeschi.
Je ne puis paraître sans manteau
Aux regards de la reine... Ainsi donc qu'il vous plaise...
Sentinelli.
Ne vois-tu pas le tien jeté sur cette chaise ?
Monaldeschi.
Est-ce bien le mien ?
Sentinelli.
Oui, le voici. – Hâtons-nous.
Monaldeschi, le mettant tantôt sur une épaule et tantôt sur l'autre.
Je sens trembler ma main et fléchir mes genoux.
Sentinelli.
Qui te retient encore ?
Monaldeschi.
Cette agrafe indocile...
Sentinelli, tirant son poignard et allant à lui.
Attends.
Monaldeschi, reculant.
Que voulez-vous ?
Sentinelli.
La rendre plus facile...
Je veux, pour t'épargner quelque nouveau retard,.
Elargir cette agrafe à l'aide du poignard.
Il perce le manteau et l'agrafe.
Monaldeschi, à part, s'essuyant le front avec son mouchoir.
J'ai cru que de ma mort l'heure était avancée !
J'ai froid, et sur mon front une sueur glacée...
Il laisse tomber son mouchoir et met le pied dessus.
Sentinelli.
De retarder encore aurais-tu le dessein ?
Monaldeschi, à part, immobile.
Oh ! quand j'ai vu lever se lever sur mon sein,
Je ne crus plus vivant repasser cette porte.
Sentinelli, s'approchant de lui.
Pour la dernière fois, faudra-t-il qu'on t'emporte ?
Monaldeschi, approchant l'anneau de sa bouche.
Adieu donc à la vie, à l'univers adieu !
Je ne pourrai jamais...
Il court à une colonne dans laquelle il y a une madone.
Protège-moi mon Dieu !
Sentinelli, le saisissant par le bras et appelant.
Allons, messieurs, à moi !
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