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Scène 1

                              ACTE QUATRIEME

                              Sentinelli
Un péristyle ; deux portes, un perron au fond.

                              SCENE PREMIERE
Monaldeschi, sortant du cabinet de la reine ; puis Sentinelli.

                              Monaldeschi.
Tout me sert, et la reine, encore sans défiance,
Prépare pour Cromwell mes lettres de créance.
La France en fugitif devait me voir partir ;
C'est en ambassadeur que je vais en sortir.
Elle achève sa lettre et m'as dit de l'attendre...
Se retournant.
Quelqu'un ! – Sentinelli.

                              Sentinelli.
                    Que viens-je donc d'entendre ?
On dit ici que, près milord protecteur,
Vous daignez accepter le rang d'ambassadeur.

                              Monaldeschi.
Que ce titre soit faible ou grand pour mon mérite,
C'est le mien maintenant.

                              Sentinelli.
                              Je vous en félicite ;
Mais à Fontainebleau hâtez votre retour.

                              Monaldeschi.
Et pourquoi ?

                              Sentinelli.
          Savez-vous quelqu'un, dans cette cour,
Qui, par son dévouement ou par sa complaisance,
Puisse faire à la reine oublier votre absence ?

                              Monaldeschi.
Celui sur qui jadis on me vit l'emporter,
Quand je n'y serai plus, pourra se présenter.

                              Sentinelli.
N'importe, quel que soit ce serviteur fidèle,
Ce n'est que de bien loin qu'il suivra son modèle.
Saura-t-il, comme vous, par un geste élégant,
Ramasser l'éventail ou présenter le gant,
Régler tous les apprêts d'une cérémonie,
Ordonner d'un repas la savante harmonie,
A la reine qui sort amener son coursier,
De sa galante main lui faire un étrier ?
Pour moi, j'y reconnais toute mon impuissance.

                              Monaldeschi.
Oh ! prenez donc de vous meilleure connaissance.
Quand j'obtins ma faveur, je vous vis autrefois,
Pour me la disputer, faire valoir ces droits.

                              Sentinelli.
Oui ; mais, nous jugeant mieux que vous-même, la reine
Vous a fait écuyer et m'a fait capitaine.
Chacun dans son emploi prouve son dévouement,
Le votre se consacre à son amusement :
Il doit se borner là. – Moi, ma tâche m'appelle
A des devoirs qui font moins ressortir mon zèle ;
Et, quand sa voix me pousse à de sanglants débats,
Vous dressez les chevaux sur lesquels je combats.

                              Monaldeschi.
S'il le fallait, monsieur, je prouverais, j'espère,
Que jusqu'à d'autres soins s'étend mon ministère.

                              Sentinelli.
Tant mieux, marquis, tant mieux ! car le jour n'est pas loin
Où de tous ses amis la reine aura besoin.
On pourra distinguer alors dans la carrière
Lequel doit, de nous deux, demeurer en arrière ;
Et l'on saura juger qui, de vous ou de moi,
Craint le plus pour ses jours et garde mieux sa foi.

                              Monaldeschi.
La vôtre aura besoin de ce grand témoignage ;
Car sur elle bientôt quelque léger nuage...

                              Sentinelli.
Expliquez-vous, monsieur.

                              Monaldeschi..
                              La reine, je le crois,
Lorsqu'il en sera temps, s'expliquera pour moi.

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