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Scène 2

                              SCENE II
Les mêmes, Oxenstiern, trois autres vieillards.

                              Christine.
Viens, Oxenstiern ! – Mon père, oh ! tu le sais sans doute,
Ta fille allait périr, si le ciel sur sa route
N'eut amené secours, ne frappant qu'a moitié ;
Car, la voyant si jeune, il l'a prise en pitié !

                              Oxenstiern.
Oui, ma fille, je sais, et nous venons encore
Te dire par nos voix que la Suède t'implore ;
Car en tes vieux tuteurs elle voit ses soutiens,
Et tombe à nos genoux, comme je tombe aux tiens,

                              Christine.
Mon père, que fais-tu ? Relève toi...

                              Oxenstiern.
                                        Ma fille !
Au nom de tes aïeux, de rois vieille famille,
Au nom du grand Gustave, en notre nom à nous,
Ma fille, auprès de toi fais asseoir un époux ;
Car, s'il nous advenait, ce qu'au Seigneur ne plaise,
Que nous te perdissions, combien en serait aise
Chaque autre nation qui jalouse nos veux !
Et nous, qui sait combien nous serions malheureux !
Mais, si de ton hymen un rejeton illustre
De ton règne après toi continuait le lustre,
Nous aurions, accusant le destin de rigueur,
Des larmes dans les yeux, mais de l'espoir au coeur.
Que si, du trône ainsi renforçant l'équilibre,
Tu consens à nos voeux, nous te laisserons libre
Du choix de ton époux ; – puis nous lui jurerons,
Quel qu'il soit, d'obéir, et nous obéirons.
Tous les yeux se tournent vers Monaldeschi.

                              Christine.
Oui, tu dis vrai, mon père, et la voix de ta bouche
Comme la voix de Dieu me convainc et me touche ;
Oui, tu dis vrai, mon père ; – et, depuis bien longtemps,
Je nourris un projet ; – qu'on le sache ! il est temps !
Mai finit aujourd'hui sa dernière journée,
Que, le seize de juin de la présente année,
Les quatre ordres d'états, à ma voix appelés,
Dans mon palais d'Upsal se trouvent assemblés ;
Là, je m'expliquerai.

                              Oxenstiern.
                    Bien, ma fille.

                              Christine.
                                        Mon père,
Allons supplier Dieu que ce jour soit prospère :
Dans son temple venez prier à deux genoux,
Car Dieu seul est puissant ! – Vous, messieurs, suivez-nous.
Tous les courtisans sortent. Monaldeschi reste le dernier et va vivement
à Paula.

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